Hyrule's Journey

Niché au creux de hautes vallées, en de nombreux points similaires à certaines des montagnes qui lézardent les cartes du monde connu, le village de Cocorico accueille la tribu d’Impa. La cinquantaine de Sheikah qui habitent entre les longues dents-de-pierre constituent l’essentiel des restes du Clan qui, jadis, aurait pu gouverner l’Empire dans son entièreté.

L'assaut du Fléau ainsi que le Grand Exode ont marqué le peuple de l'ombre autant que le dernier berceau de sa civilisation. Masqué par les Sommets de Narisha, l'esprit protecteur qui – dit-on – veille sur la communauté, ce petit hameau a cela de très étrange qu'il a l'air épargné par le monde dans lequel il évolue. Naturellement, il n’en est rien — pourtant la capacité des Sheikah à garder un certain sang-froid contribue à faire illusion. À l’image, peut-être, des larges toits de chaume brune, que l'on retrouvait déjà coiffant les lotissements des Anciens du Clan il y a des générations. Leur teinte sombre se détache de l'horizon, une fois passé les massives collines qui camouflent le village, et lui confèrent une unité presque intemporelle. De l’aveux des rares aventuriers et aventurières qui ont été admis derrière les murailles érigées par les Landes elle-même, cet archipel de paix dégage une sérénité rassurante et unique en son genre, jusque dans son architecture.

De petites statuettes de terre cuite ornent les paliers et parfois les fenêtres de chacune de ces habitations construites sur le modèle d’une époque partout ailleurs révolue. Elles représentent souvent une silhouette humaine, quoiqu'un peu rustre, aux yeux creux et à la bouche percée. Les gens d'Impa ont toujours tû le véritable rôle de ces modestes protecteurs, dont ils ne se séparent pourtant jamais. D’aucuns prétendent qu’ils accompagnent leurs maîtres jusque dans la mort, où ils veillent les défunts.

D’autres sculptures gardent le village du Mal qui ronge l’ancien Hyrule. Non loin du petit cimetière, cinq d’entre elles sont régulièrement garnies d’offrandes — carottes, pommes et potirons faisant partie des dons les plus communs. Ils serviraient, prétendent les Sheikah, à apaiser les esprits des bois qui jouxtent le hameau. Enfin une imposante statue de la Mère, déesse oubliée des Hyliens, demeure au centre de la petite agglomération. La végétation attaque sa pierre et un étrange bavoir décore son cou.

Face à elle, bâtie à la surface même du Lac Plumage, se dresse fièrement la demeure d’Impa. Cette bâtisse, la plus grande du village, est gardée chaque heure du jour et de la nuit. N’y entrent que celles et ceux qui y ont été explicitement invités. C’est là que réside la Doyenne, dorénavant trop âgée pour en sortir, et sa petite-fille à qui incombent les respects à l’aînée. C’est elle qui, quotidiennement, assure le bien-être de son aïeule et l’épaule dans toutes les taches qu’elle ne saurait plus accomplir à elle seule.

Du toit de la propriété s’étendent deux longs fils de chanvre auxquels les gens de l’Ombre ont accroché des petites tablettes de bois peintes et sculptées. Elles courent de maison en maison jusqu'à gagner les coins les plus reculés du ménil. Quand souffle le vent, elles entonnent alors un discret chant qui prémunirait les natifs contre les afflictions du monde.

Plus haut, au cœur même d'une des collines, sommeille un vieux monastère. La plupart des Sheikah eux-mêmes ont interdiction d'y pénétrer, à l'exception de celles et ceux chargés de les réapprovisionner en vivres, une fois par lune. D'aucuns racontent d'ailleurs que c'est autour de ce temple – ainsi que du sanctuaire antique dorénavant scellé – que s'est construit ce petit bourg. Nul, sinon les gens d'Impa ne sauraient confirmer la légende...