Celui qui sifflait dans la roche

Milieu de l'été - 5 jours après (voir la timeline)

Kassander


Inventaire

Il s'appuyait, s'appuyait comme jamais sur le bâton de marche. C'était suicidaire, il le savait désormais et espérait secrètement que la providence le délivrerait de cette mort certaine. Pourtant il continuait - quand bien même le chemin était taillé dans la roche et il pouvait retrouver l'entrée du canyon à tout moment - car son destin était devant lui. Il était auprès d'Emi, si c'était par-delà l'horizon de roche qu'elle se trouvait, jusque dans les confins des Sables. Il chercherait.

Les Gorges Gerudos offraient un terrain d'entraînement aux contrées éponymes ; c'était comme cela qu'il le voyait. Par chance, à l'ombre, la température demeurait viable, mais la nuit elle chutait drastiquement et il ne devait sa survie qu'au bois mort qui se trouvait çà et là, qu'il enflammait prestement pour se réchauffer le corps déjà bien endolori par le manque d'eau. Là était son erreur, d'ailleurs : il s'était assez rationné en nourriture, encore qu'il était possible de trouver du petit gibier ici, mais il n'avait pas prévu assez d'eau et s'était fourvoyé en entamant grandement ses réserves dès les premiers jours. À présent, il survivait avec trois précieuses gorgées quotidiennes dans une gourde qui ne lui permettrait probablement pas de passer la prochaine nuit.

Celles-ci étaient froides, mais sèches aussi. Peut-être pouvait-il espérer trouver quelque chose en hauteur, mais ses yeux d'aigle avaient percé à jour, sans peine, l’existence de nombreux camps bokoblins au sommet des falaises qui l'empêchaient de s'y aventurer librement. Et il n'était pas en état de se battre, du moins pas s'il souhaitait conserver son énergie pour avancer.

Pourtant, ce soir là, son esprit opéra un changement, lorsque Kassander crut sentir l'humidité d'une gouttelette dévaler son cuir chevelu. Il s'arrêta alors un instant dans la contemplation du feu de camp et regarda au-dessus de lui, remarquant dans les ténèbres l'absence de nuage et la lune élevée dans le ciel, mais aussi un léger promontoire rocheux qui semblait responsable de cette fuite. Un oasis, peut-être ? S'il grimpait au sommet, il pourrait peut-être s'abreuver, renouveler ses réserves et voir l'étendue du chemin restant à parcourir. C'était décidé alors : il oserait poser le pied sur les planches en bois qui faisaient le tour de la gorge et rejoignaient des arrêtes rocheuses cisaillant les escarpements de chemins naturels, espérant ne pas alerter de sa présence un quelconque ennemi. Par chance, la lune s'était effacée et n'éclairait plus les renfoncements du canyon, lui permettant de faire preuve de discrétion.

Ainsi, la première étape se passa sans accroc, mais la situation s'avéra plus complexe après un effort conséquent pour escalader les quelques pierres qui le séparaient de la surface terreuse. Avec grand peine, le chasseur se hissa, mais demeura à terre en entendant des bruissements qui venaient justement de la petite - mais suffisante - étendue d'eau, juste sous ses yeux. Pourtant, si elle flattait son regard, sa découverte était teintée de désespoir à la vue d'un Lezalfos qui dormait, en boule, à proximité.

« - Pas le choix, » se murmura cependant le chasseur à lui-même.

Il avait toujours préféré éviter le conflit avec ces bestioles et avait généralement de quoi se tenir à couvert pour pouvoir au moins les blesser et les pousser à s'éloigner. Mais le relief était aussi plat qu'éclairé par la lune qui ne rendait plus service à ce stade, irradiant seulement d'une lueur froide le terrain et plus particulièrement le miroir qui renvoyait ses rayons.

Au moins bénéficiait-il de l'effet de surprise. D'ailleurs, il n'hésita pas à se rapprocher autant que possible, parvenant à la hauteur d'une pierre assez grosse pour résonner au contact du sol, derrière le monstre, et le sortir de son sommeil, comme de son camouflage par la même occasion. La bête, aussitôt, se redressa et montra son dos à Kass qui en profita pour bander son arc et encocher une flèche. Ciblant la caboche du lézard, il ne la manqua que de peu et atteignit seulement son épaule, lui arrachant un cri aigu et un regard noir qu'il vrilla aussitôt sur le jeune homme.

Naturellement, il s'était attendu à ce que ce ne soit pas aussi facile.

Un second trait encoché, il tira comme son adversaire fonçait dans sa direction, une arme tranchante dans la main. Il n'avait jamais rien vu de tel et ne comprit qu'au dernier moment l'intérêt de sa forme caractéristique, quand la lame vola dans sa direction et passa de peu au-dessus de sa tête : un couteau de lancer ? Non, le son distinctif qui revenait dans sa direction l'informa de la nécessité soudaine de plonger vers le sol pour ne pas se retrouver immédiatement décapité par le boomerang.

« - Kaah ! » pesta le reptile tout en réceptionnant l'objet et en s'en servant cette fois-ci comme glaive, l'abattant sur sa victime.

Mais celle-ci l'avait vu venir et para le coup, sans forcément se soustraire de cette position difficile. Le monstre continuait de faire pression sur son arme, contre l'obsidienne, rapprochant par là-même sa gueule pleine de crocs - aussi tranchants qu'éclatants - du visage de Kassander. Soulevant son bassin, celui-ci parvint à étendre suffisamment sa jambe pour décocher au même moment un coup de botte à l'ennemi, l'envoyant rouler à proximité du gouffre.

