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Hache-Viande

Catégorie : Créatures Maudites

Famille : Armure animée

Habitat naturel : Tombes Gerudos

Résistance : Armes d'hast, d'estoc ou de tranche, armes de jet, armes élémentaires, poisons

Faiblesse : Marteaux d'arme et armes contondantes pensées pour lutter contre les armures de plaques

Comportement, moeurs & aptitudes : Hautement agressif, Territorial

Durée de vie : Eternelle

Rareté : Très rare ()

Apparitions : Alm'as Alkath — Cité Royale Gerudo (Unique), Désert Gerudo (Rare), Gorges Gerudo (Très rare), Repaire du Clan Yiga (Unique)


Il était immense. L'Ours est grand, et pourtant celui-là le toisait d'au moins une tête et demie. Je ne sais pas si c'est l'armure qui lui donnait cet air si massif où s'il était vraiment aussi imposant mais au fond ça n'a pas d'importance : il était colossal. Sa hache aussi. Bien plus que celle de l'ancien. Le monstre ne l'utilisait parfois qu'avec une seule main. J'ai mis du temps avant de comprendre de quoi il s'agissait. Mère ne m'avait jamais parlé de ces esprits.

Nous avons mûrement arpenté les couloirs du tombeau et, tout du long, je sentais son regard sur ma nuque. A chacun de nos pas, j'avais le sentiment que l'une des armures allait soudainement prendre vie et nous barrer la route. Je n'ai pas osé lui en parler : depuis l'assaut du Moldarquor (c'est comme ça que les Gerudos appellent l'animal géant qui vit sous le sable, je crois), il est de très mauvaise humeur. Je sais qu'il a mal, mais il ne m'a pas laissé l'approcher.

J'aurais dû insister.

Je ne comprends pas bien pourquoi Hjä nous a traîné par ici. Je crois qu'il cherche des informations à propos de Mère, qu'il est en quête de l'endroit où elle a pu partir. Il a dit qu'elle avait des amies parmi les femmes du Désert et c'est l'une d'elle qui nous a demandé de lui rapporter un trésor caché dans le mausolée. En échange, elle a promis de nous dire ce qu'elle savait. Cela me semble idiot ! Je sais, pour ma part, que Mère n'aimait pas les cavernes et moins encore le sable. Je ne vois pas ce qu'elle aurait pu faire, aussi loin des forêts. Nous perdons notre temps.

Nous avons failli perdre bien plus. Je ne sais toujours pas comment nous avons fait pour en sortir vivants.

Dans un cliquetis d'acier, alors que le vieil homme mettait le feu à un brasero à l'aide de sa torche, le mastodonte s'est animé. Il s'est arraché à son trône de pierre à grand-bruit tandis que Belle-Humeur et moi retenions notre souffle. L'armure était couverte de rouille autant que de toiles d'araignées. Son arme était coincée dans la roche, mais cela n'a fait que la ralentir une seconde. Bientôt, après avoir fait volé le minerai en éclat, ses pas firent trembler ciel et terre.

« Cache-toi », a soufflé l'Ancien en tirant sa propre hache et en abandonnant sa torche. Je l'ai vu chercher après un bouclier comme ceux que nous avions croisés par dizaines depuis que nous étions entrés.

Le géant de fer ne m'a pas laissé le temps de fuir, mais il aurait de toute façon été inutile de bander mon arc. Face à une armure pareille, mes flèches n'auraient fait que ricocher. J’avais peur, je le reconnais (mais je ne le dirais jamais au Vieil homme), mais j’ai tout de même récupéré le canif que Mère m’avait offert. Je ne sais pas bien ce qui m’a pris mais j’ai commencé à hurler et je me suis jeté sur la bête alors qu’elle armait son premier assaut.

J’en ai assez de fuir. Je ne veux plus être poids.

