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Soudainement, et bien plus lestement que sa lourde carrure ne le laissait suggérer, Auru s'arracha à la cloison. D'un bond – à l'image de ces démons de l'ancien temps, que les Aïeuls montaient sur des ressorts –, il saisit Talen au col et le plaqua contre le mur. Du bout de son pic à glace, il vint tutoyer son menton. «
Insulte moi encore une fois et j'te saigne », murmura-t-il à son oreille, avant de finalement lâcher prise et reporter son attention sur la besogne pour laquelle on le payait aujourd'hui. «
Putain d'abruti », marmonna-t-il tout bas, conscient qu'il lui faudrait un jour ou l'autre partir. Il n'était pas fait pour cette vie posée — dolente, même. Pas fait pour protéger les possessions d'un autre, pour rester sage devant la femme d'un autre. Non, il brûlait d'un autre feu ! Plus brillant et plus vivant que celui de tous les misérables qui se cachaient derrières les murs de la Cité. «
On devrait faire une ronde », grommela-t-il néanmoins, d'une voix résignée autant qu'elle pouvait être frustrée. «
Avec un peu de chances, on trouvera peut-être de quoi se réchauffer les poings », siffla-t-il ensuite, non sans frapper ses cestes l'un contre l'autre. «
T'as sans doute raison », maronna seulement son associé, les phalanges encore blanchie et la gorge cassée parce qu'il espérait être l'émotion. Un sourire mesquin étira les lèvres du gros-bras.
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Grouille-z’y !", tonna Datoh aussi discrètement qu’il était capable de le faire. Son frère cadet lui avait dit qu’il ne se sentait pas bien depuis qu’ils étaient passés chez Alistair et avait insisté pour s’éloigner, le temps de quelques minutes. Le Bourgmestre les avait chargés de veiller sa logis, sa femme et son fils comme la prunelle de leurs yeux. Sans vraiment savoir de quoi il s’agissait, ils avaient tous les deux compris que c’était là quelque chose de précieux. L’ainé espérait cependant que Baldin n’avait pas remarqué toute la confusion dans son regard. «
J’fais-z’y comme je peux ! », chuchotât à son tour Mutoh, avec toute la sourde subtilité d’un Moblin à-demi endormi. Il faisait pourtant son possible pour ne pas déranger le sommeil de la maisonnée, pourtant éveillée depuis des heures. D'ici, il n'aurait pu entendre les cris et les sanglots qui agitaient la chambre de Koryl.
Un long frisson secoua l'échine de Datoh, tandis que ses grosses paluches se refermaient sur la hampe de son bec-de-corbin. Le Bourgmestre lui avait offert cette arme en guise de paiement, pour son premier labeur. Il ne s'en était jamais séparé depuis. «
Quand t'auras-tu fini ? », s'enquit-il en direction de son frère, dont « l'envie pressante » ne lui semblait finalement pas si pressée. Il l'avait connu plus rapide et, ce soir, il regrettait ne pas pouvoir moquer sa célérité en toute choses. «
Datoh, tu m'emmerdes ! J'viens-tu t'faire chier, moi, quand tu pisses-tu ?! », grogna Mutoh, visiblement agacé. «
Non, mais... — », commença le plus âgé des deux bourriques. Avant d'être subitement coupé. «
Mais ferme ta gueule ! Y vont pas mourir pendant que j'vidange eula'citerne ! », beugla son idiot de frangin. Sans doute fulminait-il autant que lui.
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Très bien. Mais quand t'auras-tu fini on ira voir l'annexe. Eul'Bourgmestre veut qu'on y jette une tête", annonça Datoh. De son perchoir, le visage de Mutoh sembla un temps se dégonfler. «
Mais... J'ai pas d'tête à jeter, moi ! », marmonna-t-il seulement.
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