Les deux attaquants se relevèrent comme d'un seul homme, l'un se préparant à jeter son boomerang, l'autre à tirer une flèche, mais comme Kass était le premier à agir, le Lézalfos eut l'instinct primaire d'esquiver le tir porté à ses pieds en faisant un bond en arrière... et en sombrant de façon rocambolesque dans le vide.

« - Ha. »

Intonation de victoire pour un homme assoiffé qui tenait à peine sur ses pieds. Mais le jeu en valait la chandelle, car voilà que deux secondes plus tard Kassander plongeait le visage dans la mare, tout près.


Béryl

Team abdos

Inventaire

Voilà quelques jours qu'elle avait quitté le confort et la tendresse de son foyer en quête d'aventures et d'histoires à raconter.
Béryl avait commencé son voyage le premier jour de son cycle lunaire. Cela devait lui porter chance lui avait-on dit, après tout les vieilles du camp étaient censément les plus sages. Mais le résultat étant que les légères crampes et l'inconfort lui avait valu un début de trajet plus compliqué que prévu. Elle avait dut faire quelques arrêts et trouver des coins d'eau propre et non gardés par les créatures hostiles du territoire pour laver ses linges, garder un semblant d'hygiène et éviter le poison. Cependant comme de coutume elle avait accueilli cette période avec fierté et respect pour son corps et ses traditions.
Depuis quelques jours elle avait troqué le sable brulant et surtout peu stable du désert pour une roche plus dur et solide mais aussi plus dangereuse. La gérudo avait l'habitude de grandes étendues sablonneuse et d'avoir une vue large sur son environnement lors qu’avec les filles elles arpentaient le territoire des sables pour échanger ce que produisait le camp jusqu'à Assek. Ici dans les gorges elle le sentait et elle le savait. On le lui avait expliqué. Il lui fallait être plus prudente. Les grands mur rocheux et troués en toute part était un endroit parfait pour des embuscades : Qu'elles viennent du ciel ou de derrière un rocher. Aussi elle s'était montré précautionneuse et avait essayer au maximum de marcher à l'abri des hauteurs pour ne pas être une proie repérable et facile.
L'endroit ne lui plaisait pas vraiment mais si elle voulait sortir de son territoire Béryl n'avait pas le choix : il faudrait en passer par là. Dans les vieilles histoires que Zinni et les autres anciennes lui racontait elle se souvenait que bien des fois ces parois hautes et étroites ainsi que les positions en hauteurs qu'elles offraient à qui les connaissaient, avait protéger les Gérudos contre les envahisseurs plus d'une fois. Certains voyageurs qu'elle avait put croiser lors de ses séjours au bazar avait même vanté les mérites de leur territoire comme relativement épargné du... Elle mit quelque temps à se remémorer le mot qu'ils avaient utilisé. Ah ça lui revenait maintenant. Son foyer semblait relativement épargné du "Flait haut". Béryl ne comprenait pas très bien ce que cela désignait mais au ton qu'ils avaient tous dans leur voix lorsqu'ils évoquait cette chose ça ne ressemblait pas à un truc agréable. Et puis de toute façon ça n'était apparemment pas existant dans le désert alors elle avait vite oublié cette information. Elle avait déjà assez à faire à s'occuper des siennes et des dangers tapit dans les sables.

Le sang avait arrêté de couler depuis quelques jours déjà. Elle se sentait plus alerte et en forme. La journée elle faisait moins de pauses et avait besoin de moins de temps de repos pour que son corps fasse son travail. Elle avait avaler de plus grandes distances que les jours précédents.
La nuit Béryl se cherchait un petit endroit à l'abri. Elle établissait un camp tôt dans la soirée et lorsqu'elle le pouvait démarrait un feu qu'elle éteignait quand les premières étoiles illuminaient le ciel ne gardant que les braises et sa tenue pour rester au chaud. La nuit elle ne voulait pas risquer que la lueur du petit brasier attire quelconques ennuis. Elle préférait s'endormir tôt et ouvrir les yeux souvent un peu avant que le soleil ne vienne saluer l'horizon. De cette manière elle pouvait encore profiter de la fraicheur de la nuit et ne pas trop la subir en s'activant un peu.
Lorsque le sommeil ne venait pas tout de suite elle se laissait aller à contempler les étoiles. Ici on ne voyait pas le ciel aussi bien que dans ses grandes étendues de sable. Mais à chaque fois le spectacle lumineux de chacun de ces astres allumait une nouvelle lumière dans son cœur. Étrangement cela lui rappelait ses sœurs chez elle. Alors pour ne pas oublier son foyer elle avait commencer à donner à ces petits astres luisant le nom de celles avec qui elle avait grandit.

Cette nuit là elle contemplait l'étoile de Poruha. Le sommeil ne venait pas facilement encore une fois alors elle pensait à son amie en souriant tendrement. Elle était confortablement emmitouflé dans sa pelisse en peau et fourrure de morse des sables pour parer au froid de la nuit. La jeune femme s'était toujours demandé comment ces créatures survivaient à la chaleur avec une toison pareil. Néanmoins quand le gel de la nuit se pointait elle était bien ravi qu'ils arborent une telle peau et qu'on la lui ai transformé en manteau. Autant elle adorait ces créatures au caractère bien forgé autant elle n'était pas désolée pour eux quand il fallait les sacrifier pour sa survie.

