Le soleil chatouillait l'horizon sablé du désert chassant la froideur de la nuit lorsque Béryl ouvrit les yeux pour la dernière fois chez elle. Aujourd'hui c'était le grand départ.
Quelque part dans un petit camp dans les rocs légèrement au nord de l'entrée du territoire Gerudo, au pied des falaises, tout un petit monde s'activait pour dire au revoir à l'une des leurs.
Après quelques minutes à habituer ses yeux au décor qui l'entourait et laisser sa tête sortir des nuages de ses rêves, Béryl s'étira longuement avant de se lever. Elle regarda autour d'elle dans cette vieille tente où elle avait habité avec sa mère, Delf, aussi longtemps qu'elle s'en souvienne. L'endroit était assez spacieux pour permettre aux deux femmes de dormir en gardant chacune son intimité grâce à des paravents couvert de vieux tissu. L'ambiance était colorée à cause du tissu du logement et une petite table trônait dans un coin permettant de manger là si on le désirait. Béryl passait plus de temps sur cette table à écrire et dessiner. Elle prenait ses repas avec sa mère et les autres femmes du camp dans la salle commune. Ce qui servait d'endroit à toutes pour les repas était une sorte de cave creusée à même la roche dans laquelle on avait disposé des tables et des chaises pour le confort. Tous les lieux dédiés à la vie commune du camp étaient "en dur" autant que possible et les habitations de grandes tentes en tissus de couleurs différentes. Quand on voyait le camp au loin on aurait presque pu croire à un champ de fleurs multicolore posé là sur le sable. Mais les fleurs du désert qui habitaient là avait leur mode de vie bien à elles.
Habituellement si elle s'en sentait le courage la jeune Gerudo s'adonnait au réveil à quelques exercices physiques pour se réveiller et se tenir en forme mais elle avait décidé que matin elle passerait ce temps à bien marquer en mémoire une dernière fois l'endroit où elle avait vécu ses 25 ans de vie. Ses yeux balayaient un peu partout autour d'elle à la recherche de souvenirs tandis qu'elle essayait de discipliner ses cheveux avec un lacet de tissu trouver par là.
Son regard fini par se poser en haut d'un petit meuble en bois où trônait dans un coin ce qui semblait être une peluche cousue main. C'était le vieux doudou que sa mère lui avait fabriqué durant leurs premières semaines dans le camp. Béryl était toute petite alors et sa mère ne savait pas très bien coudre encore. Elle se dirigea vers le petit animal en tissu et le prit délicatement dans ses mains. Son visage exprimait dans un sourire toute la nostalgie que lui inspirait l'objet. Il était censé représenter un dromadaire mais il fallait vraiment le savoir pour le deviner. Pas grand-chose chez la pauvre bête n'était proportionnelle. La jeune femme se souvenait avoir beaucoup ri lorsque Delf la lui avait offerte mais avait toujours apprécié ce geste. Elle l'avait appelé Dromidou.
Elle caressa la tête de l'animal avec son pouce.
Lorsqu'elle et sa génitrice étaient arrivé au camp elle était encore très jeune. Elles avaient fui un mari agressif et un père méchant. Sa mère voulait retourner chez elle bien que honteuse de sa situation pour élever sa fille dans la cité où elle-même avait grandi avant de partir à l'aventure sur un coup de tête. Mais le destin où les déesses avaient placé sur leur chemin une bien meilleure alternative. Béryl se souvenait encore de cette vieille femme, de son regard ferme et de sa prestance. Des cheveux de feu parsemés d'éclairs blancs ornait un visage digne et dur rongé par quelques rides. Une peau ébène répondait au noir profond de ses yeux qui semblaient vous percer et connaitre tous vos secrets. Derrière cette façade forte Béryl apprendrait qu'il vivait un cœur chaleureux et aimant.
Delf et Béryl avaient voyagé avec un groupe de marchand en direction de la patrie maternelle. La petite était encore très jeune et sa mémoire sur cette période un peu floue. Le voyage bien que long depuis le village d'écaraille s'était passé sans encombres mais sa maman était restée bien silencieuse. Elles avaient croisé la vieille Zinni à Assek. À son jeune âge la petite Gerudo n'avait pas encore très bien compris ce qu'il se passait mais elle se souvenait que Delf avait beaucoup pleuré et que la vieille femme l'avait beaucoup écouté, passant de temps en temps une main réconfortante dans son dos. Le lendemain elles quittaient le groupe avec qui elles avaient voyagé et suivaient la vieille dame jusqu'à ce drôle de camp presque à mi-chemin entre l'entrée du désert et le bazar Assek un peu au nord de ce qu'on pourrait appeler une route principale.
Béryl n'emmènerait pas Dromidou.
Elle le reposa avec toute la douceur du monde à sa place.
Il était temps de s'habiller. Elle avait déjà préparer ses affaires de voyages la veille en silence avec sa mère. Celle ci n'avait jamais été très causante mais avait toujours adoré sa fille comme le plus précieux des trésors et lui avais toujours témoigner un amour profond au travers de ses actes. La jeune aventurière tendit la main vers un petit tas de vêtements bien pliés et entreprit d'enfiler un pantalon en tissu léger et large ainsi qu'un de ces hauts typiquement Gerudo qui laissait entrevoir ses abdos. Une de ses fiertés. Une certaine estime de soi faisait qu'elle aimait assez son reflet lorsqu'elle le contemplait. Elle se trouvait imposante et jolie, tout ce qu'elle voulait paraitre.
