Journal d'Ardolon

Ardolon


Inventaire

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Ce journal appartient à Faustinoos Ardolon.

Imaginez un message si puissant qu'aucune langue ne peut l'exprimer pleinement alors même qu'il nous paraît limpide une fois entendu.
Imaginez un enseignement si fondamental qu'il marquerait chaque histoire, fût-ce à l'insu de son narrateur.
Imaginez un savoir primordial, à tel point qu'il sépare le profane du divin.

C'est cette connaissance que mon mentor entendait que j'acquière alors qu'il savait que sa vie arrivait à son terme. Mes recherches seront donc consignées à travers ces pages, pour qu'il reste une trace de mon parcours au cas où un accident m'empêchait de le parfaire...


La légende des trois déesses


Il est une légende que les peuples anciens vénéraient trois divinités qu'ils croyaient être à l'origine de toute vie. M'est avis qu'elles ne sont qu'une allégorie et que ce n'est qu'en parvenant à en maîtriser les principaux attributs que l'on peut surpasser sa nature d'être doué de raison.

Din, esprit de la Liberté — « Din, de ses puissants bras de flammes, cultiva le sol pour créer la terre. »
Celle que l'on dit incarner la force brute est, d'après Faustinoos, l'illustration de la "liberté". Projection d'une volonté délivrée de tout ego, Din s'exprime en nous lorsque l'on réussit à s'affranchir de toute crainte pour se focaliser sur un objectif précis.
Je ne sais pas exactement ce qu'il entend par là mais il semblait dire que les croyances étaient souvent limitantes. Notre esprit peut-il réellement construire sa propre prison ? On peut dire que j'en ai fait l'expérience...
Je pense un peu mieux saisir ce principe. Bien que considérée comme la Force incarnée, Din n'est pas l'essence de la violence et encore moins de la colère. Je croyais que ces caractéristiques me rendaient supérieures, mais une créature minuscule m'a fait comprendre que la brutalité peut se retourner contre nous ; ce n'est qu'en acceptant de refréner mes sentiments, pour mieux m'adapter à la situation, que j'ai pu m'en sortir. C'est sûrement ça, la vraie force ?

Nayru, esprit du Respect — « Nayru parsema sa sagesse sur la terre pour donner au monde l'esprit et la loi. »
Selon Faustinoos, cette forme de conscience élaborée produit une collaboration qui dépasse la somme de ses parties. Il l'appelle le "respect" et précise qu'il doit y avoir en chaque être des fragments d'une volonté divine pour que notre cohésion soit si naturellement efficace.
Je ne sais pas exactement ce qu'il entend par là mais il est vrai que l'on est tous portés à coopérer. Est-ce vraiment un sentiment instinctif qui nous lie ? Et comment en tirer profit ?

Farore, esprit de l'Harmonie — « Farore, de son âme infinie, donna vie aux êtres issus de l'ordre et de la loi. »
Aux yeux de Faustinoos, Farore ne parachève pas uniquement la création de la Terre : Elle serait l'accomplissement de soi le plus élevé qui soit. Cet état d'"harmonie" est celui par lequel l'archer réussit le tir parfait mais il n'a pas que des applications martiales.
Je ne sais pas exactement ce qu'il entend par là, même s'il m'arrive de viser juste. Que voulait-il dire quand il parlait de "sentir l'instant présent" ?


Réflexions diverses


Les trois divinités
Les trois divinités n'ont vraisemblablement pas existé et ne sont que des personnifications de concepts abstraits. Pourtant Faustinoos croyait en l’existence d'une "présence" supérieure, capable de traverser le temps dont elle serait la maîtresse et dirigeante.
Cela n'a pas beaucoup de sens pour moi mais peut-être qu'elle pourrait être, en quelque sorte, le noyau des trois autres ? Il parlait de "quadrature" mais il n'a jamais su expliquer ce terme... En tout cas, qui sait ce que pourrait produire une personne capable de pousser chacune de ces trois facultés à son zénith ?


Préceptes
À l'origine était le verbe et à toi qui as acquis ce livre, tu aviseras quiconque le lira de maximes récapitulant ton expérience.
Faustinoos pensait que certaines phrases portaient le flambeau de vérités inextinguibles... Je vais peut-être noter les répliques qui me paraissent instructives mais je doute qu'elles soient si cruciales.
⁂ Si tu baisses la tête, la tiare risque de choir.
⁂ Plus grand est notre potentiel, plus vastes sont nos devoirs.
⁂ Il n'y a pas de vents favorables à qui ne sait pas où se rendre.
⁂ Là où croît le péril s'épanouissent aussi les combatifs.
⁂ Les êtres vivants construisent la vérité avec l'argile de leurs croyances.
L'on ne craint les chauve-souris que lorsque l'on sait leur morsure empoisonnée. La formulation semble toutefois bien trop restrictive, il y a sûrement un moyen d'étendre cette observation à un réflexe bien plus répandu et plus intéressant...


