Le Fléau d'Elimith : des maux que nul rempart ne saurait repousser – Repos et soins à l'auberge

[Quête Halloween - 2020] - Partie III - Team Grey's Anatomy

Fin de l'automne - 4 mois après (voir la timeline)

Ludrick

Mascotte incontournable

Inventaire

Jour II - 20:35


Après qu'Arkai, Soje et Ludrick se soient séparés, le pauvre guerrier ne put que faire quelques pas en direction de l'auberge avant de devoir avancer en rasant les murs et s'appuyant sur ceux-ci. Il déposait sa main sur la pierre froide des bâtisses à chaque pas qu'il faisait. Il se sentait encore bien plus faible qu'il ne l'aurait cru et ne l'avait fait paraître. Ludrick avait l'impression que ses jambes pourraient le lâcher à chaque instant. Il était content que personne ne soit de sortie en dehors des miliciens. Il ne voulait pas que trop de personnes ne voient son visage. D'ordinaire, ça lui aurait prit une dizaine de minutes pour marcher jusqu'à l'endroit où il estimait trouver la guérisseuse sauf que ça lui prit le double de ce temps. Malgré tout, il devait faire vite avant qu'il ne se fasse attraper en dehors alors qu'il y avait encore le couvre-feu. Il serait aussitôt ramené à son père sans aucun soin ou même bien pire au vu de la situation sanitaire et de ses blessures. Il craignait ce que la crainte pourrait provoquer chez certains miliciens en l'apercevant dans la sombre nuit. Il profitait de l’obscurité des rues pour se déplacer dans la nuit. Il connaissait les chemins de patrouilles ainsi que les endroits les plus discrets pour se faufiler dans le village. Il ne pourrait supporter la douleur de ses blessures ou de les laisser empirer en se contentant de rentrer chez lui. Il était déterminé à rejoindre Célyse.



Arrivé à l'auberge, il avait récupéré un peu de forces et n'eut plus besoin de se tenir aux bâtiments pour avancer. Il déposa sa main sur la poignée froide en métal de la porte et l'ôta instantanément, comme si ce simple objet lui avait brûlé la paume. Ce froid lui rappelait de mauvais souvenirs bien trop vifs encore. D'un point de vu extérieur, il aurait pu sembler fou mais il sentait l'angoisse monter alors que la douleur qu'il avait ressenti, à cet instant, semblait à nouveau présente comme si elle ne l'avait jamais quittée. Ses yeux se remplirent de larmes alors qu'il prit de grandes inspirations pour se calmer avant de pousser rapidement la porte comme s'il arrachait un douloureux pansement. Il n'imaginait pas avoir été si violemment marqué par cette expérience et pourtant. Il se faufila dans l'ouverture de l'encadrement de la porte pour éviter de devoir retoucher la poignée si la porte se fermait. A peine eut-il entré que les gens se retournèrent vers lui.

"P'tain c'est quoi ça ?! T'es malade ?! Dégage !" cria l'aubergiste de l'autre bout de la bâtisse en apercevant le jeune homme. "Mais j'ai besoin d'aller..." Il fut tout de même atteint par ses paroles alors qu'il tenta de forcer son chemin mais il fut très vite repoussé par un coup de bâton dans le torse. "Je m'en fous ! Casse-toi." Il fut poussé à plusieurs reprises à l'extérieur de l'auberge avant que la porte ne soit refermée. Il devait abandonner l'idée d'entrer par l'entrée principale et il devait vite partir avant que le bruit provoqué n'attire les patrouilleurs. Il fit le tour des murs pour rejoindre les fenêtres de l'autre côté. Il estima plus ou moins celle qui appartenait à l'endroit où dormait Samir et Célyse avant de jeter à plusieurs reprises des petits cailloux sur les volets en bois de celles-ci pour attirer son attention. Au bout de plusieurs lancers, il finit tout de même par attirer l'attention de celle qu'il voulait voir.




"Célyse." dit-il alors qu'il se tenait droit au pied de la fenêtre, bien plus bas. Il parlait assez fort pour qu'elle l'entende sans pour autant hausser de trop la voix et attirer des indésirables. Il était gêné de se montrer dans un tel état face à elle malgré sa condition de soigneuse et l’obscurité de la nuit. "C'est moi... Ludrick... Au cas où... Voilà." Il avait dit tout ça tout en montrant son propre visage de sa main. Il ne savait absolument pas à quoi il ressemblait avec toutes ses blessures et si, seulement, il était reconnaissable. "J'aurais besoin de soins mais ça, tu l'as remarqué, je pense." Il rigolait nerveusement. Il semblait épuisé, surtout mentalement, ce moment de repos lui ferait le plus grand bien avant de reprendre ses devoirs le lendemain.




"Mais j'ai bien plus important à te dire. J'ai des informations."



Depuis cet endroit, il ne pouvait voir l'intérieur de l'endroit et ne savait donc pas si elle était seule ou accompagnée. "Samir et Slo'Anh sont avec toi ? Ce serait plus simple." De plus, il savait que ça lui ferait beaucoup de bien de les voir eux aussi. Toujours plus de visages amicaux étaient plaisants pour son moral ébranlé. "Rejoins moi en bas, un peu plus loin derrière le bâtiment. Il y a la rivière, on sera tranquille. Ils ne patrouillent pas là, généralement."