Quelque chose au loin sur les hauteurs avait attiré son regard. Son feu de camp n'était plus que braise depuis quelques temps. De fait elle n'avait pas de lumière pour l'aider à bien discerner la forme qui se mouvait. Elle ne savait pas si c'était un voyageur comme elle ou un danger. Cependant si elle pouvait distinguer cette forme, peut-être que cette forme pouvait la distinguer. Elle ne se sentait pas en sécurité. Enfin, moins que d'habitude. Zinni et de longs allers-retours en terrain hostile lui avait appris à toujours être sur ses gardes.
Elle essaya de se mettre un peu plus à couvert et d'essayer de distinguer ce que pouvait être cette ombre du soir. La jeune gérudo plissa les yeux et se concentra : C'était trop grand et pas assez trapu pour être un de ces petits diables rouges. Trop petit pour être une consœurs. Elle en conclut que cela pouvait être une ou un voyageur téméraire.
Sa curiosité était piquée. Quel drôle de personne pouvait ainsi se balader en pleine nuit sans prendre garde pour aller dans les hauteurs. Cela pouvait vite devenir dangereux si on tombait sur un repaire de vicieux petits êtres. Elle hésita longuement à savoir quoi faire : y aller ou laisser cette personne à son escalade.
Lorsque l'ombre disparu de sa vision à un moment elle ne put s'empêcher d'être inquiète. Même si elle ne connaissait pas les roches des gorges aussi bien que le sable du désert elle savait néanmoins quels dangers pouvait s'y cacher. Cette personne semblait si petite à ses yeux. Il ou elle était peut-être en danger. Son instinct lui commandait d'y aller tandis que sa raison la suppliait de rester à l'abri.
Elle choisit l'instinct.
La chevelure acajou disparu un moment derrière un rocher. Elle avait caché là ses affaires de voyages. Elle ne pouvait pas les emporter ou elle serait ralentie dans sa filature. Elle ne prit que sa cimeterre, qui ne quittait de toute façon jamais son flanc, elle dormait avec. Ainsi que son bouclier qu'elle attacha d'une lanière en bandoulière dans son dos. Elle nota mentalement une dernière fois l'emplacement où elle avait rangé ses affaires et s'élança à la poursuite de l'ombre mystérieuse.
Malgré sa grande taille elle avait appris à se faire discrète et silencieuse. C'était utile lorsqu'il fallait éviter un campement hostile.
Béryl n'avait pas quitté des yeux l'endroit où la forme dans la nuit avait disparu. "Juste un coup d’œil pour vérifier que tout va bien et je redescend" s'était-elle promis intérieurement. Au son strident qu'elle entendit par la suite elle sut que tout n'allait pas bien.
Elle alla aussi vite qu'elle put en essayant de repérer d'après le son où la rixe pouvait avoir lieu.
Elle finit par atteindre un plateau. La gérudo se plaqua contre un mur à l'abri et essaya d'observer la scène pour comprendre ce qui avait put se passer. Ses yeux d'émeraudes se portèrent sur la masse humaine qu'elle avait suivi jusqu'ici. Il semblait avoir soif à en juger par sa tête enfoui dans une petite marre d'eau. En examinant un peu plus le terrain elle vit des traces de lutte dans la poussière du sol, et du sang. Elle espéra fortement que ce n'était pas ce qui ressemblait à un hylien qui avait été blessé. Elle chercha l'opposant du téméraire sans le trouver. Il semblait avoir gagner l'affrontement. Il semblait aussi mort de soif. Béryl savait combien son territoire pouvait se montrer hostile à qui n'était pas bien préparé. Elle avait déjà croisé des cadavres de voyageurs déshydratés : le désert était un adversaire redoutable à qui ne le connaissait pas et ne lui présentait pas un minimum de respect. Même si dans les gorges la chaleur était moins frappante.
Toujours sur ses gardes elle continua d'analyser la scène. La soif pouvait faire baisser sa garde à n'importe qui. Bien que ce voyageur ci semblait très débrouillard, après tout il avait sut se défendre, elle avait toujours garder cette habitude d'être trop prudente. Même si une petite voix intérieur lui rappela qu'elle ne connaissait pas cette personne qui se tenait là. Après tout le voyageur lui même pouvait représenter un danger pour elle. Mais quelque chose dans l'apparence de celui ci donnait le sentiment à Béryl qu'il ne lui ferait pas de mal. Et sinon elle saurait se défendre ou s'échapper face au danger.
Pour cette fois sa prudence lui donna raison quant aux dangers des gorges. Un peu plus haut, accroché fermement sur la paroi un genre de lézard géant qu'elle n'avait jamais vu dardait son regard mauvais sur sa proie assoiffée. Il avait dut entendre le même cri que Béryl et était arrivé doucement, camouflé à attendre que le petit être perde son attention. Ce dernier ne semblait pas avoir vu la menace qui planait un peu au dessus de lui et semblait pour le moment reprendre son souffle après avoir bu. Il devait vraiment être mort de soif.
Béryl n'aurait pas vu l'écailleux si celui ci n'avait pas dardé son regard vert vif dans sa direction. C'était une drôle de masse ondulante dans la continuité de la paroi rocheuse. Elle présentait un danger pour cette personne là bas.
Le reptile se sachant repéré tenta une attaque aérienne en essayant de se laisser tomber sur l’assoiffé. Il semblait qu'il ne voulait pas laisser à Béryl le temps de prévenir la cible de son attaque. Alors elle ne pris pas le temps de le faire et les deux se jetèrent plus ou moins au même moment sur l'hylien. La géante des sables avait pris la décision qu'elle ne resterait pas sans réagir ici.
"Recule !"
Béryl avait crier dans sa langue maternelle en commençant à courir, bouclier dehors pour tenter une charge. L'étranger ne comprendrait peut être pas le mot mais elle espérait qu'il comprendrait l'intonation et que sa voix le ferai réagir.
Le squamate avait presque réussit à atteindre sa cible et avait atterri non loin de cette dernière, le menaçant d'une arme, quand Béryl lancée à toute vitesse, avec tout le poids de son corps vint percuter l'écailleux de plein fouet, espérant sonner la créature et le faire reculer assez loin pour qu'elle puisse prendre sa cimeterre et que l'étranger puisse avoir une occasion de fuir ou se défendre.
Béryl se plaça entre lui et la menace, lui intimant d'un geste de la main de rester derrière elle avant de dégainer sa lame.


