Hyrule's Journey

Nous avons rencontré une étrange créature, alors que nous nous enfoncions dans les ruines. Face à la chaleur du désert, le Vieil Homme a jugé intelligent de trouver refuge à l’ombre d’un ancien caveau. Je crois qu’il n’a toujours pas compris à quel point ces endroits peuvent se montrer dangereux…

Cette fois-ci, heureusement, nous n’avons pas fait face à l’une de ces armures géantes où un cadavre réanimé. J’ai d’abord cru qu’il s’agissait de gargouilles ou de statues comme on en trouve parfois au-dessus de certains temples Hyliens, mais ces gardiens-là ne bougent généralement pas. Ils ne volent pas non plus.

Les gardiens qui nous ont encerclés ressemblaient à des bustes taillés dans la pierre et enroulés dans des bandes de tissu. En vérité, c’est surtout leur tête qui a attiré mon regard, avant qu’ils ne se décrochent du mur auxquels ils étaient fixés : elle ressemblait beaucoup à ces espèces de renards du désert que l’Ancien appelle des chacals. Je dois dire que je les trouvais plus mignons avant qu’ils ne se mettent à cracher du feu…

Après s’être arrachés au mur, les gardiens de pierre et de soie ont commencé à flotter en cercle autour de nous, mais ils ne nous ont pas attaqué. L’ami de Mère n’a pas vraiment bougé tout de suite : il m’a ramené dans son dos de sa main libre et brandissait son bouclier rond devant nous pour nous protéger de l’assaut que nous attendions tous les deux. Je l’ai senti paniqué et, du coup, j’ai paniqué aussi. J’ai attrapé mon arc et mon couteau… et j’ai tiré comme un idiot.

La tête de ma flèche s’est enfoncée dans le linge qui recouvrait la bête. Avant que je ne comprenne ce qu’il se passe, la targe du vieil ours est passée devant moi et la lumière des flammes a envahi la pièce. Puis, les gardiens ont commencé à bouger, comme pour imiter Hjä. Ils se sont décalés ainsi qu’il l’avait fait mais pas plus. Le vieil homme a abandonné son bouclier de peau, qui commençait à brûler, avant de reculer d’un pas. La horde de chacals a fait de même. J’ai vu sa main se diriger vers la hampe de sa hache, mais il n’a pas tiré son arme. Il a préféré me pousser doucement en arrière en continuant à reculer.

En chemin, il m’a commandé de mettre le feu à ma torche.

Il avait vu juste : le linge qui entoure ces étranges golems flottant brûle vite. Selon lui, l’argile (ou la terre cuite, je ne sais plus) qu’on retrouve sous le tissu ne résiste pas non plus au feu. C’est à n’y rien comprendre ! Comment une créature qui crache du feu peut-elle être aussi sensible au feu, elle aussi ? Les vieilles Gerudos qui ont construit de tels gardiens devaient être bien bêtes.

Cela dit… Je dois bien reconnaître que ces monstres sont assez effrayants. Dans le noir, il est difficile de les voir et une fois qu’ils se sont décrochés du mur, ils ne font plus de bruit du tout. Je n’ai jamais vu, ou entendu, de créature aussi discrète. Sans la lumière du bouclier en feu ou de la torche, nous n’aurions pas pu nous enfuir après avoir ouvert une brèche dans leur mur improvisé. Et puis… leur façon de se déplacer est très étrange. Cela me fait penser à ce qu’il se passe quand je regarde l’eau d’une rivière. Le couchant devient le levant et le levant le couchant mais le devant et le derrière restent les mêmes… Si tant est que tout cela veuille encore dire quelque chose.