Célyse


Inventaire

Dire que le trio médical avait passé une journée noire aurait été un euphémisme.

Hébétés par ce qu'ils avaient vus chez l'employeur de Samir, le concerné et ses deux compagnes d'aventure s'en étaient retournés à l'auberge sans échanger un seul mot, ni même un seul regard. Après s'être isolés dans leurs chambres respectifs pendant quelques instants pour pouvoir se remettre de leurs émotions, Slo'Ahn ayant été invitée à partager celle de Samir pour des raisons de praticité, ils avaient fini par descendre prendre un repas de fin de matinée assez tardif, et sans aucun enthousiasme. A vrai dire, Célyse mangea très peu tant elle en avait l'estomac noué - et c'était chose rare pour cette doctoresse que même les actes chirurgicaux n'ébranlait pas. D'aucun n'osa évoquer la scène qui leur avait été exposée plus tôt.

Après cette maigre pitance, Célyse finit par lâcher un long soupir las avant de déclarer à ses compagnons qu'elle avait besoin de sommeil. Cependant, leurs autres compagnons partis aux quatre coins de la ville risquaient de revenir, aussi proposa-t-elle que l'un d'entre eux trois restât toujours à veiller dans la salle principale de l'auberge, afin de pouvoir les intercepter lorsque ceux-ci reviendraient.

Célyse partit la première se reposer. Une fois seule dans sa chambre, elle s'affala sans même se changer et s'endormit comme une masse. Vers la fin de l'après-midi, quelques coups à la porte l'arrachèrent au cauchemar qui l'assaillait, et elle s'éveilla en un sursaut difficile. Le visage de l'enfant lui restait gravé dans la rétine. D'un geste nerveux, elle tira à plusieurs reprises dans ses cheveux noirs de jais, un geste répétitif qui l'aida à reprendre pied, avant de quitter son couchage et de se diriger vers la porte. Passant devant le miroir de sa chambre, elle décocha un regard calculé à son reflet. Celui-ci ne lui renvoyait rien d'autre qu'elle-même, une jeune Hylienne dans la fleur de l'âge, pleine de vitalité. Le froid qui l'avait transi dans la chambre de l'enfant aurait presque pu paraître un mauvais rêve...

La voix de Samir retentit à travers le battant de la porte, comme une interrogation. "C'est bon, j'arrive, tu peux prendre ma chambre," lâcha la soignante d'une voix un peu rauque et agressive. Elle réarrangea un instant sa tenue avant d'ouvrir la porte, et de prendre la relève du Gérudo dans la salle principale.

Puis elle attendit.
Le soir tomba très vite, et l'heure du dîner passa, mais aucun compagnon ne revint.

Etant la dernière à tenir la garde, Célyse finit par remonter à l'étage, et par toquer à sa propre chambre afin d'y réveiller Samir. "Toujours personne," lui annonça-t-elle froidement lorsque celui-ci ouvrit la porte. "Va chercher Slo'Ahn, et revenez quand vous serez prêts. J'ai besoin de discuter avec vous de ce qu'on a vu ce matin chez Seym."


Tandis que Samir sortait appeler la femme des rivières, la doctoresse prit le temps d'attiser le feu de l'âtre qui commençait à s'éteindre. Les nuits se faisaient glaciales dernièrement. Par automatisme, elle sortit le baume qui lui servait de rouge à lèvres de sa sacoche, et elle appliqua une fine couche sur ses lèvres en attendant le retour de ses compagnons. La sieste n'avait pas suffit à effacer la fatigue de son regard, mais au moins était-elle un minimum plus présentable, tant qu'on ne l'observait pas de trop près.

Lorsque le Gérudo et la Zora revinrent et s'installèrent tous deux dans sa chambre, Célyse commença à retracer leur matinée chez Soje et Seym. Elle n'eut cependant pas l'occasion d'avancer longtemps sur le sujet car deux, puis trois coups répétitifs ricochèrent contre le volet en bois de sa chambre. Tout le corps de la doctoresse se raidit. Elle jeta un regard alerte à ses deux compagnons, comme pour les intimer à rester immobiles et silencieux, avant de pivoter sur la pointe des pieds et de saisir son wakizashi au passage. A ce stade, l'arme servait davantage à la rassurer qu'à la protéger d'un quelconque danger. Leur rencontre avec Sépharo le matin-même avait suffit à la rendre paranoïaque.

D'un pas de loup, elle s'avança jusqu'à la fenêtre de sa chambre, qu'elle ouvrit d'une main peu assurée. Poussant le battant de son volet, elle hasarda un regard inquiet à l'extérieur, et porta la main à la garde de son sabre lorsqu'elle aperçut une silhouette juste en contrebas. L'intrus se déclara cependant très vite, pour dissiper tout malentendu. Les yeux écarquillés, la soignante mit un temps à répondre tant les mots lui manquaient.

Le visage de Ludrick était si abîmé qu'elle aurait pu crier en croyant voir un fantôme vengeur si celui-ci ne s'était pas présenté tout de suite.