Avant que je ne puisse toucher le Titan, je me suis étalé de tout mon long. Je n'avais pas trébuché : le vieillard m'avait bousculé. Il m'a envoyé un sol d'un violent coup d'épaule, avant de s'interposer entre le mastodonte et moi. Je comprends désormais pourquoi il a fait ça, mais sur le moment je l'ai détesté plus que jamais auparavant. Du moins... Après avoir compris.

Des deux mains et du pavois, il a tenté de brusquer le monstre de plaques. Sans parvenir à le faire bouger d'un pouce. Je l'ai entendu jurer.

« Viens », a-t-il seulement soufflé, entre ses dents, avant d'essayer de m'attraper par le bras. L'ogre d'acier l'en a rudement empêché. Il l'a saisi par le poignet avant de lui envoyer son casque en plein crâne. L'ours a chancelé, titubé, en reculant tant bien que mal. Il avait le visage couvert de sang, comme si on lui avait ouvert la tête. Le monstre de fer rouge a armé son poing, levant haut sa hache. J'étais comme paralysé et je n'ai pas bougé.

Heureusement, Hjä a réagi à temps : fauve, il s'est baissé juste avant que le fil de la lame ne le raccourcisse. Au lieu de quoi, il s'est enfoncé d'au moins quatre pouces dans la pierre d'une des colonnes soutenant la voûte. L'Ancien, se tenant encore la tête, frappa alors à son tour. Son arme grinça contre le plastron enchanté, crissant méchamment, le repoussant en arrière. « Cours, Sig ! », ordonna-t-il d'une voix rendue rauque par le fer. Du menton, il désigna l'unique sortie.

J'ai fini par m'y engouffrer.

Mes poumons me brûlaient plus que de raison, mais je pense que c'était dû à la poussière. Je ne pouvais pas m'arrêter : il était sur mes talons. Le bruit de ses ergots engoncés dans l'acier résonnait avec force entre les gorges de pierre. Le vacarme de sa hache aussi. Je l'entendais racler contre le mur à mesure qu'il ne me suivait, griffant la roche dans un sifflement strident. Devant moi, l'ombre avalait l'intégralité du couloir qui se faisait sans cesse plus étroit. Les filins d'argents qui en habillaient les parois ont suffit à me renvoyer au plus profond de la caverne aux araignées. Le souffle court et le canif toujours enfoncé au creux des doigts, j'ai forcé l'allure.

Puis, je l'ai entendu buter. La coursive s'est sans doute faite trop petite pour lui, je n'en sais rien : je n'avais pas de torche pour voir ou j'allais. Un grognement métallique s'est élevé de l'intérieur de la cloison et la bête, je crois, a commencé à frapper le calcaire ocre. Une sueur froide coulait le long de ma nuque.

J'ai fini par émerger dans une pièce peut-être plus sombre encore que le corridor duquel je sortais. Quand une main s'est posée sur mon épaule, j'ai hurlé avec toute l'énergie du désespoir. J'ai senti les larmes me rougir les yeux, jusqu'à ce qu'un doigt ne se posent sur mes lèvres. «  Shhhh », a fait l'Ours. « Pas un bruit. »

Une série d'explosions vinrent couvrir le râle du Golem de Fer, tandis qu'un pan de la voûte s'effondrait en un violent éboulis.

Détails supplémentaires

Armures enchantés abritant l'esprit d'une guerrière Gerudo décorée, les Haches-Viandes constituent les ultimes gardiens des tombeaux Gerudos les plus anciens. Détruire la carapace de fer - de bronze ou d'acier, c'est selon - ne suffit généralement pas à les tuer, mais il n'y a pas besoin de plus pour les stopper au moins un temps. Pour briser la malédiction qui les lie à l'alliage, il faut conduire un rituel dont le savoir exact s'est peu à peu perdu. Quand la prison de métal d'un Hache-Viande est brisée, l'esprit finit généralement, à force de frustration et de souffrance, par hanter les lieux qu'il était supposé protéger. Ils n'en deviennent que plus dangereux.