Déroulement du voyage


Cela fait un mois et demi que j'ai quitté le laboratoire de Faustinoos. Les jours se sont succédé avec une morne redondance pendant lesquels j'ai passé mes journées avec d'infinies interrogations, plein d'implacables incompréhensions. Cet infernal maelstrom ne cessait de me rappeler mon échec, mes amis, et me laissait interdit face à la vanité de ma vie : j'avais l'impression de ne rien savoir, de n'être rien de plus qu'un déserteur d'un destin familial indigeste.
Peut-être que c'est dans ce désenchantement que j'ai retrouvé une vocation plus profonde - peut-être aussi que je suis manipulé par un vieux fou dont les idées m'ont obsédées. Je ne suis plus quelle voie suivre mais j'ai une certitude : le savoir est le pouvoir. Et il m'assoiffe jusqu'à la moelle !
Je désire... Non, je vais comprendre les fondements même de cette mascarade qu'est notre existence, si frêle quoique si puissante... Et j''en saisirai les racines les plus essentielles, dussé-je pour cela abattre les Déesses !


Peu après mon dernier écrit, j'ai atteint le village d'Elimith. La population m'a mieux accueilli que je ne l'aurais cru, en dépit de regards troublés et de certaines distances dont j'ai l'habitude. L'un des enfants du village a pris le risque de me suivre dans la forêt et j'ai pu le sauver - je n'ose imaginé ce qu'il aurait subi si les deux bokoblins que j'ai combattu l'avaient trouvé...
Mais j'ai surtout eu l'opportunité de discuter avec Eluria, une laborantine introvertie qui souhaite mieux comprendre les Gardiens. Je crois qu'elle parviendra à des résultats à l'avenir, mais il lui faudra des morceaux. Peut-être que je lui en ramènerai si j'en trouve, après tout peu de personnes ont besoin de ces babioles. Malheureusement, elle n'a pas pu m'en apprendre davantage ni sur les Gardiens, ni sur les mythes et légendes qui concentrent mes obsessions.
Je dois continuer à chercher des personnes qui m'en diront plus là-dessus, mais je vais aussi garder un œil sur Eluria quelques temps. S'il ne se passe rien pendant un mois, j'irai voir ailleurs... En attendant, je vais inspecter les environs et surtout essayer de trouver une nouvelle arme. Peut-être que le forgeron pourra m'apprendre à faire un équipement à ma mesure ?


Cela fait un mois entier que je suis resté à Elimith et j'ai pu effectuer de multiples tâches pour les habitants. Ils me reconnaissent et leur peur est sinon évanouie pour certains, au moins dissimulée derrière leurs bonnes manières. J'ai également découvert avec une profonde frustration qu'il m'est impossible de devenir forgeron... Une telle pratique me coûterait des années et j'ai mieux à faire que de m'occuper d'un travail de subalterne.
Quoiqu'il en soit, j'ai surpris dans la nuit un inconnu qui a réussi à attirer Eluria hors de la ville, par un subterfuge que je n'ai pas réussi à déduire. Lorsque j'ai appelée la jeune fille, il a eu le temps de s'enfuir avec elle ; la milice d'Elimith est arrivée à cause de mon cri et, bien inconsciente du danger, m'a empêché d'intervenir au lieu de m'aider.


Le soir de l'enlèvement d'Eluria, je me suis éloigné d'Elimith pour observer des horizons un peu plus éloignés. Quelques temps plus tard, c'est au plus profond d'une forêt étrange que j'ai connu pour la première fois une situation... Véritablement anxiogène. Un petit être aux allures abracadabrantesque m'a joué un mauvais tour que je ne suis pas prêt d'oublier ! Mais à l'issue de cette épreuve, j'ai eu la chance de recevoir un nouvel arc qui me paraît en tout point supérieur à ceux que j'ai jamais eu l'opportunité d'utiliser !


Un nouveau mois entier s'est écoulé, lors duquel j'ai pu explorer les alentours. Une idée m'est venue mais elle requiert quelques préparatifs pour rassembler un nouveau groupe. La solitude est l'un des ennemis que je dois vaincre si j'entends survivre dans les Landes : on peut certes aller plus vite seul, mais l'on va toujours plus loin à plusieurs. Je crois d'ailleurs avoir trouvé deux alliés compétents...
De retour à Elimith, la situation frisait la fatalité à cause d'une mystérieuse maladie. J'y ai fait la rencontre de Playru mais personne ne pouvait s'attendre à une crise aussi saisissante...


Mes préparatifs progressent et j'ai concocté un plan qui devrait se finaliser d'ici quelques mois, peut-être un peu plus si les ailes de la fortune me trahissent. Elles semblent pourtant jouer en ma faveur car sur mon chemin, il s'est trouvé un campement en construction qui contient ce que je convoite...