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Les Revenantes

Catégorie : Non-vie

Famille : Cadavre animé (Momifié)

Habitat naturel : Cryptes et tombeaux des Λatifa Gerudos

Résistance : Ne peuvent être éliminées à l'aide d'armes conventionnelles : même démembrer, la Revenante demeure animée par sa mission de gardienne. Cependant, ce n'est pas parce qu'il n'est plus possible de la tuer que l'on ne peut l'incapaciter.

Faiblesse : Feu, sel, bois d'acacia

Comportement, moeurs & aptitudes : Hautement agressives, extrêmement territoriales, inépuisables

Durée de vie : Eternelle

Rareté : Rare ()

Apparitions : Alm'as Alkath — Cité Royale Gerudo (Rare), Désert Gerudo (Rare), Gorges Gerudo (Très rare), Repaire du Clan Yiga (Rare)


La salle était sombre, comme si d'étranges ténèbres en avaient mangé toute la lumière. Au fond, à au moins quarante pieds de nous, crépitait un vieux brasero. Ses flammes lançaient sur les murs un éclat fragile, presque délavé, mais qui accrochait tout de même certains des reliefs sculptés dans la pierre. Visiblement, il avait aussi su attirer le regard de l'Ancien.

Le feu était trop distant pour nous éclairer, mais je me souviens l'avoir trouvé aveuglant. Nous venions d'échapper au Colosse de bronze, et un silence froid s'était effondré sur le tombeau. Je ne saurais dire si c'est parce que l'adrénaline avait eu le temps de redescendre, mais j'ai vite senti le poids de la fatigue sur mes épaules. Je sais maintenant que je n'étais pas le seul : l'Ours a profité de cet instant de répit pour s'asseoir. Il s'est défait de sa hache, a laissé tomber son bouclier et s'est ensuite installé.

« Repose-toi », m'a-t-il seulement ordonné, cherchant après l'une des outres qu'il stockait dans sa sacoche.

Malgré l'obscurité, j'aurais pu dire combien la pièce était grande. Une large et profonde tranchée nous séparait de l'autre extrémité, où brûlait le braisier. « Qui a allumé ce feu, d'après toi ? », l'ai-je alors questionné. Il ne m'a jamais répondu. Sans doute ignorait-il lui aussi la réponse, mais en attendant d'en savoir plus, je me suis approché des parois qui cloisonnaient la pièce. Elles étaient habillées d'anciens symboles Gerudo que je n'aurais su lire, mais que l'on sentait bien sous la pulpe des doigts. « Ne touche à rien », a-t-il lancé de sa grosse voix bourrue. Il ne l'a sans doute pas vu, mais je tirais la moue.

Puis, le vieil homme s’est encore engoncé dans son mutisme. Sans un bruit, le caveau s’est à nouveau drapé d’un manteau de secrets. J’aurais aimé, moi aussi, m’enfermer sous de lourdes fourrures. Il faisait si froid… Je grelottais presque en le rejoignant, quoiqu’à contre cœur.

« J’ai froid », ai-je alors murmuré. Je ne savais pas pourquoi, mais j’avais peur de parler trop fort. Je craignais que quelqu’un — que quelque chose ne nous entende. « Je sais », a ensuite répondu Hjä. Lui non plus ne poussait pas la voix. Les quelques gravats qui dévalèrent le mur suffirent presque à couvrir ses mots.

Je n’avais pas vu, mais le Vieillard avait commencé à préparer le feu. Il avait disposé un peu de notre bois de fagot et l’avait encerclé de pierres trouvées çà et là. Frappant un silex de sa hache, il fit jaillir quelques étincelles. Bientôt, de goulues langues de feu léchaient les brindilles. Elles jetaient sur le Grand-Père une lueur fauve, alors qu’il s’échinait à enfiler quelques racines sur des broches. Après quoi, il m’en a tendue une, sans piper mot. Mère était plus bavarde…

C’est à ce moment-là que la roche a commencé à hurler.

Il s’est relevé comme l’un de ces diables montés sur un ressort. L’acier de sa hache brillait doucement à la lumière des flammes. D’un geste de la main, il m’a invité à attraper mon arc. J’ai encoché une flèche alors que mon regard se noyait dans l’ombre. Je ne voyais rien. Je n’entendais rien. Mais je sentais clairement la sueur qui poissait mes tempes, collait à mes doigts.

La pierre des façades porta un nouveau cri.

J’ai voulu demander à l’Ancien s’il voyait quelque chose mais je n’ai pas réussi à l’interroger. Ma langue était plus pâteuse qu’un fruit trop mûr. J’ai senti sa paume sur mon épaule, tandis qu’il me ramenait près de lui. Je me suis laissé faire en silence.

Un troisième cri ricocha contre le calcaire ocre. Il semblait plus proche.

La première d’entre elles est tombée juste devant notre feu. Elle avait le regard vide et la peau si grise, qu’on aurait pu croire qu’elle était morte. Un long pagne rouge masquait ses jambes desséchées tandis qu’un autre morceau de tissu, décoré de plusieurs bijoux, habillait son torse maigre. Son visage était marqué de tatouages étranges et encadré par deux grosses boucles en or, qui pendaient de ses oreilles rondes. Un instant, ses mâchoires se sont disloquées. Et puis, elle a poussé un râle aussi sifflant qu’éraillé.