Kassander


Inventaire

L'intonation était sortie de nulle part. Une seconde avant, Kass avait encore la tête immergée dans l'onctueux nectar tiède qui se muait à la perfection avec la fraicheur de la nuit, à présent. Puis ses oreilles avaient capté la fluctuation à la surface : cette voix féminine et grave qui avait tonné dans sa direction, pour dire quelque chose qu'il n'avait pas réussi à identifier. Mais cela avait été suffisant pour rappeler le chasseur à l'ordre, lui faire retrouver son attention et lui permettre de se rendre compte de ce qui était - sûrement - la menace qui planait sur lui.

Il avait reculé, quand le monstre s'était abattu pile à l'endroit où il se trouvait et rencontré la résistance inattendue du bois. C'était un reptile de la même sorte que celui qu'il venait de défaire, brandissant la même lame en triskèle. Définitivement, les environs n'étaient pas sûrs et ces bestioles là devaient justement attendre que des proies comme lui baissent leur garde près des rares points d'eau pour attaquer. C'était malin.

L'adversaire sifflait, l'inconnue qui l'avait repoussé lui barrait la route. Juchée devant Kass, elle faisait barrage de son imposante personne. Pour un Hylien, Kassander n'était pas forcément petit, mais il était loin de pouvoir concurrencer la femme au teint sombre et à la crinière rougeâtre - pratiquement grise dans la nuit - qui lui tournait le dos. Les questions viendraient après, mais comme il voyait que la jeune « femme » - cela le déroutait car sa musculature et sa stature ne représentaient pas le standard féminin auquel il avait toujours été habitué - était armée, il fit de même en bandant son arc par-dessus son épaule, visant la tête du Lézalfos qui leur faisait face.

L'ennemi était assoiffé de sang mais probablement pas suicidaire. Une lueur d'intelligence passa dans son regard, comme il sembla un instant toiser ses deux opposants, avant de faire un premier pas en arrière puis se carapater en frôlant le sol, zigzaguant à la manière d'un lézard pour se perdre dans l'horizon. Aussitôt, les muscles noués autour des pommeaux et empennages respectifs se dénouèrent et les armes saluèrent le sol dans des arcs de cercle mesurés, prêtes à être redressées à nouveau à l'approche de la moindre menace. Mais il n'y avait rien : la nuit avait retrouvé sa quiétude, pour le moment.

« - Ne restons pas ici. »

D'autres mots seraient prononcés, mais l'urgence était de regagner la sécurité des gorges. Kass n'était pas sûr que l'énergumène gigantesque le suivrait, mais il était certain que la décision était la bonne et prit la tête du cortège sans jeter un regard en arrière. Sans lui faire confiance, il pouvait être certain qu'elle ne représentait pas de danger, car à part un peu de nourriture séchée il ne transpirait pas la richesse et ne craignait pas grand chose des brigands. Surtout lorsque ceux-ci lui sauvaient la mise.

La température était plus fraiche en contrebas. Alors que le jeune homme descendait les planches, ses mains décrivirent de légers mouvements de frictions sur ses bras. Ses sens lui indiquaient qu'il était suivi et que l'inconnue ne souffrait pas des mêmes vulnérabilités climatiques que lui : elle devait donc être une autochtone.

Ultimement, il retrouva l'endroit où il avait dressé le camp. Non loin du feu, une masse informe gisait ; le lézard s'était rompu le cou dans sa chute et baignait dans son propre sang, s'écoulant de sa nuque brisée et de sa blessure à l'épaule. La lame du trappeur glissa hors de sa poche naturellement et il se rapprocha du cadavre de ce qui n'était rien d'autre qu'un animal, le jaugeant prestement avant d'enfoncer le couteau dans son corps. Le mouvement était net et rapide, la peau écaillée détachée proprement de la chair musculeuse en moins de temps qu'il n'en fallait pour dire « fiou ». Saisissant l'épiderme à pleines mains, Kass tira alors d'un coup sec et puissant pour dénuder intégralement la viande blanchâtre. Il ne restait plus qu'à prélever ; quelques minutes suffirent pour que la besogne fut terminée.

L'indigène, elle, ne montrait aucun signe d'impatience, mais seulement de la curiosité, se tenant malgré tout à distance respectable.

Avisant un bâton assez solide, puis son frère à proximité, Kassander tailla les extrémités pour y embrocher quelques morceaux les plus nobles de la bête. La première brochette était pour lui ; l'autre, il la tendit à celle qui lui avait sauvé la vie.

« - Merci. »

Le social n'était pas son fort. Sitôt le mot prononcé qu'il s'était déjà réfugié auprès du feu, dans la petite alvéole où la fumée décrivait des volutes au plafond et se dissipait en longeant la falaise le surplombant, ce qui lui permettait au moins de se tenir au chaud sans alerter sur sa présence. La viande, en rôtissant, dégageant une odeur appétissante ; le poignet de sa main libre trônait négligemment sur son genou, attendant de pouvoir saisir l'autre extrémité du bâton lorsque la chair aurait viré à l'orangé et au brun. Ce fut chose faite, le temps d'attendre que sa nouvelle amie le rejoigne et s'applique de la même façon à partager le repas frugal.

