Hyrule's Journey

Le soir passé, pendant le dîner et après avoir monté le camp, j’ai vu un Dragon. Il était exactement comme Mère l’avait décrit : immense mais aussi très beau. Quand elle en parlait, j’ai souvent cru que de telles créatures feraient peur… Après tout, elle disait aussi qu’il s’agissait de grands seigneurs, qui règnent sur des domaines dont nous avons oublié les noms. Pourtant, je n’étais pas effrayé. Juste incroyablement excité.

J’ai alerté l’Ours, qui ne quittait pas le feu des yeux. Il a d’abord attrapé sa hache, ce gros mufle, avant de regarder ce que je lui montrais. Cet idiot n’a rien vu ! Il doit se faire vieux et aveugle, car le Dragon était si massif que sa silhouette a même coupé la lune en deux. En plus, certaines de ses écailles brillaient d’un éclat doré vraiment impressionnant. Il m’a dit d’arrêter de faire des histoires et de manger avant que ce ne soit froid. Pour qui il se prend ?!

Bref, ce n’est pas ça le plus important.

Le Dragon, que Mère décrivait aussi comme un “esprit ancestral, révéré par les peuples de jadis”, ne nous a visiblement pas remarqué. Il volait sereinement dans la nuit, à des lieues de notre bivouac, au-dessus des Hauts-Plateaux de Gerudo. J’ignore ce qu’il faisait là-bas, d’autant plus que le Vieil Homme a récemment appris qu’il s’agissait d’endroits couverts de neige, une sorte de sable blanc très froid. Les femmes du désert elle-même n’y vont jamais, affirmait celle avec qui il discutait alors.

Je me demande bien sur quoi le Dragon doré règne, s’il n’y a personne là où il vole. A quoi bon être le roi s’il n’y a personne à commander ?

Même quand l’Ancien m’a intimé d’aller me coucher, je suis resté à le contempler. Je crois que je n’avais jamais vu quelque chose d’aussi grand, ni d’aussi incroyable. Je m’en souviendrais toute ma vie, je pense. Je ne sais pas pourquoi, mais en le regardant, j’ai eu l’impression de me sentir plus léger, comme si je n’avais plus rien à craindre tant qu’il était là. Je ne pense pas qu’il m’aurait protégé comme peut le faire l’Ours, mais il avait quelque chose d’apaisant.

Au fond de moi, j’ai envie de croire que c’était un signe. Un signe que nous retrouverons Mère bientôt. Elle me manque beaucoup.