L’Ours n’a pas eu le temps de me dire quand tirer : mon trait est parti sans même que je n’y réfléchisse. La flèche s’est fichée dans l'œil de la Gerudo, dont la tête est partie à la renverse sous l’impact. Un temps, j’ai cru l’avoir tuée. Avant qu’elle ne recommence à me fixer, avec ses yeux mauvais. J’ai senti mon cœur s’arrêter et mes genoux me lâcher. J’ai voulu courir mais son regard malsain a suffi à m’immobiliser.

Trois autres de ces créatures se sont laissées tomber du plafond et nous ont encerclés. La lame du vieil homme s’est enfoncée dans la chair fanée de l’une des momies, en arrachant la moitié d’un bras et la tête. Cela ne l’a pas arrêtée. Bientôt, elle et une autre se jetèrent sur Hjä. J’ai vu leurs ongles, long comme des griffes, déchirer son tartan et mordre sa peau. Elles hurlaient de nouveau alors qu’ils tombaient à la renverse.

Et puis la première s’est élancée à son tour. La flèche qui avait percé son œil dépassait des deux côtés de son crâne comme s’il ne s’agissait que d’un vulgaire bijoux.

Sans trop savoir pourquoi, je me suis jeté au sol dans l’espoir de lui échapper. C’était une erreur : son souffle fétide est venu peser sur ma nuque, alors qu’elle criait encore. Elle est tombée sur mon poitrail de tout son poids et m’aurait sans doute coupé la respiration sur le coup, si je n’avais pas porté la cuirasse que l’Ours m’avait choisie. Je crois qu’il m’a encore sauvé la vie.

J’ai perdu mon arc pendant la chute et j’étais déjà terrorisé (ce que Belle-Humeur ne doit surtout pas apprendre !!) avant même de tomber. Pourtant, mû par une sorte de réflexe sans doute salutaire, j’ai tiré une autre flèche de mon carquois et je l’ai plantée dans la gueule grande ouverte de la Gerudo. L’espace d’une seconde, son étreinte s’est desserrée l’espace d’un instant… Plus de temps qu’il ne m’en fallait pour filer.

J’aurais pu m’enfuir. Au lieu de quoi j’ai tiré des flammes un tison plus large que les autres et je me suis jeté sur les monstres qui essayaient de dévorer l’Ours. De toute mes forces, j’ai abattu le bois sur la tête de celle qui en avait encore une.
Je ne m’attendais pas à l’odeur qui a envahi la pièce.

Rapidement, la salle toute entière a commencé à empester autant qu’un cadavre brûlé. La Gerudo avait pris feu. Sur son cou, l’or et le rubis brillaient d’un rouge-orange éblouissant.

Détails supplémentaires

A l'instar des Hache-Viande, qui habitent certains des tombeaux les plus prestigieux de l'histoire des tribus Gerudo, les Revenantes sont elles aussi les gardiennes d'un ancien sépulcre, où repose aujourd'hui une Λatifa légendaire. Elles composaient jadis sa garde rapprochée la plus fidèle et la plus puissantes. Certaines de ses plus proches sœurs d'armes accompagnaient aussi la cheffe de guerre dans la mort.

Au décès d'une Λatifa, ces femmes d'exception étaient invités à consommer ensembles un puissant somnifère. Celles qui refusaient étaient alors abandonnées au désert, déshonorées, oubliées et laissées pour mortes.

Pendant leur sommeil, les guerrières étaient alors laissées aux mains de la Sage de la Tribu, chargée de les momifier - mais généralement de ne pas procéder à l'embaumement de leurs corps. Chacune d'entre elles était donc tuées au cours du processus, puis placée dans le tombeau dont elles auraient ensuite la garde. C'est là que l'antique magie des Gerudos étaient utilisé pour réanimer leurs carcasses vides.

Parce qu'elles sont déjà mortes, il n'est pas possible de tuer ces Gerudos. Il est cependant possible de les libérer de leur triste sort, à condition de savoir comment rompre le maléfice. Or, ce savoir s'est depuis longtemps perdu... et il s'avère que détruire leur enveloppe charnel ne suffit pas à mettre un terme à leur éternel supplice.

Combattantes hors-paire et infatigables, Les Revenantes se battent désormais sans arme : le sortilège des Sages Gerudos leur confère des ongles longs et meurtriers, qui ne sont pas sans rappeler les griffes de certains animaux les plus nobles du désert. Si elles ne gardent à priori de souvenir de la vie vécu il y a plusieurs millénaires de cela, elles restent mues par la mission qui leur a alors été confiée. Cela signifie que tant que leur corps le permet, elles continueront inlassablement à pourchasser et à tuer les intrus qui pénètrent les vieilles pyramides Gerudos. Quand bien même il faudrait ramper.

En outre, Les Revenantes n'apparaissent jamais seules : elles fondent toujours en groupe sur le malheureux pillard qui a jeté son dévolu sur la crypte qu'il leur faut garder...