Le temps était alors aux questions ; la plus élémentaire pour un homme comme Kassander était invariablement :

« - Pourquoi m'avoir sauvé ? »

Puis un instant de réflexion. Après tout, il pouvait se permettre d'être loquace cette fois-ci.

« - Qui es-tu ? »


Béryl

Team abdos

Inventaire

La bête avait fui.

La vue de ses deux proies prêtent à se défendre avait dut lui faire reconsidérer son attaque. Le lézard n'y gagnerai pas grand chose alors il avait fui dans la nuit.
Restant sur ses garde la gérudo atendit encore un instant avec ses sens à l'affut et ses muscles tendus. Mais rien ne vint et le silence resta jusqu'à ce que l'étranger le brise. Il avait suggéré de ne pas rester dans les parages et Béryl ne pouvait être plus d'accord. Le bruit de combat et les cris des étranges ennemis aurait put attirer de nouveaux danger et il n'était pas utile d'attendre sagement de voir lesquels. Elle même en avait déjà croiser un seul ce soir et cela lui suffisait. La gérudo n'avait jamais vu ce genre d'animal par chez elle. Elle suspecta qu'il devait s'être éloigné de chez lui et perdu dans un environnement trop hostile pour lui. Le territoire gérudo avait sa manière d'accueillir les étranger : la chaleur et la déshydratation. Peut-être la chose à écaille n'y survivrai pas et en son fort intérieur c'était la fin que Béryl lui souhaitait.
La grande femme hocha la tête et suivi l'hylien.

Pendant qu'ils redescendaient en silence et qu'elle le suivait elle tenta de voir par rapport à la direction qu'ils prenaient où son propre campement et ses affaires soigneusement dissimulées se trouvaient. Il faudrait qu'elle les retrouves.
À mesure qu'ils arrivaient à destination elle ne put s’empêcher de noter qu'en réalité les deux ne s'étaient jamais trouvé si loin l'un de l'autre. Mais entre leurs deux lieux d'arrêt un passage étroit et les résidus imposants d'un éboulement récent les avait empêcher de deviner qu'ils se trouvaient si près. Elle en déduit aussi que celui qu'elle suivait devait probablement se diriger vers le désert et venait de "l'extérieur". Si celui ci n'avait jamais escalader la paroi elle ne l'aurait sûrement vu que le lendemain en prenant la route. Ils se seraient sûrement croisé.

Un feu éteint et un drôle d'invité indiquèrent à Béryl qu'ils avaient atteint leur destination. Instinctivement en voyant le lézard elle porta la main à la fusée de sa cimeterre. Puis elle remarqua le sang et les étranges angles que prenait le corps de la bestiole. Il avait dut faire une sacré chute. Bien fait. Le petit homme se pencha vers l'infortuné squamate et sorti un objet qui intrigua la gérudo. Un couteau avec une lame comme elle n'en avait jamais vu, intriguée elle chercha un peu ses mots avant de s’exclamer :

"Qu'est-ce que c'être ?" Pour accompagner sa question elle pointa l'objet du doigt.
Son hylien n'était pas parfait. Elle n'en connaissait que les bases mais elle pouvait tenir une conversation tant que les mots restaient simple. Mais il était clair qu'elle comprenait mieux que ce qu'elle ne parlait.
L'homme se mit ensuite à sa tache. Le bruit de la peau se détachant de la chaire arracha à Béryl un frisson et une expression de dégout. Elle ne put s'empêcher de se dire que le morse des sables qui avait donné sa peau et sa fourrure pour qu'elle puisse être au chaud cette nuit avait probablement subit le même sort. Elle eut un pincement au cœur.

La fille du désert ne mit pas longtemps à comprendre pourquoi le gros lézard avait subit ce sort lorsque le jeune homme le transforma en brochette et la lui offrit après l'avoir préalablement faite doré sur le feu qu'il avait rallumé. Béryl ne put s'empêcher de le trouver bien hospitalier et bien peu prudent. Car même si elle l'avait aidé il ne la connaissait pas et ne connaissait pas ses intentions.
Elle prit prudemment ce qu'il lui offrait et le remerciât en le souriant. "Saksak" Il la remerciât à son tour, probablement de lui avoir apporter sa protection plus tôt. La grande femme lui décocha un sourire et un regard franc lui indiquant que ce n'était pas nécessaire et qu'il n'y avait pas franchement de quoi la remercier.
Pendant qu'elle reniflait curieusement et discrètement la viande d'écailleux l'étranger lui posa une question :

« - Pourquoi m'avoir sauvé ? »

Elle releva la tête. Elle ne voyait pas vraiment d'autre raison que le fait qu'à ce moment il avait besoin d'aide. Par ailleurs ce n'était pas le premier hylien qu'elle croisait et qui se faisait avoir par les pièges de son territoire. Cependant à chaque fois elle était avec ses amies. Elle leva momentanément vers le ciel et trouva leur lumière. Un pincement au cœur lui indiqua qu'elles lui manquaient à ce moment. C'était la première fois qu'elle s'était retrouvé presque seule face au danger.
Ses yeux redescendirent sur son hôte.
"Par ce que tu étais en..." Elle chercha le mot qui lui échappait "danger"

Elle croqua dans la viande qui lui avait été servie plus tôt. Finalement ce n'était pas aussi mauvais que ce qu'elle avait cru d'abord. Une fois le dégout passé.
Il rompit le silence en lui demandant son identité.

"Béryl, fille du désert et du camp de la lune" elle marqua une légère pause avant de lui retourner la question " Et toi qui tu es ? Ici c'est dangereux, tu devrais te montrer plus prudence" Elle senti que sa phrase n'était pas juste sans qu'elle ne comprenne où était sa faute. Ça l'amusait.

