Gorges Gerudo

Soudain, elles émergent du sol aride qui longe le fleuve de l'au-delà. Séparés du reste du monde par le torrent gelé qui trouve sa source sur le Plateau du Prélude, les larges piliers de calcaire ocre se dressent face au monde, gorgés d'une arrogance altière et d'une superbe toute Gerudo. Sculptées par le soleil, la poussière et le vent, les Gorges s'enfoncent lentement mais sûrement vers le désert. A l'ombre des grands murs de pierre, certains trouvent parfois un peu de répit dont ils ne pourront plus bénéficier une fois qu'ils auront atteint la mer fauve.

Profonde et longue, la galerie à ciel ouvert s'étale sur un peu plus de sept lieues. Compte tenu de la chaleur, mais aussi du relief, certains marcheurs parmi les plus chevronnés mettent parfois près de dix jours à la traverser. Celles et ceux qui transportent avec eux du matériel lourd y passent plus de temps encore. Les autres, qui ont la chance de posséder un cheval, peuvent s'estimer heureux : le temps de trajet est réduit de moitié environ, selon la qualité de la monture.

Si hostiles que puissent être les Gorges, il ne s'agit pourtant pas d'un sol inhabité : de nombreuses tribus Boko s'installent en contrebas des falaises, poursuivant le gibier qui fuit vers les contrées maigres où la verdure se fait rare mais où ces prédateurs n'osent s'aventurer. D'autres, semble-t-il, ont compris le caractère primordial du canyon pour toutes les caravanes qui cherchent à gagner le désert : seul chemin praticable, il en devient mécaniquement incontournable. Les routes de limon et de gravier sont donc souvent le théâtre d'embuscades et autres coupes-gorges.

Certaines des artères creusées dans le col accueillent, parait-il, de véritables écosystèmes. D'aucuns prétendent que c'est dans les anciennes carrières de pierre que les Gerudos viennent chercher leurs pur-sangs de guerre, des montures aussi fières et rapides qu'impétueuses. D'autres disent aussi qu'un Lynel à crinière de feu a fait de son antre l'une des plus insondables alcôve de la Brêche.

Jadis, les ouvriers de feu le dernier roi d'Hyrule menaient d'importants travaux d'excavation sur les murs de calcaire. En témoignent encore aujourd'hui les échafaudages de bois verni qui tressent d'incroyables chemins tout le long de la paroi. De mémoire de Gerudo, ces constructions antiques ont été investies par une tribu Boko depuis la fin du temps des Anciens. Pas moins sanglante que les autres, mais peut-être plus astucieuse, cette horde assaille régulièrement les voyageurs fatigués et peu attentifs. A l'aide de lourdes roches qu'elle fait pleuvoir depuis les cieux, elle bloque toute issue avant de lapider brutalement ses victimes. Certains trophées, récupérés sur les cadavres détroussés, dansent au gré du vent, pendus aux colonnes soutenant l'édifice. Une décoration sinistre, mais qui donne le ton...


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Milieu de l'été 5 jours après
Dernier message le 30/08/2020 13:27 par Kassander