"On arrive," lança-t-elle d'une voix tout aussi basse, en espérant que la bise nocturne porterait ses mots jusqu'à son disciple médical. "J'amène de quoi te soigner."

Et sans perdre une seconde de plus, la femme-médecin claqua la fenêtre avant de préparer son sac en jonc, qu'elle bourra de compresses et de gazes propres, d'alcool de sauge, d'aiguilles et de fils au cas où un rafistolage plus conséquent était nécessaire, et quelques fioles dont elle seule connaissait le secret. Une fois prête, elle hissa le sac sur ses épaules avant de se tourner vers Samir et Slo'Ahn. "C'est Ludrick," annonça-t-elle très sobrement. "Il est blessé. Il nous attend derrière le bâtiment, près de la rivière, pour éviter les patrouilles. Il a des informations. Prenez une lanterne, et suivez-moi."

Elle n'attendit pas la réaction de ses compagnons pour quitter sa chambre. La précipitation ne la rendit pas plus maladroite : c'est en prenant garde à ne pas faire de bruit qu'elle parvint à quitter l'auberge, aussi discrète que la situation pouvait lui permettre de l'être. L'état de Ludrick était affolant, et elle n'était pas prête à perdre une seconde de plus pour pouvoir le prendre en charge.

Une fois derrière l'auberge, près de la rivière, elle aperçut bien vite le jeune Hylien, et elle fonça sur lui avec la rapidité d'un rapace sur sa proie. "Ne dis rien," lui intima-t-elle sèchement lorsqu'elle parvint enfin à sa hauteur. "Dis-moi juste où tu as mal. Le visage, où d'autres ?"

Avec une efficacité très clinique, la doctoresse palpa du bout des doigts le visage boursouflé de son patient, et les nombreuses coupures qui le parsemait. Sa bouche était enflée, du sang séché parsemait encore ses lèvres. A ce constat, elle leva des yeux alarmés vers l'Elimithois. "Tu as craché du sang ? As-tu ingéré ou respiré du poison ?"


Ludrick

Mascotte incontournable

Inventaire

[ Ce texte était caché à certain(e)s participant(e)s dans le cadre de l'event "Le Fléau d'Elimith : des maux que nul rempart ne saurait repousser", à présent qu'il est terminé le contenu est accessible à tous ]

Le jeune hylien avait rejoint la rivière, aussitôt qu'il avait reçu une réponse de son amie. Il n'était pas sûr d'avoir tout compris à cause de la légère distance entre eux ou était-ce parce que son ouïe avait été atteint ? Il ne saurait le dire, son esprit était encore trop embrouillé sur ce qu'il s'était passé. Il était au moins sûr que le trio savait où il irait pour l'attendre. Il n'avait pas encore eu le temps de s'observer, il ne savait quelles blessures décoraient son visage, seulement que celui-ci lui provoquait d"intenses douleurs. Il pouvait encore sentir l'odeur de fer dans ses narines. Dans l'obscurité de la nuit, il ne pouvait même pas observer son propre corps pour en déterminer toutes les blessures. Il avait cogné les parois du puits à plusieurs reprises, il était donc sûr d'être, au minimum, couvert de bleues. Sa mémoire olfactive n'avait pas manqué d'associer l'odeur abominable qu'il avait sentit à ce puits, elle semblait encore présente alors qu'il se rappelait de cet endroit. Il ne voulait pas le faire mais il était obligé pour être sûr de quoi raconter à ses compagnons, il ne voulait pas paraître brouillon ou désorienté. Les informations qu'il détenait était bien trop précieuse à ses yeux pour en oublier ou en donner des erronées.

Assis face au lit de la rivière, il hésita à nettoyer le sang qu'il avait senti coulé sur sa peau quelques temps plus tôt. Il décida de finalement pas le faire, estimant que cela pourrait aider son amie à déterminer ce qu'il avait subit dans l'obscurité du trou. Il déposa ses armes contre le tronc de l'un des arbres parcourant la rive ainsi que sa longue veste. Il faisait froid, une sensation qu'il n'avait pas envie de ressentir aussitôt mais il en était obligé, s'il voulait se faire traiter. Il ne put admirer les ecchymoses sur ses bras que quelques instants avant que Célyse ne fonce sur lui pour l'examiner. Ses doigts expert commencèrent à l'examiner avec assiduité, chaque gestes provoquait une douleur à peine supportable. Ses blessures étaient encore trop fraiches. Maintenant qu'elle n'était qu'a quelques mètres de lui, il arrivait à bien mieux l'entendre.

"Non, j'ai pas craché du sang. C'est du sang qui a coulé de mon nez avant d'être gelé. Je crois que mes tympans ont été atteint aussi, j'ai senti du liquide en couler. Sûrement du sang." Il portait ses doigts à son oreille, touchant son lobe couvert de sang séché pour l'indiquer à la docteur. "Ingéré ? Non. Respiré ? Je... J'en sais rien... Peut-être." Maintenant que l’hypothèse du poison avait été soulevé par la jeune femme, le surnaturel qu'il avait vécu pouvait sembler bien moins mystique. Peut-être avait-il déliré à cause de gaz ? Ce n'était absolument pas impossible à cause de l'éboulement de la mine. "Soit j'ai halluciné dans ce puits... Soit quelque chose de terriblement dangereux s'y cache." Il pouvait paraître pour un fou mais il s'en fichait, il préférait partager chaque hypothèse à laquelle il pensait.

