À l'ombre des grands arecs quelques ânes éreintés par le sable et le vent cherchent un peu de fraîcheur. Ils ont les naseaux à vifs, parcimonieusement asséchés par un soleil plus lourd qu'un enclume, mais n'osent guère s'approcher du petit étang d'eau claire autour duquel s'est construit cette enclave d'Alm'as Alkath. Et pour cause ! Il faudrait de nouveau affronter le regard brûlant de l'astre du jour, lui-même qui chauffe les dunes et ébouillante jusqu'aux sabots.
Loin des murs rassurants de la Cité-Diamant, quoique toujours au cœur du Désert, c'est un véritable carrefour mercantile qui a vu le jour. Le bazar Assek, parfois simplement appelé « Le Bazar » fourmille de marchandises, des plus précieuses aux plus triviales. C'est là que s'arrêtent les pilleurs de tombes revenant poussiéreux et fatigués des entrailles de l'une des pyramides qui étalonnent, çà et là, les vastes étendues ocres de l'ancien royaume Gerudo.
Moins restrictives que celles qui régissent la capitale royale, les règles en vigueur au Bazar n'entérinent aucun des interdits qui pèsent usuellement sur les épaules des hommes, au sein du clan de la Reine Rouge. Il n'est donc pas rare de croiser, aux abords du bassin, le soupirail las d'un garçon d'écurie, chargé de veiller les chameaux de l'une des tribus nomades qui hantent le reste des plaines de safran.
Il arrive aussi que les femmes de Riju – loin d'être représentatives à elles seules de toute la diversité du peuple Gerudo – trouvent un terrain d'entente avec les colonies qui s'installent dans les Gorges ou sur les Hauteurs. Purement commerçants, de tels accords nécessitent cependant un cadre sûr pour procéder aux échanges préalablement convenus. Le Grand-Marché extérieur constitue une réponse simple et appropriée aux besoins des deux partis.
Hélas, parce que ces associations ne comprennent pas – ou si rarement – de protection de quelconque nature, nombreux sont les cheffes et les chefs de guerre à attaquer les chefs-lieu des arrivants. Souvent rasés, les camps sont alors dépeuplés et les locaux parfois revendus sur les étals du Bazar. Nul ne saurait dire combien Makeela Riju et les siennes profitent d'une telle situation.
Plusieurs gardes patrouillent en permanence le marché extérieur, assurant la sécurité des commerçants qui ont pu arriver sur place. Sans remparts, avec pour seuls bâtiments une caserne militaire et un entrepôt qui fait office d'auberge, de thermes comme de salon des plaisirs, le Bazar Assek a bien besoin de ces femmes, drapées de lourdes étoffes et d'acier plus lourd encore pour veiller sur les échoppes de fortunes installées à la vite tout autour du petit lac. Elles ont avec elles quelques chiens, dressés pour le combat autant que pour la traque, ainsi que des attelages de morses des sables pour donner la chasse aux ennemis montés et autres voleurs mal avisés.
La nuit, de grands feus sont allumés : ils servent à la fois à guider les voyageurs qui pourraient s'adonner au troc sur les terres du Bazar autant qu'a repousser les fennecs, les hyènes ou les loups. Pas de quoi effrayer, hélas, un Molgarth ou un Moldarquor...
Rappel: les monstres indiqués comme rares dans le bestiaire ne sont disponibles que via un lancer de dés ou l'intervention du narrateur.