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Gibdo

Catégorie : Non-vie

Famille : Cadavre animé (Momifié)

Habitat naturel : Cryptes et tombeaux des Λatifa Gerudos

Résistance : Insensible à la douleur et ne peut être éliminé à l'aide d'armes conventionnelles. L'armure (ou les pièces d'armure) portée par l'essentiel des Gibdos les protègent d'ailleurs contre une variété d'assaut. Animée par une magie ancienne, cette créature poursuit le combat inlassablement, même après la perte de membres éventuels ou des assauts normalement mortels.

Faiblesse : Feu, sel, bois d'acacia

Comportement, moeurs & aptitudes : Hautement agressifs, extrêmement territoriaux, inépuisables

Durée de vie : Eternelle

Rareté : Rare ()

Apparitions : Alm'as Alkath — Cité Royale Gerudo (Rare), Désert Gerudo (Rare), Gorges Gerudo (Rare), Repaire du Clan Yiga (Rare)


Nous nous sommes de nouveau aventurés dans une ruine. La femme que nous avons croisée au bazar a apprécié ce que nous lui avions ramené, mais elle a affirmé que cela ne suffirait pas à délier sa langue. J'ai vu l'ours bouillir comme l'eau qu'on oublie sur le feu, mais pourtant il n'a pas bougé. Nous étions cernés. J'imagine que, même dans sa colère, il sait quels combats il vaut mieux éviter.

Si nous souhaitons en apprendre davantage sur le trajet de Mère et sur ce qui lui est arrivé, il nous faut traiter avec la Gerudo. Moi aussi je n'aime pas cette idée. C'est une femme mesquine, mais elle ne nous a pas laissé le choix : on a plus besoin d'elle qu'elle n'a besoin de nous.

En arpentant le désert, nous avons fait attention à marcher ainsi que les Gerudos nous l'ont montré. Toute démarche rythmée aurait pu attirer un Moldarquor, ont-elles déclaré. Elles nous ont aussi dit quels chemins éviter — les endroits où le sable résonne.

Cette fois, l'entrée de la tombe était cachée sous le sable. J'ai monté le bivouac pendant que Hjä commençait à creuser. Puis, je l'ai rejoint. Nous avons mis un peu plus de deux jours à dégager assez de sable pour pouvoir pénétrer la vieille pyramide. Il paraît que c'est là qu'a été enfouie une ancienne sage Gerudo. Je n'ai pas retenu son nom, mais les femmes du désert en parlaient avec grande révérence. Elles nous ont aussi dit de faire attention aux oubliés. Je ne sais pas bien ce qu'elles voulaient dire.

L'intérieur du tombeau était sombre et poussiéreux. L'air y était tellement sec que j'avais du mal à respirer. Je me souviens encore des gravures sur les murs : elles représentaient une femme à tête de chien, le cou chargé de colliers et les hanches cachées par un pagne. Elle avait aussi un étrange bâton horizontal, sur lequel elle gardait une plume. Des gens s'agenouillaient devant elle. L'Ancien n'y a pas vraiment prêté attention et s'est avancé dans le caveau. Puisque c'est lui qui tenait la torche, je l'ai suivi. Il m'avait donné un couteau pour l'occasion, en me disant que c'était la lame de Mère. Je l'ai encore : c'est un coutelas d'ivoire, aussi froid que la glace. Elle s'est effectivement montrée plus utile que mon arc.

Je ne saurais dire ce que nous cherchions. Le vieil ours a parlé d'un pavois réfléchissant, mais je ne vois pas bien comme un objet pourrait être doué de pensée... Ni ce qu'est un pavois. Ce que je sais, c'est que nous ne l'avons pas trouvé. 

Un râle sourd m'a glacé le sang. On aurait dit qu'une pierre hurlait de douleur ? Je ne saurais pas le décrire mais j'étais trop terrifié pour réagir. L'Ours, lui, a bondi sur sa hache.
J'ai toujours du mal à croire ce que je suis en train d'écrire. De l'obscurité ont émergé plusieurs silhouettes, immenses. Je crois qu'elles étaient plus grandes encore que les Gerudos que nous avons croisés. C'est l'ancien qui les a vu le premier. Je me souviens encore sa poigne, refermée sur mon épaule pour ne pas que j'approche davantage davantage. "Petit", a soufflé le vieil homme. Puis, j'ai vu les billes de sang. Une trentaine d'yeux, rouges comme le feu, avançaient vers nous. 

Un grincement de fer n'a pas tardé à envahir la pièce dans laquelle nous nous trouvions. Je crois maintenant que c'était le bruit de leurs armes, celles qu'ils traînaient par terre. La lueur de la torche a fini par révéler leur vrai visage : il était gris et émacié, comme s'il ne leur restait qu'une peau trop tendue sur les os. Pour certains, ils avaient la gueule trouée, ou couverte d'un vieux casque, dont le métal avait fini par devenir vert. La plupart portaient de lourdes haches à deux trous ou d'étranges épées à lames courbes. Leurs corps fatigués étaient couverts de bandelettes de tissu noirci par le temps, parfois engoncées sous de vieilles pièces d'armure déparée.