Il observa Célyse, Slo'Anh et Samir chacun à leur tour. Il devait leur raconter ce qu'il avait vécu.

"Ecoutez-moi. J'ai été au puits avec Arkai et Zelda comme prévu. Avec Arkaï et l'aide de Soje, on a débouché le puits et je suis descendu dedans." Il marqua une longue pause, cherchant ses mots, avant de reprendre. "J'ai chuté après quelques mètres, heureusement, j'étais accroché avec une corde. Je me suis cogné contre les parois glaciales du puits à plusieurs reprises. J'ai peut-être une côte de fêlé pour ce que j'en sais." Il tournait légèrement autour du pot, cela l'angoissait de devoir remonter ses souvenirs. "J'y ai senti d'abord senti une odeur épouvantable. Ensuite des choses étranges sont arrivées. Elle m'a parlé et m'a exprimé sa haine, sa colère et ce qu'elle cherchait. On aurait dit la voix de la Mort elle-même qui m'adressait la parole.  Je ne sais pas si j'ai halluciné ou si j'ai vu des choses que je n'aurais pas dû. Finalement, un froid épouvantable a atteint l'intégralité de mon corps et provoqué toutes ces engelures." Il s'arrêta, une nouvelle fois, quelques instants. Il sentait qu'il en avait besoin, il ne voulait pas oublier une information importante. "La voix a hurlé... Hurlé tellement fort que mes tympans ont été blessés, je crois. La chose m'a arraché une molaire, aussi, il me semble. Sur la droite. Je ne l'ai pas perdu après la chute. J'ai eu l'impression qu'on me l'arrachait à main nue avec une force surhumaine." Il exprimait beaucoup son incertitude par rapport à ses blessures mais il n'avait pas vécu quelque chose dont on pouvait aisément être certains de son point de vue. Il ouvrit sa bouche pour que Célyse puisse confirmer l'absence de sa molaire.

"Et vous ? Chez Seym ?"


Célyse


Inventaire

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Le visage grave, Célyse sortit progressivement tout son matériel de soin afin de pouvoir traiter son patient. Elle prépara un chiffon imbibé d'eau de rivière avant de nettoyer tout le sang qui recouvrait le visage de Ludrick, ainsi que ses oreilles. Des croûtes gelées s'étaient formées sur les lobes et sous le nez du jeune Hylien, et malgré la température qui avait chuté avec l'arrivée de l'hiver, le phénomène ne s'expliquait pas si facilement. "On va désinfecter tout ça. Ca va piquer, je te préviens."

Tout en écoutant le jeune homme rapporter ce qu'il avait vu au sein du puits, la femme médecin manipula un gaze propre afin de pouvoir confectionner des pansements pour les plaies qui parsemaient son apprenti, qu'elle traita un par un après les avoir désinfecté à l'alcool. Fort heureusement, celles-ci s'avéraient relativement superficielles, maintenant qu'elle pouvait les examiner de plus près. A l'évocation de sa fracture des côtes, la doctoresse fronça des sourcils mais n'ajouta rien. A part des médicaments pour calmer la douleur et du repos, elle ne pouvait pas traiter cette lésion pour le moment.

Ses mouvements s'arrêtèrent cependant pendant un bref instant, lorsque Ludrick évoqua l'apparition qui l'avait attaqué dans le puits.

Le visage pâli sous la lumière de la lune, la femme de sciences leva des yeux hantés vers l'aventurier. Quelques secondes s'écoulèrent sans qu'elle ne puisse mettre de mots sur ce qu'elle souhaitait exprimer. Peut-être ne savait-elle même pas ce qu'elle ressentait. Impuissante, elle décida de se concentrer sur ses fonctions médicales. Cela lui permettait de reprendre pied face à ce qu'elle ne parvenait définitivement pas à comprendre dans cette histoire. D'un geste clinique, elle saisit la mâchoire du jeune homme et la leva légèrement afin de pouvoir examiner la molaire arrachée de ce dernier. Et effectivement, son récit corroborait bien la trace sanguinolente qui marquait l'intérieur droit de sa bouche.

Dans un silence pesant, Célyse mélangea un peu d'eau et de sel dans un flacon vide, avant de le tendre à son patient. "...Rince-toi la bouche avec ça, deux fois par jour, pendant au moins une semaine." Elle eut un bref instant d'hésitation avant d'ajouter, incertaine : "Est-ce que la... chose a gardé ta dent ?" Elle n'était pas superstitieuse, mais s'il s'agissait vraiment d'un monstre, tel qu'on les décrivait dans les folklores... Ce n'était pas bon signe. Pourquoi le lui avoir arraché si ce n'était pas pour s'en servir derrière ? Un frisson désagréable parcourut ses épaules.

Non. Elle ne pouvait pas se laisser distraire par des pensées aussi illogiques. Il devait forcément avoir une explication à tout ça.

Ou bien n'avaient-il pas déjà récupéré le second morceau du puzzle, en passant voir Seym et son fils agonisant ?