Elle complétât sa tenue avec des bottes de marche et un long voile en tissu épais qu'elle enroula sur ses épaules et sa tête pour se protéger du soleil et des indiscrets. Le tout toujours en couleurs. Celles-ci avaient été choisies particulièrement. Un léger dégradé de violets et d'oranges lui donnait l'air d'un coucher de soleil. C'était pour elle la lumière qui se couchait sur sa vie au camp pour se lever sur sa vie d'aventures. Elle passa fièrement la main dans les cheveux qui tombaient hors de sa protection solaire.
Il n'y avait plus beaucoup de temps pour être nostalgique, il fallait qu'elle file vite pendant que le soleil ne chauffait pas trop pour faire le trajet et sortir du territoire Gerudo. Plus elle s’attarderait et plus le départ serait difficile. Béryl jeta un dernier regard autour d'elle avant d'attraper son sac de voyage et de sortir de la tente.
Ce sac était encore un cadeau de sa mère. Delf avait fait de sacré progrès.
Sa génitrice avait passer les dernières années avec les autres femmes à travailler, élever Béryl et les autres enfants du camp. Elle avait appris à coudre correctement et à confectionner toutes sortes de choses. Les autres lui avait enseigner cela. Zinni s'occupait des plus petites car c'est celle qui était la plus instruite dans le camp ayant elle même reçu une bonne éducation d'une bonne famille.Elle avait fait l'éducation de la petite Béryl des autres jeunes. Celle dont les cheveux avec l'âge avait fini par entièrement se tinter de blanc leur avait compter pleins d'histoires et de légendes et à la fille de Delf qui avait eut la patience et la volonté elle lui avait appris à lire et à écrire pour qu'elle puisse consigner ses propres aventures. Depuis elle tenait un petit carnet qu'elle essayait de compléter un maximum avec ce qu'elle vivait et ce qu'on lui racontait. La vieille femme lui avait aussi appris à se défendre avec une lame et un bouclier au poing. Celle a la peau d'ébène était une ancienne garde royale de la cité.
Tout le monde au camp avait son utilité et ses compétences et elles vivaient toutes ainsi dans le partage. Tout le monde travaillaient ensemble et les résultats du labeur de chacune profitait à toutes. Tout le monde avait le droit à ce dont ils avaient besoin et chacune participait à sa propre mesure. C'est comme ça qu'elles perduraient dans le désert, ensemble. Certaines confectionnais des objets ou des tapisseries qu'elles troquaient au Bazar, d'autres veillaient à l'éducation des plus petites tandis que certaines encore cuisinaient pour la communauté. Ces Gerudos vivaient collectivement, dans l'écoute et le respect des unes et des autres. Un endroit très agréable ou grandir, mais terriblement petit et privilégié.
Delf avait toujours souhaiter pour sa fille de grands voyages et de grandes aventures alors elle avait tout fait pour que cette possibilité arrive. Dès qu'elle avait put elle avait envoyé sa fille avec les groupes de femmes qui faisaient la navette pour le troc avec Assek. Avec ces femmes fortes et solides Béryl avait appris à travailler son endurance, repérer les dangers, savoir quand les fuir et quand les affronter. C'est Zinni qui lui avait appris le maniement des armes pour que la jeune femme à la chevelure acajou sache se défendre seule le moment venu. Elle devrait désormais le faire. La Gerudo n'avait pas peur elle était même excitée à l'idée de découvrir le monde en dehors de son camp et des dunes de sable à perte de vue. De nouveaux paysages et surtout de nouvelles rencontres. Par ailleurs pour son départ en gage de sa confiance et de son affection son enseignante lui avait offert son cimeterre. Une pièce magnifique à la poignée ornée de détails ciselé dans le fer doré. La lame avait été entretenue et brillait encore de l'éclat qu'elle arborait lorsque Zinni était encore jeune et gardait Alm'as Alkath. Elle était soigneusement rangé dans un fourreau de cuir attaché désormais à la taille de Béryl. Son bouclier était moins chatoyant : simple et en bois orné de fer sur les bordures, accroché dans son dos.
Elle retrouva le petit groupe qui l'attendait pour lui dire au revoir au dehors. Les adieux ne furent pas déchirants sachant que ce départ était planifié et arrangé depuis très longtemps. Béryl embrassa sa mère longuement une manière sobre de lui dire qu'elle l'aimait et la remerciait pour tout : l'éducation qu'elle lui avait fournit, tous les actes d'affection et les confections ratées. Pour l'amour inconditionnel. Elle prit le temps aussi de saluer respectueusement Zinni qui avait bien vieilli depuis leur rencontre. Sa maitresse d'arme avait perdu de sa prestance en se tassant avec l'âge mais ses yeux n'avaient pas perdu leur mordant et leur vivacité et désormais l'affection et l'amitié qui liait l'ancienne garde et la nouvelle aventurière. Une dernière embrassade à Poruha, Rodha et Ashai ses amies avec qui elle avait tant parcouru le désert et elle était partie.
Béryl laissa ses traces dans le sable que le vent du désert aurait tôt fait d'effacer, pressée de laisser ses marques dans l'histoire qu'elle allait s'écrire.
09/08/2020 18:21