Le moment était calme alors Béryl en profitât pour regarder un peu mieux à qui elle avait à faire. Il semblait avoir une taille correct pour les siens. La gérudo les trouvait toujours un peu petit mais elle avait appris que pour eux c'était elle qui était grande. Elle en retirait de la fierté. Des cheveux bruns encadraient un visage qu'elle trouva quelconque. Ce qui attira un peu plus sa curiosité était sa tenue : il semblait avoir voyagé et ne respirait pas le luxe. Il lui donna l'impression d'être un aventurier. Elle espérait qu'il avait plein d'histoires à lui raconter, avant de se souvenir que ses écrits étaient restés cachés dans la roche. Elle affichât un air renfrogné en se promettant de se souvenir au mieux s'il lui racontait ses aventures pour pouvoir les retranscrire dans son carnet.
Un autre détail qui interpella la fille des dunes fut qu'il n'avait pas l'air d'être là pour troquer quoi que ce soit. Avec l'aura de Assek et de Alm'as Alkath elle avait surtout croisé des voyageurs qui étaient venus pour y échanger leurs biens et repartir avec quelques trésors du désert. Rare était ceux qu'elle avait croisé avec d'autres raisons de venir se risquer dans son pays. Mais celui ci ne semblait pas avoir beaucoup d'affaires et rien de valeur sur lui, à par peut-être cette lame qu'ils avait utilisé pour transformer le lézard en brochette.

"Pourquoi tu es ici ?" Elle écarta les bras pour indiquer qu'elle parlait de son territoire en indiquant le "ici". "Tu es seul ?" Elle rajoutât "Pourquoi tu ..." encore un mot oublié alors elle tenta de mimer quelqu'un qui buvait. "Tu n'a pas de l'eau ?" Elle se rendit alors compte qu'elle commençait peut-être à le mettre mal à l'aise à le bombarder de questions et se ravisa d'en rajouter. Elle attendit simplement patiemment et avec un sourire qu'elle voulait encourageant qu'il lui réponde.


Kassander


Inventaire

Le regard perdu dans le vide, le chasseur dégustait sa brochette sans faire de cas. Son ouïe demeurait rivée sur cette étrangère et son patois qu'il peinait parfois à déchiffrer, tellement les mots étaient coupés au hachoir. Cela lui rappelait la première fois où il avait fait étape à Cocorico, même si l'accent Sheikah était chantonnant. Ici, tout était bien plus mécanique.

La lune était loin derrière eux à présent, cachée par l'immense falaise qui leur faisait face. À lui, du moins, car la femme du désert, en vis à vis, lui tournait le dos. Elle tournait le dos au chemin qu'elle avait emprunté jusqu'ici, elle tournait le dos à sa terre.

Il mastiqua.

Outre la forme singulière des réponses, le fond intriguait Kass. Il était venu dans ce terrain inhospitalier sans savoir quoi que ce soit, simplement mu par sa quête personnelle ; son désir de retrouver Emi. Et il pouvait tirer bon profit d'une telle rencontre, quand bien même leurs chemins pourraient se séparer au petit matin. À leur tour, les questions plurent, chose cocasse compte tenu de l'aridité du pays, mais pas de la curiosité de son interlocutrice.

Immobile - du moins pensif mais cela ne se reflétait pas toujours - le Hylien resta coi un long moment, mâchouillant sa nourriture, se rappelant la dernière fois où il avait dégusté un repas moins frugal. Il vivait d'un rien, conservant ses réserves et ne mangeant que le strict nécessaire lorsqu'il ne tombait pas sur plusieurs proies. Quand bien même, la viande, quelques baies et quelques plantes constituaient sa seule source d'énergie. Et il n'avait pas pensé à l'eau, lui qui était si habitué à s'en procurer facilement en se repérant à l'oreille pour trouver une rivière ou une source.

« - Kassander. »

Le nom résonna enfin, rencontrant le silence seulement interrompu par les bruits de mastication des deux aventuriers. Du moins, il supposait, sinon d'une guerrière qui s'était un peu trop éloignée de son camp. Les quelques sons se répercutaient sur les parois finement, dans un écho pratiquement inaudible. La pénombre accentuait cette impression de se trouver isolés sur un ilot au milieu du vide.

« - Je viens pour... »

Pour quoi ? Il commençait à y réfléchir. Cette rencontre avec les Lezalfos qui avait failli lui coûter la vie l'obligeait à se poser des questions : était-ce que son père aurait voulu ? Qu'aurait pensé sa mère ? Et elle, se souvenait-elle encore de lui ? Était-elle seulement en v... Non, il ne pouvait tout abandonner, pas après deux ans, pas après avoir tant espéré. Il devait savoir, il devait la voir, il devait la retrouver. Naturellement, sa main se porta donc à sa ceinture, ouvrant la besace dans laquelle il conservait ses croquis et son matériel. Délicatement, il en sortit la feuille qu'il déplia et montra à l'inconnue.

« - Elle. L'as-tu vue ? »

Il supposait que les connaissances du langage Hylien permettaient à son invitée de le comprendre. Il n'avait pas grand espoir d'avoir une réponse positive, mais continuait tout de même à demander à tous ceux qui croisaient sa route. Il attendit que la jeune femme se soit bien imprégnée du visage de sa dulcinée pour récupérer le papier et le ranger en écoutant sa réponse, négative.