La doctoresse passa une main anxieuse sur son visage, pour s'intimer au calme. De la voix la plus ferme et neutre possible, elle se lança au récit de ce qu'ils avaient pu découvrir à la teinturerie. "Je ne veux pas y croire. Mais ce que tu nous racontes là, ça fait écho à ce qu'on a vu chez Seym." Elle fit une pause, le temps de rassembler ses idées et d'être la plus concise possible. Elle n'avait pas envie de s'attarder sur le sujet. "Son fils, Sépharo, est très mal eu point. Son état se dégrade. Il a eu une crise à notre arrivée, il a fallu qu'on l'attache à son lit. Sa bouche est gravement blessée, comme s'il avait été brûlé. Tout son système sanguin est en vrac, comme s'il cherchait à rejeter quelque chose qui le brûle de l'intérieur. Et..." Son regard, d'ordinaire intransigeant, flancha un court instant. "Il a commencé à hurler, à plusieurs reprises, qu'il ne l'a pas tué. C'est comme s'il parlait à une personne dans la chambre, que personne ne voyait. Il nous a même dit... qu'Elle nous regardait. Il a fixé un long moment le coin de sa chambre. Mais... je n'ai rien vu. Et les autres non plus."

Rien que se remémorer les yeux hantés du petit garçon suffisait à lui glacer le sang. Elle mit un peu de temps avant de reprendre suffisamment contenance pour continuer : "...Mais oui. Il l'a dit plusieurs fois, 'je ne t'ai pas tué'. Et il a fini par lâcher un nom qu'il n'était pas censé connaître. Il a répété plusieurs fois qu'il n'est pas... Link."

Le nom sortit avec difficulté. Elle baissa les yeux avant de continuer. "C'est le nom de son frère, qui a disparu il y a treize ans lors d'une chasse à l'écureuil. Peut-être que tu l'as connu ?"


Ludrick

Mascotte incontournable

Inventaire

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"Je sais que ça pique, haha. Ne t'inquiètes pas et vas-y, j'ai l'habitude." L'ambiance était devenue pesante. C'était inévitable dans une telle situation. Mal à l'aise face au silence de silence de Célyse, il préféra rajouter une anecdote banale pour tenter de dissiper ce moment pesant. "Je me blessais souvent plus jeune. Nicolas avait l'habitude de s'occuper de moi. Pour le remercier, j'ai appris les premiers soins pour ne plus le déranger." Il avait parlé instinctivement en voyant le visage pâle de la soigneuse. Il avait craint de ne l'avoir terrifié avec une telle histoire, même s'il la comprenait pleinement vu la terreur qu'il avait lui-même ressenti sur le moment. Il avait tenté, peut-être en vain, de dissiper le poids du leur inquiétudes à chacun. Chaque fois que le tissus qu'elle utilisait pour nettoyer ses plaies venait se frotter contre elles, il ne pouvait s'empêcher de grimacer de peine. Elles étaient encore forts douloureuses. Il n'en voulait point à Célyse. Elle ne faisait que son travail et ses douleurs provenaient surtout de la fraicheur des blessures plutôt que dû à l'alcool utilisé.

Elle finit par briser le silence, ce qui soulagea le jeune homme. Elle lui donna un traitement à suivre tout en lui tendant une fiole qu'il attrapa dans sa main avant de la glisser dans l'une de ses poches. En plus de faire confiance à Célyse, il savait très bien ce qui était dedans donc il ne posa aucune question. Quand elle mentionna sa dent, il fut silencieux à son tour. Elle l'avait effectivement gardée. "Oui, elle est restée dans le puits." Il ne s'en inquiétait pourtant pas comme Célyse le faisait. Il ne se doutait pas que sa dent puisse être utilisée à de mauvaises fins.

Suite à ça, il écouta silencieusement les paroles de son amie alors qu'elle décrivait ce qu'ils avaient vu chez Seym. Tout ça lui glaçait le sang. Le gamin traversait donc tout ce qu'il avait vu dans le puits ? Il était mortifié à cette idée. C'était difficile à entendre. Tout ça faisait écho à sa propre expérience tout en touchant un pauvre enfant innocent. Elle finit par mentionner Link, le grand frère disparu de Sepharo, alors que Ludrick n'était qu'âgé de 10 ans. Ses souvenirs de cette période n'étaient pas des plus plaisantes. Comme lui, Link était un enfant qui vivait à part des autres de son âge. Il se rappelait vaguement qu'il était quelque peu particulier mais rien de plus. Il se frotta le menton alors que sa main rencontra la poignée de sa dague familiale.

"Je l'ai un peu connu. Observé serait plus juste. Nous n'avons jamais été amis. Je dirais qu'il était... Bizarre ? C'est ce qu'aurait dit les enfants mais ils auraient dit pareil de moi. Pour ma part, je pense qu'il vivait juste dans son propre monde." Ludrick avait toujours vu Link comme un enfant gentil. Il ne créait jamais de problèmes et sa disparition n'avait pas fait grand bruit. Pas assez que pour qu'un garçon de 10 ans ne s'en préoccupe. "Et non, je n'en sais pas plus sur sa disparition. Ce ne sont pas des choses rares dans le village. Beaucoup de personnes disparaissent et très très peu sont retrouvées. Personne n'est partit à sa recherche, à vrai dire, je crois." Rien que de prononcer ses mots, Ludrick se sentait mal. Il repensait à chaque enfants qui avaient disparut dans les bois. Tant qu'il n'arrivait même plus à se souvenir du nom de certains. Il se sentait horrible de les avoir oubliés. Peut-être venaient-ils se venger de cet abandon ?

