Quelques temps après, ce fut au tour de Io de quitter l'entourage de la jeune Haya lorsqu'il accepta une dangereuse mission en territoire Yiga pour ne jamais en revenir ; non pas qu'il ne le voulait pas, mais il ne fut jamais en mesure de le faire... Endeuillant définitivement l'unique fille d'une union pour le moins énigmatique. Par un tragique concours de circonstances, c'est à peu près au même moment que la doyenne du village, Impa, perdit sa fille et son beau-fils. Nul ne sait vraiment si c'est la culpabilité d'avoir envoyer son père au devant de sa propre mort ou bien le fait de partager le lourd fardeau d'un décès familial qui la poussa a recueillir la jeune sheikah chez elle, bien que cela ne comblerait jamais le vide dans le cœur de l'une comme de l'autre. Il en naquit au fil des ans une complicité certaine entre les deux femmes ; et Haya de décider de suivre la même voie que son père pour que jamais d'autres de ses semblables n'aient à subir les mêmes épreuves. Bien qu'elle savait pertinemment qu'une telle promesse serait difficile à tenir, elle s'engagea sur le sentier sinueux emprunté par les guerriers et les protecteurs de son peuple, autant guidée par les conseils et les leçons de ses précepteurs que par la présence réconfortante d'Impa et de sa petite-fille, Pahya. Elle poussa le mimétisme avec Io encore plus loin lorsqu'elle prit également pour habitude de teindre sa longue chevelure blanche de rouge, sans qu'elle ne détermine réellement le but d'une telle transformation. Finalement, elle décida de percevoir là-dedans la symbolique de renouer avec les esprits de ses lointains ancêtres Nekt'Hyl, dont elle était probablement la dernière représentante avec ses demi-frères et sœur.
Au bout du compte, la sheikah aux cheveux de sang affronta les nombreuses difficultés que la vie de guerrière devait lui imposer. Perte d'amis au combat, blessures physiques et mentales, échecs et désillusions, rien ne l'épargna. Mais là où beaucoup se résignent à changer de voie pour s'éviter de perpétuelles souffrances, Haya ne renonça jamais à la promesse qu'elle s'était faite et à cette vie de sacrifices. Ainsi, les années se succédèrent ; elle défendit les caravanes entre Elimith et Cocorico, repoussa les dangereuses tribus de bokoblins loin de leurs terres, rasa des camps de bandits qui menaçaient les routes de la région. Jusqu'à ce qu'inévitablement elle soit confrontée au spectre inquiétant du peuple Yiga, les éternels rivaux du clan d'Impa. Ayant perdu son père à cause d'eux, elle nourrissait déjà à leur égard une aversion toute particulière qui ne fit que se renforcer à chaque nouvel affrontement, à un tel point que beaucoup ne purent que constater l'excès de zèle dont elle faisait preuve lorsqu'il fallait déjouer les plans de ces étranges guerriers masqués. Habituellement très obéissante quant aux règles et aux directives données par le conseil du village, elle défia pourtant à de nombreuses reprises ses aînés et entreprit maintes fois des actions inconsidérées à l'encontre de leurs ennemis jurés. Plusieurs fois, le village sévit en représailles, autant pour se faire respecter que pour la protéger d'elle-même. Pourtant, elle recommençait à chaque fois, tant et si bien qu'elle commença à être prise pour cible lors de certains déploiements Yiga aux alentours de Cocorico. Étrangement, elle s'en félicitait, et pour cause : une lame en plus de braquée sur elle, c'était une de moins braquée sur Impa et ceux à qui elle tenait le plus au monde, tant qu'elle tiendrait bon.
Et encore aujourd'hui, Haya tient bon. Préservée par ses aînés du conseil, couvée par Impa, un équilibre précaire a finalement été atteint grâce aux efforts et quelques compromis pour dompter l'impétuosité de la sheikah. Nul ne sait si cela tiendra dans le temps ; néanmoins, certains espèrent qu'avec la récente fin du Fléau, la guerrière ressente un apaisement qui lui fasse perdre de vue la vengeance qu'elle tente désespérément d'accomplir.
04/02/2020 00:20