Secouant la tête dans un geste imperceptible, il riva alors ses mains sous son nez, les doigts croisés, dans une attitude d'intense réflexion, ne regardant que le feu devant lui au risque de larmoyer. Mais il tint bon, comme s'il s'infligeait un supplice volontairement. Kass ne s'était jamais pardonné sa faiblesse, son erreur, son manque de discernement. Tout cela était de sa faute, il se haïssait, mais n'en montrait rien.

Enfin, sa langue se délia, après s'être rappelé qu'il restait en mauvaise position avec ses réserves d'eau caduques, comme l'avait fait remarquer la rouquine.

« - Je n'y ai pas pensé, c'est la première fois que je m'aventure ici. »

Sans s'en rendre compte, il ponctua sa phrase d'un bâillement. Ce ne fût que l'écho donné par Béryl qui lui rappela que la nuit était déjà bien entamée et qu'il devait essayer de trouver le sommeil. Ce ne serait pas chose facile étant donné les dangers et peut-être la providence les avait-elle fait se croiser l'un l'autre pour venir plus facilement à bout de cette épreuve. Le visage de Kassander était lui-même empreint de plusieurs bons jours de fatigue et de déshydratation et il menaçait toujours de s'écrouler malgré le repas et la rasade qu'il s'était permise au sommet du gouffre.

« - Je vais dormir. Je suppose que tu as des affaires à récupérer ; si tu veux, tu peux profiter du feu. J'aimerais trouver une source d'eau demain, m'aideras-tu ? »

Ce n'était pas son genre de demande de l'assistance - d'ailleurs sa façon de faire était très maladroite, mais peut-être que l'étrangère n'y verrait que du feu - mais il ne pouvait se permettre de continuer d'avancer à l'aveugle. Autant exploiter tout le bénéfice de cette rencontre avant de poursuivre sa route seul et éventuellement ne plus rencontrer de visage amical.

Ainsi pensa le chasseur, alors que son regard détaillait la voute qui le surplombait et les ombres que les flammes dessinaient dans un curieux spectacle au-dessus de son crâne ; telle la brûlure qui le consumait depuis si longtemps à présent. Puis, il s'endormit.


Béryl

Team abdos

Inventaire

Il s'était endormi sans demander son reste. Il semblait vraiment épuisé.
Kassander, puisque c'était son nom, manquait vraiment de prudence aux yeux de la fille des sables. Il s'était assoupi si soudainement qu'elle ne sut quoi faire. Elle resta là quelques minutes à hésiter puis pris une décision. Même s'il ne paraissait pas bien méchant elle n'était pas rassurée de s'endormir là à son tour.
Béryl pris le chemin vers son propre campement pour retrouver tout d'abord ses affaires. Celles ci n'avaient pas bougé de là où elle les avait caché. Béryl vérifia bien que tout était en place avant de préparer son pacage. Demain elle se lèverai tôt. Elle s'allongea en se calant contre la paroi rocheuse, non loin de son propre feu qui ne brulait plus depuis un long moment. Une fois plus ou moins confortablement installé la fatigue s’abattit sur elle et ses paupières, elle ne s'était pas rendu compte sur le moment à quel point elle était fatiguée. L'adrénaline du presque combat. Bientôt la mère des sables viendrait la bercer et elle rêverait du soleil, du sable et de ses sœurs.

Un vent glacial la réveilla avant l'aube quelques heures plus tard. La gérudo grelota alors qu'elle ouvrait les yeux. Elle était encore engourdie par sa position peu confortable et le sommeil. Mais pas le temps de trainer comme lorsqu'elle dormait encore dans de beaux draps colorés. Elle s'étira douloureusement, son dos avait souffert de la dureté de la pierre.
Elle fut rapidement debout. La jeune femme ajusta sa tenue avant de faire quelques exercices pour réveiller son corps et son esprit. Elle était fière de son physique et cherchait à l'entretenir. Elle aimait sentir ses muscles et ses tendons se réveiller alors qu'elle les faisait doucement travailler. Elle tira son corps en avant, ses doigts s'enroulant autour de ses chevilles. Quel plaisir pour son dos et ses jambes. Ses muscles chauffèrent légèrement tandis qu'elle expira doucement.

Une fois bien éveillée elle fit le même chemin que la veille. L'hylien ne semblait pas avoir bouger de là où elle l'avait laissé. En vérité elle était rassurée qu'il soit encore là. Elle craignait qu'il ai subit une attaque durant la nuit ou se soit réveillé avant elle et se retrouvant seul était parti braver le territoire sans une bonne préparation.
Alors qu'elle approchait du campement Béryl se souvint du portrait qu'il lui avait montrer la veille. Elle n'avait pas très bien compris s'il s'agissait de sa sœur ou de son amante mais elle avait lu la tristesse dans ses yeux. Quelque part elle aurait souhaité l'aider. La guerrière à la peau brune avait réfléchi à la question : elle l'aiderai du mieux qu'elle pourrait en lui enseignant ce qu'elle savait sur comment survivre dans ses terres. C'est ce qu'elle pouvait faire de mieux pour lui à ce moment.
Elle se dirigea vers Kassander. Elle ne savait pas s'il dormait encore ou avait déjà commencer à sortir des limbes du sommeil. Elle approcha une main prudente de son épaule pour le secouer en douceur.

"Sav'otta ! Le soleil va se lever, suis moi." Elle lui tendit une main pour l'aider à se redresser. Elle attendit qu'il rassemble ses affaires et ils se mirent en route. Pendant plusieurs heures ils marchèrent bon train, profitant de la fraicheur du matin.
Les premiers rayon vinrent leur chatouiller la nuque alors qu'ils faisaient route vers l'ouest. Béryl profita de ce moment pour adresser à l'astre un solennel salut. Elle préférait l'argent de la lune pour qui elle avait un plus grand respect encore. C'était la mère de la nuit qui rythmait sa vie et sa spiritualité.