"Il délire à propos de son frère disparu, alors ?" Ludrick baissa les yeux vers sa dague qu'il fixa quelques courts instants avant de redresser son regard vers ses interlocuteurs. "Il n'était même pas né à l'époque et ce n'est pas un sujet que ses parents aiment aborder. Comment pourrait-il savoir ?"

Plus il en apprenait et plus les choses devenaient étranges et inquiétantes. Il faisait face à des forces qui le dépassait et qu'il ne pouvait atteindre. Il aurait largement préféré avoir à affronter quelque chose de soignable grâce à des traitements ou de tuable. Il préférait largement s'accrocher à une explication rationnelle à laquelle ses pensées s'étaient rattachées. Il y pensait depuis maintenant quelques temps, pour expliquer tout ce qu'il a vécu. "La mine, sous le puits, s'est effondrée et j'ai vu la même chose que Sepharo seulement en entrant profondément dans le puits. Ça s'est arrêté quand j'ai respiré l'air frais de la surface." Il hésitait à en dire plus, de peur qu'on ne prenne sa théorie pour quelque chose de ridicule. Malgré tout, il continua. "Je sais qu'il est possible d'être empoisonné par des gaz. C'est toi-même, Célyse, qui me l'a appris. Et je sais aussi que certains mineurs l'auraient été. Peut-être est-ce des hallucinations liés à tout ça ? Je n'ai peut-être pas été exposé assez longtemps pour tomber malade comme les autres mais... Peut-être est-ce dû à ça ?"


Slo'Anh

Sourire d'enfer

Inventaire

(vide)

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Aussi loin que remontaient ses souvenirs, Slo’Anh avait toujours été particulièrement calme d’apparence, même pour une Zora. En dehors de la chasse, son corps était davantage un poids qu’un véritable atout, et il l’encombrait à bien des égards, si bien qu’elle avait tendance à l’oublier dans un coin pendant qu’elle s’évadait dans ses pensées qui s’enchaînaient les unes après les autres. C’était aussi pour cela qu’elle n’avait jamais été bien loquace : pourquoi s’étayer sur les autres quand sa propre imagination la perdait déjà suffisamment ?

Cette journée ne faisait pas vraiment exception, mais le phénomène lui sembla cependant plus marqué. Après les horreurs - et les chimères bien trop réalistes -  qu’ils avaient vues et entendues chez les teinturiers, elle avait de quoi ressasser et imaginer à foison. A peine s’étaient-ils installés à l’auberge avec Samir et Célyse qu’elle avait été pour ainsi dire propulsée hors de son corps, et se voyait presque à  côté de ce dernier pendant qu’elle revivait intérieurement ce qu’ils venaient de vivre. Même ses quelques allers et retours entre le fond du petit étang et ses tours de garde distraits avaient été exécutés si machinalement qu’elle en avait à peine pris conscience.

De retour à l’auberge alors que la nuit tombait, mille questions se bousculaient dans sa grande tête, et aucune réponse, ou à l’inverse, beaucoup trop, sans savoir laquelle était la bonne. Une légère secousse la tira de sa rêverie, et elle rencontra alors le regard de Samir. Vu son expression, il avait dû l'appeler plusieurs fois avant de la toucher. « Pardon. J’étais… » bredouilla-t-elle. « Que se passe-t-il ? » Le garçon lui sourit avec toute la chaleur dont il était capable en cet instant, et elle se demanda si elle serait un jour capable de dégager autant de positivité un jour. « Célyse veut nous voir. » explica alors le Gérudo tout doucement. Alors elle se leva et le suivit.

L’ambiance était pesante dans la chambre. Célyse parla majoritairement, retraçant les événements de la matinée avec la précision chirurgicale dont elle faisait preuve dans beaucoup de choses. Mais leur synthèse fut de courte durée car trois coups retentirent bientôt. Sans trop comprendre comment, la Zora s’était retrouvée à l’autre bout de la pièce, la mâchoire prête à croquer. « C'est Ludrick. Il est blessé. Il nous attend derrière le bâtiment, près de la rivière, pour éviter les patrouilles. Il a des informations. Prenez une lanterne, et suivez-moi. » Le coeur de la Zora se serra très fort. Ludrick était blessé, et la dernière fois qu’ils s’étaient vus elle avait été mesquine. Elle s’en voulait terriblement à présent, alors qu’ils descendaient, son leurre frontal éclairant ses pas d’une lueur fantomatique.

Ce fut à peine si elle reconnut le jeune homme tant il était abîmé. Peu à l’aise avec les mots, elle prit naturellement place dans l’angle mort de Célyse pour l’assister alors qu’elle prenait les choses en main pour le soigner. Ils se racontèrent alors leurs dernières heures, et celles de Ludrick n’étaient pas plus rassurantes que les leurs.

