Hyrule's Journey

D'Est en Ouest, elles s'étendent presque à perte de vue. Les Plaines de Necluda, qui séparent aujourd'hui le cœur du vieux-continent de son flanc oriental sont à l'image du Royaume. Façonnées par des siècles et des siècles de vie humaine, soufflée comme un château de cartes après l'assaut du Fléau. Là où l'ancienne Hyrule a reculé, l'existence suit cependant son cours et la sève reprend ses droits. Les ruines, qui charbonnent çà et là le paysage, sont aujourd'hui recouvertes de lierres et de mousse. Partout où cela été possible les prairies et les pâturages ont remplacé les champs. L'essentiel des ponts qui courraient au dessus des rivières se sont écroulés sous le poids du temps. Quelques uns ont ensuite été reconstruits, à l'aide de bois et de chanvre. Parfois même de clous.

Les collines et les vallées abritent encore quelques campements, fussent-ils d'anciennes bases militaires ou les vestiges d'un village carbonisé par les sanglots azur des Gardiens. Des cendres et des débris sont nés des mythes, certes, mais aussi une forme de vie nouvelle. Entre deux masures brûlées, il arrive de croiser la route d'un chevreuil ou d'un chien. Comme la plupart des vagabondes et des aventuriers, ils sont eux aussi en quête de nourritures, voire d'un peu de sérénité.

Toutes les rencontres sont loin d'être aussi fortuites que ne peut s'avérer l'être la découverte d'un gibier. Parce que les vallons de Necluda comptent parmi les plus sûrs du nouveau-monde – ce qui ne signifie pas grand chose, en vérité –, c'est là qu'il y a le plus de chances de croiser d'autres humains. Pour le meilleur, parfois, mais aussi souvent pour le pire. Force est de constater que l'homme n'a pas besoin de Cerbère Mécanique pour laisser derrière lui un sentier de sang et de mort. Les routes de Necluda ne cachent pas d'Araignée de Fer. Mais elles dissimulent coupes-gorges et suspicions.

D'autres profitent du brouillard qui roule parfois sur les plaines pour s'attaquer à leur proie. C'est le cas des tribus Boko qui peuplent les vieilles steppes de l'Est. Bon chasseurs et adroits guerriers, ils se disputent souvent le contrôle d'antiques reliquats d'un monde au lourd parfum de fer et de braise. Les plus puissants d'entre eux voyagent parfois à cheval, chassant les leurs autant que les pauvres hères arpentant inlassablement la région.

Plus loin, des lieues et des lieues derrière l'avant-poste bâti par les gens d'Impa, s'imposent les larges montagnes de Lanelle. La route, dit-on, est aujourd'hui gardée par un large Hinox au cuir sombre. Il porte en collier les armes des aventuriers qu'il a dévoré et a construit des grèves de leurs os. D'après les Sheikah qui ont trouvé refuge au pieds des Dents-de-Pierre, il se serait un jour assis sur le viaduc et n'en aurait bougé que pour s'abreuver.

Dans son dos se cachent l'ancien chemin de pèlerinage, jadis emprunté par des figures d'un autre temps. Conservé dans sa quasi totalité malgré les coups de boutoir du Seigneur Sanglier, il constitue aujourd'hui encore l'une des merveilles inconnues de l'antique Empire Hylien. Rares sont celles et ceux qui ont pu voir ce que camoufle cette longue allée de pierre, surplombant la cascade.

Au nord, par-delà les montagnes, résident les Zoras. Cachés par les tourbières de Lanelle et protégés par l'antique Poisson-Rêve, ils ont fermé les portes de leurs domaines quelques jours seulement après la mort de leur futur Reine-Mère, la Prodige Mipha. Ne peuvent entrer que celles et ceux que le beau-peuple tolère.