Ils échangèrent quelques mots sur la route. Béryl en apprit de nouveaux.
À renfort de gestes et de quelques phrases bancales elle lui expliqua qu'elle l'emmenait à un point d'eau sûr où il pourrait faire des réserves et où elle le renseignerait sur les spécificités de la survie dans son pays. Elle espérait qu'avec ses connaissances il voyagerait beaucoup plus facilement et qu'il irait ainsi plus vite pour retrouvé celle qu'il cherchait.
La jeune gérudo avait pensé l'accompagner, mais l'appel de ses propres aventures était plus forte : elle ne souhaitait pas rentrer chez elle après seulement quelques semaines sans histoires à raconter. Et puis elle ne voyait pas ce qu'elle pourrait faire de plus pour lui. Il semblait voyager léger et elle le ralentirait sûrement.

Alors que le soleil allait bientôt annoncer midi elle retrouva ce qu'elle cherchait. Ravie elle appela Kassander en pointant du doigt une fissure dans la roche. Avec sa grande taille Béryl dut retirer ses affaires de son dos et se baisser pour passé. À l'intérieur une douce fraicheur et l'humidité frappa son visage. Elle sourit fièrement, ravie de cette petite pause. D'un geste elle invita l'hylien à s'installer, ils en auraient pour un moment. Elle sortit sa propre cruche en terre où elle gardait son eau ainsi qu'une petite casserole en ferraille toute cabossée.
Pendant que son compagnon de route prenait ses repères dans la pénombre de la grotte elle entreprit de faire un petit feu. Pendant que la flamme naissait en grignotant les branchages qu'elle lui offrait, Béryl en profitât elle même pour admirer de nouveau l'endroit. Elle était passé ici un jour plus tôt.
Au plafond on distinguait l'humidité qui s'accumulait en quelques stalactites avant de retombée dans le bassin en dessous. Béryl s'y pencha pour récupérer de l'eau dans son récipient avant de le mettre à chauffer sur son feu de fortune. Là à la lumière elle tenta de s'expliquer : "Quand c'est chaud, on a moins soif après."


Kassander


Inventaire

Kass hocha la tête et sembla fouiller un instant dans la besace qu'il traînait depuis une éternité, désormais. Bien que légère et loin d'être imposante, elle avait une capacité assez large qui lui permettait d'y entreposer la majorité de ses affaires. Le reste, il le portait sur lui. Après une dizaine de secondes, sa main sembla trouver l'objet de sa recherche : deux gourdes vides, vidées, aplaties par l'effort fait pour les drainer jusqu'à la dernière goutte.

Le poêlon lui faisait face, surmonté d'une casserole remplie. Sa camarade venait d'éteindre le feu tantôt allumé : il ne servait à rien de porter l'eau à ébullition, elle était juste à température ambiante à présent. Il y plongea sa main, à deux reprises, patientant le temps que les outres se remplissent, n'exprimant aucune satisfaction au contact tiède, cette fois-ci, du liquide clair. Néanmoins, c'était suffisant.

« - Merci. »

Sous le soleil de plomb, l'eau avait tendance à se réchauffer. Il valait effectivement mieux se déshabituer de la fraicheur en plein désert. Rangeant tour à tour les deux conteneurs dans son sac avant de le hisser à nouveau sur ses épaules, Kass tourna le regard vers le passage qui débouchait sur les gorges. Il avait encore du chemin à faire.

Ainsi, il ne tarda pas plus dans le cérémonieux et se dégagea de la fissure le premier, suivi par l'aventurière. Il la salua, mais déjà son attention était portée vers ce qu'il voyait à l'horizon, derrière les rochers. Ils n'étaient plus très loin de l'entrée du désert, son objectif se rapprochait. Et le voilà bien mieux équipé.

Un tissu rouge pendait mollement à la ceinture de l'Hylien, préalablement humidifié ; il s'y intéressa quelques instants, le dénouant pour se le visser sur le crâne et l'attacher au niveau du menton, le regard rivé vers sa destination. Puis il se retourna vers celle qui l'avait aidé à deux reprises et lui décocha un sourire, accompagné d'un geste de la main signifiant qu'il était temps de se quitter. Il n'attendit pas un mouvement de sa part en retour et, après s'être retourné, respira un bon coup avant de reprendre sa marche, requinqué et rassasié par cette rencontre.

Il n'avait pas besoin de plus d'informations, jugeait-il. Peut-être était-ce une erreur.

Probablement, car ce fut la dernière fois qu'on le vit.

Kassander n'atteignit le désert qu'à la tombée de la nuit. Se trouvant l'entrée d'une grotte peu profonde, il y dormit du sommeil du juste pour pouvoir reprendre son voyage le lendemain, aux premières lueurs. Plus vite qu'il ne l'aurait cru, l'aube poignit dans la caverne et sa lumière rosée le réveilla doucement, lui intimant qu'il était temps. Après quelques minutes passées à faire le deuil de ses songes et ranger le camp, il se mit finalement en marche vers sa prochaine étape. Posant le pied sur le sable des dunes naissantes qui se disputaient le sol à de longues plaques de roche, il porta la main en visière au-dessus de ses yeux pour admirer une dernière fois l'immensité désertique des terres Gerudos, avant de partir d'un pas décidé.

Il espérait retrouver Emi, et l'Histoire ne nous dit pas s'il y parvint ou non. Mais ce fut à ce moment là que Kassander signa son destin.

Et ainsi, la Mer de Sable l'avala.