Lorsqu’il parla de sa dent, restée au fond du puits, les deux soigneuses se regardèrent avec un mélange de gravité et de panique. Tout lui hurlait de ne pas partir sur des hypothèses surnaturelles, mais après ce que Seym leur avait raconté, elle avait de plus en plus de difficultés à rester rationnelle. Ils racontèrent d’ailleurs à leur tour leurs aventures au jeune aventurier, et en profitèrent pour le questionner sur le fameux Link. Il confirma sa disparition et sembla tout aussi perdu qu’eux.

Mais l’enquête reprit rapidement le dessus, et bientôt des hypothèses furent avancées. « Oui, un gaz peut expliquer les symptômes, mais ça ne fait pas disparaître les gens. » répondit-elle, contrariée par ces zones d’ombres qui demeuraient. « Des champignons ou des algues peuvent aussi faire des ravages. » Mais que venait faire le grand frère dans tout ça ? Un frisson lui redressa l’aileron dorsal, et machinalement, elle jeta un oeil apeuré derrière son épaule, prête à tomber nez à nez avec elle ne savait quel monstre aux yeux jaunes et aux dents encore plus tranchantes que les siennes. « Et surtout, comment ça a atterri là ? » murmura-t-elle, l’air bien soupçonneux.


Célyse


Inventaire

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Des hallucinations dues à un gaz qui se serait échappé des mines effondrées. L'hypothèse paraissait tenir la route. Mais alors, comment expliquer la dent que Ludrick avait perdu dans les sombres tréfonds du puits condamné ? Cela aurait été plus rassurant s'il s'agissait d'une de ses dents de devant : il aurait pu se cogner contre une paroi par inadvertance, et son esprit que le gaz trouble aurait rendu confus aurait pu lui faire croire à une rencontre surnaturelle... Sauf qu'ici, il s'agissait d'une molaire. Le jeune homme n'aurait pas pu s'arracher une molaire à main nue, c'était tout bonnement impossible.

Le visage de Célyse, d'ordinaire basané et impassible, virait progressivement à une teinte cendrée qui ne traduisait que trop bien la terreur sourde qui lui traversait la poitrine. Son coeur fébrile cognait contre sa tempe, tel un moineau affolé qui ne parvenait pas à sortir de sa prison de chair. Ce n'était pas possible, et pourtant. Plus elle creusait au fond d'elle-même pour trouver une raison rationnelle à ce qui se passait dans ce village, plus les éléments convergeaient en un seul et unique point.

La doctoresse se mua dans un silence de plomb.
Elle ouvrit la bouche, mais aucun son n'en sortit.

Elle ne voulait pas le dire. Pas à haute voix, et exposer cette idée folle à ses compagnons temporaires.

Mais avait-elle vraiment le choix, quand le destin des enfants du village d'Elimith en dépendait ?

« Link- » proféra-t-elle d'une voix éraillée qui ne lui ressemblait pas. « Et si ce n'était pas le frère de Sépharo ? Et si c'était... »

La jeune femme ne termina pas sa phrase. Une expression douloureuse passa comme une ombre sur son visage austère. Sur un autre ton, plus ferme et plus calme, dissimulant l'ébranlement profond qui agitait son âme, elle reprit : « Quand j'étais petite, dans mon village à Hébra, ma mère me racontait souvent cette histoire. Peut-être que vous ne la connaissez pas, car celle-ci est transmise de génération en génération dans le peuple de ma mère uniquement. Le peuple du village caché. »

Son regard fuyait délibérément celui de ses camarades. C'était la première fois qu'elle parlait de sa génitrice à des membres extérieurs à sa famille. Même Samir n'en avait jamais entendu parler avant cette nuit. Impatiente de tout dire maintenant qu'elle s'était lancée, elle continua :« Il y a un peu plus de cent ans, un héros porta le nom de Link. Celui-ci tenta de toutes ses forces de protéger notre royaume de la ruine. Peut-être avez-vous entendu parler de la malédiction qui sévit sur la Citadelle d'Hylia ? C'est contre elle que le héros s'est battu. Et c'est face à elle qu'il a perdu. »

Un ange passa. Plus indécise cette fois, la doctoresse finit par avouer : « Je ne connais pas la fin de l'histoire. Ma mère a quitté son peuple avant ma naissance, pour venir s'installer à Hébra avec mon père et fonder une famille avec lui. Honnêtement... je ne pense pas qu'elle connaissait le dénouement non plus. Mais peu importe comment se termine la légende. » Le regard d'acier de la jeune femme transperça tour à tour le visage de chacun de ses compagnons, comme pour tester leur détermination. « Ce héros, du même nom que le frère de Sépharo, a bel et bien existé. Et c'est aux murailles d'Elimith qu'il a été tué. Alors... Peut-être qu'il est déjà venu au village. Peut-être même qu'il a affronté et scellé une force maléfique sous le puits, que l'effondrement de la mine a libérée. »

Consciente de l'absurdité de ses propos, et ce d'autant plus en tant que femme de sciences, Célyse passa ses mains sur son visage avant de lâcher un profond soupir. Elle paraissait lasse. « Je sais ce que vous pensez. C'est une histoire tirée par les cheveux. Mais Ludrick, même si tu étais victime d'hallucinations, comment t'aurais pu perdre ta molaire comme ça, si ce n'est que quelqu'un... ou quelque chose... te l'a arrachée ? Comment expliquer que tous les petits garçons du village soient attaqués par ce mal aux symptômes contradictoires, qu'aucun médecin n'a été capable d'identifier ? »

