Ancien avant-poste fortifié, l'Etape d'Hyrule servait jadis d'arrêt pour les voyageurs fatigués par leurs périples sur les routes. Ce vieux faubourg aux avenues dallées accueillait, dit-on, un large marché à ciel ouvert ainsi que plusieurs établissements protégés de la colère des cieux par des toitures de tuile. Quelques-uns des vestiges qui ont su traverser les âges attestent ces théories. Ici, un vieil écriteau semble dépeindre un demi, un coq rôti et un lit festoyant tous ensemble. Plus loin l’un des emblèmes de l’ancien Hyrule gît dans la boue, où il a tout perdu de ce qui, jadis, le faisait reluire.
Nul ne sait précisément jusqu’où s’étendaient les Marchés du Plateau. D’aucuns prétendent que les deux immenses tronçons de pierre taillée desquels sont suspendus de vieilles oriflammes délavées en marquent le début et la fin. D’autres pensent que les quelques pierres qui tiennent encore debout, à l’ouest, représentaient un troisième quartier, qu’ils se plaisent généralement à désigner comme l’ancienne étape du Seuil.
Long de plusieurs lieux dans tous les cas, il s’agit d’un chemin fastidieux et éreintant. Nombreux sont les voyageurs qui doivent s’arrêter en cours de route pour prendre le temps de faire bivouac. Çà et là, les traces de feu récents s’ajoutent aux cendres grises d’un monde autrefois ravagé par les flammes azur des araignées de fer.
Certaines et certains y trouvent parfois de vrais trésors. En fouillant un peu le reste des échoppes, il est possible de dénicher l’une de ces perles rares, qu’un précédent voyageur aurait perdu ou que personne n’aurait vu auparavant — quoique ce cas soit plus rare. Plus de quatre générations après le Fléau, des légions de survivantes et de vagabonds ont sucé l’os du monde de toute sa moelle.
Nombreux sont celles et ceux qui préfèrent ne pas s’approcher de ces lieux une fois la nuit tombée. Ils servent régulièrement de refuge à des tribus Boko en vadrouille, à la recherche de gibier ou simplement en lutte pour le contrôle du territoire.
L’une de celles qui rôde le plus souvent aux alentours des vieilles halles serait menée par un Moblin massif, au cuir d'ébène. Quelques témoignages racontent qu'il a le cou décoré des crânes de ses proies, dont il aurait fait un bien macabre collier. Sa lance, immense, ferait trembler le sol à chacun de ses assauts et sa hanche serait lestée d'une lanterne brisée, éteinte depuis déjà des lustres. Certains disent aussi qu'il lui manque une oreille, mais peinent généralement à se souvenir de laquelle il s'agit.
Les Boko ne sont pas les seuls à profiter de l'ombre offerte par ces grands murs de grès pour tendre des embuscades aux pauvres hères qui s'aventurent sur les routes. Des coupes-gorges y détroussent aussi les miséreux et les moins-que-rien. Pour autant, à en croire les légendes, ce ne sont pas eux qu'il faut craindre le plus, mais bien la Dame aux sanglots. A chaque lune chantent ses larmes et ses regrets. Une sérénade à glacer le sang.
Rappel: les monstres indiqués comme rares dans le bestiaire ne sont disponibles que via un lancer de dés ou l'intervention du narrateur.