Le combat fut brutal et long. Nous avons dû battre en retraite.

"Pars", avait soufflé l'ami de Mère, avant de chercher à m'éloigner. Je suis resté quand sa hache s'est montrée inefficace contre ces monstres. C'est en voyant la tête de l'un rouler au sol et son corps continuer à se battre que j'ai réalisé qu'ils étaient déjà morts. L'acier du vieil homme a tranché plusieurs fois, séparant les bras des épaules et les jambes des troncs sans jamais arrêter ces créatures impies. Elles ont hurlé, souvent, mais jamais de douleur. Aujourd'hui encore, j'ai l'impression d'entendre leurs cris me vriller les tympans. 

Chacune de ces créatures était aussi forte que l'Ours. Rien n'a semblé les faire sourciller ou les arrêter. Rien, sinon le feu de la torche. C'est quand les monstres l'ont désarmé qu'il a dû l'utiliser pour frapper. Le tissu ceinturant l'une des momies s'est enflammé et le cadavre en dessous a pris feu à son tour. Les autres n'ont pas réagi, continuant à garder le tombeau férocement ; alors que le bronze de leur hache fendait jusqu'aux colonnes de pierre qui soutenaient le plafond. Tout chemin de recul bientôt bloqué, il nous a fallu avancer.

Aidé de la graisse animale qu'il conserve dans ses sacoches, Hjä a su dresser un mur de flammes entre les momies et nous, tandis que j'essayais de lever la porte de pierre qui scellait la pièce. C'est devenu plus simple quand il a commencé à m'épauler. C'est là que j'ai vu qu'il saignait beaucoup, au niveau du flanc. Il m'a dit que ce n'était rien mais nous avons tout de même décidé de camper le temps d'inspecter sa blessure. J'ai récupéré l'une des bourrées que nous avions emmené et allumé un feu pendant qu'il allait se reposer.

Nous entendons encore le bruit des ongles grattant la roche de l'autre côté du mur.

Détails supplémentaires

Les Gibdos, qui ne semblent pas si différents des Revenantes, sont des cadavres momifiés et ramenés à la vie à l'aide d'une magie ancienne — désormais oubliée. Ils sont toujours les gardiens d'un sépulcre antique, où repose une figure importante du Clan, comme une doyenne ou une Λatifa pour qui les femmes du désert ont décidé d'ériger un imposant tombeau.

A bien des égards, les Gibdos présentent les mêmes caractéristiques que les Revenantes. Ce sont peu ou prou les mêmes sortilèges qui ramènent à la vie feu leur dépouille et ils affichent donc sensiblement les mêmes résistances. Souvent, cependant, ils sont plus lourdement armés, plus endurants et moins mobiles. Peut-être est-ce là le fait des épaisseurs de tissu et les lourdes plaques d'armures dans lesquelles ils sont encore engoncés. D'une façon générale, ils présentent aussi les mêmes faiblesses au sel, au bois d'acacia ou aux flammes : on parle après tout de corps desséchés.

Dans un cas comme dans l'autre, la destruction de l'enveloppe charnelle ne signifie pas nécessairement la levée de la malédiction qui fait de ces monstres ce qu'ils sont aujourd'hui.

A la différence des Revenantes et des Hache-Viande, pour qui la veille dans la mort du Tombeau de l'Λatifa était considéré comme l'ultime honneur, les rangs de Gibdos sont uniquement composés de cadavres masculins. Dès lors, la pratique n'a plus rien d'un hommage : c'est une punition. Le nom des sacrifiées, devenues pour l'éternité Gardiennes de la résidence mortuaire de leur Cheffe de Clan, est sanctifié. Elles étaient érigées en modèles de bravoure et de dévotion ; leurs prouesses à jamais chantées et retenues.

"Gibdo", en ancien Gerudo, signifie "sans-nom", "oublié".

L'humanité de ces hommes, la plupart du temps issus de tribus ennemies ou s'étant rendus coupables de crimes indicibles contre le Clan, est effacée dès la mise à mort et la seule mention de l'ancien nom souvent durement punie. Au final, ne reste d'eux qu'une fonction : la servitude, dans l'éternité.

[L'image sélectionnée pour les Gibdos, issue de The Legend of Zelda : Twilight Princess, n'est pas représentative de l'équipement dont disposent ces monstres. Il faut imaginer des armes et des armures culturellement cohérentes avec l'histoire Gerudo telle que dépeinte sur ce forum ; c'est-à-dire bien davantage inspirée de civilisations originaires du Moyen-Orient ou d'Afrique.]