Incapable de rester sur place maintenant qu'elle avait enfin exprimé le fond de sa pensée, la doctoresse bondit sur ses pieds et se mit à faire les cent pas, agitée comme une lionne en cage. « Je sais que j'ai l'air d'une folle, d'envisager même une seconde que c'est possible. Qu'il y a une malédiction qui pèse sur ce village, et que c'est lié à un type qui a vécu ici il y a plus d'un siècle. Mais s'il s'agit bien de ça... Si un monstre, un fantôme, une chose essaie de se venger de ce héros oublié, alors ce n'est pas un médecin qui pourra sauver les enfants. » Son regard était d'une dureté qui ne laissait place à aucune concession. « C'est un exorciste. »


Ludrick

Mascotte incontournable

Inventaire

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Alors que Célyse expliquait ses théories, Ludrick gardait un oeil affuté. Il connaissait les rondes des gardes grâce au poste de son père et il savait plus ou moins les estimer entre chacune. Les soins de la guérisseuse ainsi que le temps que cela lui avait accordé lui avait permis de retrouver la pleine possession de ses sens. Ses souvenirs du puits restaient flous mais il était maintenant bien plus conscient de ce qui l'entourait en ce moment. Cela faisait un bon moment qu'ils discutaient ici, en sûreté, mais la prochaine n'allait pas tarder à descendre le village. Au loin, il pouvait déjà voir la lumière, de ce qui était sûrement leurs torches, bouger dans la pénombre des hauteurs du village. Elle disparut derrière l'un des bâtiments. Il devait leur rester à peine une quinzaine de minutes, le temps qu'ils regardent les alentours de chaque bâtiments avant de venir regarder le terrain derrière l'auberge et donc les rives de la rivière, ces mêmes rives où ils se trouvaient.

Même si Ludrick trouvait quelques failles à la théorie de Célyse, elle lui semblait plausible. Les mines s'étendaient sous le puits et les mineurs auraient remarqué si une telle créature y vivait ou y avait été enfermé... Mais personne n'avait été retourné dans les mines depuis l'éboulement du puits. Quand au puits encore utilisable, il était récent. Bien trop récent pour être fait mention dans une vieille légende venant du village de Célyse. Jamais il n'avait entendu parler de cette fameuse légende et de ce Link qui se serait battu vaillamment. Moultes questions lui brûlaient les lèvres et il voulait absolument en savoir plus sur ce héros. Pourquoi une telle histoire n'avait jamais quittée les lèvres de ses parents ? Malheureusement, il n'en avait pas le temps, pour l'instant. Il se releva, sur ses jambes ayant repris des forces, il était encore faible mais il pouvait maintenant marcher sans tituber ou sans avoir besoin d'une aide.

"Écoutez" Dit-il d'une voix plus basse que d'habitude, il semblait réfléchir alors qu'il parlait. "Peut-être as-tu raison, Célyse. On ne sait ce qui parcoure ce monde. En particulier moi qui ai à peine quitté les murs de ce village." Il était encore bien ignorant et il le savait. Être conscient de son ignorance était frustrant... S'il n'avait pas parlé avec tout ces voyageurs, il ne s'en serait jamais rendit compte et jamais il n'aurait eu une telle soif de découverte. Il savait que bien plus de choses aussi dangereuses et mystérieuses se trouvaient en dehors. "Mais je ne connais aucun exorciste. Que ce soit un gaz, un poison ou une chose réveillée par un éboulement, c'est à nous de tenter quelque chose. Le village caché est bien trop loin et trop de gens seront morts d'ici à ce qu'ils arrivent. Demain matin, je reviendrais devant l'auberge pour savoir quelles informations les autres ont pu récupérer et agir, j'espère pouvoir compter sur vous. Nous devons agir sinon personne ne le fera tant qu'il est temps."

Ces mots étaient surtout dirigés vers Célyse qui était dans un état qu'il n'avait jamais aperçus avant. Il craignait qu'elle ne décide d'abandonner en voyant l'état du village. Quand à Ludrick, il se refusait à abandonner même s'il avait été maudit, que son temps était compté et qu'il ne soit incapable d'exorciser un fantôme ou un esprit. "La prochaine ronde va arriver." Il pointa les deux lumières au loin, qui descendaient petit à petit les rues du village. "Vous devriez rentrer vous reposer avant de vous faire attraper. Il ne faudrait pas que vous finissiez en prison." Ludrick fit quelques pas en direction d'un des bâtiments voisins à l'auberge avant de s'arrêter pour se retourner vers eux. "Merci à vous tous pour avoir été voir Sépharo. Et merci pour les soins, Célyse, je me sens déjà mieux." Il reprit sa marche, même s'il était le fils d'Alistair, Ludrick n'était pas à l'abri des punitions s'il était surpris à l’extérieur lors d'un couvre-feu. Il pouvait déjà imaginer le colère de son père et l'inquiétude de sa mère quand ils verront son visage blessé et l'heure tardive à laquelle il rentrait.