L'ingénieure et le guerrier

Milieu de l'automne - 2 mois après (voir la timeline)

Eluria


Inventaire

(vide)

Cela faisait plusieurs jours qu’Eluria planchait sur l’esquisse d’une vue éclatée d’un de ses projets. Elle avait toujours en tête la possibilité de rendre aux personnes amputées la motricité qui leur faisait tant défaut, grâce à la technologie antique. Ce fut la raison pour laquelle elle s’était décidée de réaliser un crobard on ne peut plus détaillé de ce qui ferait office de prototype de prothèse de bras mécanique qui, dans le meilleur des cas, s’activerait par la pensée de son possesseur. Elle fut bien consciente que ce prototype ne prendrait pas vie avec les matériaux classiques, son but étant simplement de vérifier d’abord le fonctionnement mécanique du produit fini, notamment au niveau des articulations.



Elle arriva enfin à terminer le dessin qui lui apporta satisfaction. L’hylienne s’étira longuement, accompagnant le mouvement d’un soupir de soulagement. Elle rabattit sa longue chevelure de jais en arrière avant de saisir le papier pour mieux l’observer en profitant des rayons du soleil qui dardaient à travers les fenêtres du laboratoire, exposant la danse virevoltante des grains de poussière en suspension. Il lui fallait désormais se procurer de quoi passer à la réalisation. Un gantelet aurait été parfait comme base pour ses travaux, aussi elle décida faire un saut au centre du village pour voir ce qu’elle pourrait trouver d’intéressant pour son projet, la forge faisant partie de la liste des échoppes principales à visiter. Bien qu’elle n’eût pas de monnaie sur elle, elle comptait sur ce qu’elle avait reçu du dernier passage de la caravane reliant le village à Cocorico pour faire du troc. Elle s’empara donc de quelques flacons d’épices et deux étoffes en lin aux motifs caractéristiques du village Cocorico qu’elle plaça dans son sac puis annonça à ses parents adoptifs son départ pour le centre du village.



Pour un début d’après-midi d’automne, l’air était encore agréable. Eluria prit une profonde inspiration d’air frais avant de se mettre en chemin. Après quelques minutes de marche, la voici au cœur du village. Elle observa chaque étale de la place du marché en quête d’objets qu’elle estimerait utiles pour son projet. Nourriture, vêtements et babioles en tout genre, voilà ce que la majeure partie des commerçants avaient à proposer. Elle essaya par la suite de se renseigner auprès des vendeurs itinérants, espérant que l’un d’eux en connusse un possédant de quoi rayer sa liste : minerais, quincaillerie ou autres outils.



L’apprentie ingénieure commençait à laisser transparaitre une certaine déception, ses recherches n’ayant mené à rien de concret pour le moment. Un des commerçants l’interpella pour lui proposer des éclats en échange des deux étoffes, dont les motifs lui avaient tapé dans l’œil. Elle accepta et se délesta donc des fameux tissus. Avec cet argent nouvellement acquis, Eluria se dit qu’elle pourrait en récolter plus en se rendant chez l’Epicèle, où elle échangerait ses flacons d’épices contre d’autres éclats. Le détour s’avéra fructueux. Avec un sac désormais vide, mais de la monnaie en poche, elle songea à la manière de dépenser cette somme. Si celle-ci ne suffisait pas à acquérir un gantelet, peut-être que cela lui permettrait de mettre la main sur de la ferraille dont la qualité serait jugée insuffisante pour être façonnée et vendue. L’hylienne y vit alors un double gain : ça débarrasserait le forgeron de cette matière première inexploitable et qui prend de la place dans son atelier, place dont le laboratoire dispose pour lui donner une autre utilité, et en plus il pourrait en tirer profit. Elle esquissa un sourire de satisfaction avant de reprendre sa route en direction du forgeron.


Ludrick

Mascotte incontournable

Inventaire

Régulièrement, Ludrick était envoyé par son père, Alistair, pour porter les armes de leur famille auprès du forgeron qui s'occupait de rénover celles qui en avait besoin après une longue utilisation. Ainsi, le jeune homme portait, dans ses bras, deux épées et une lance dans ses bras. La hampe de la lance était abimé, le bois dont il était fait commençant à craquer. Les épées possédant des crevasses dans le fil de leur lame à force de trancher la peau solide des Bokoblins pouvant menacer le village. Alistair répétait souvent à Ludrick qu'un guerrier sans préparations n'était rien d'autre qu'un cadavre ambulant. Il n'était que question de temps avant que sa négligence ne provoque sa propre chute. Par conséquent, l'homme veillait à apprendre à son cher fils à être un guerrier prudent mais prêt à chaque instant. Et Ludrick, voyant son père comme modèle, était attentif à ses enseignements.


Le jeune homme traversa le village comme à son habitude, saluant chaque passant d'un mouvement de la main. Il s'arrêta à plusieurs endroits, le villageois désirant prendre des nouvelles de sa famille. Sa famille bien qu'humble, était l'une des plus connues et respectées de la Cité-marchande. Les connaissance de son père avait à plusieurs reprises bien servies au Bourgmestre ce qui lui avait porté une certaine renommée dans le village bien qu'il n'était officiellement qu'un simple chasseur. Tout ses arrêts valurent à Ludrick de faire le trajet jusqu'au forgeron en une bonne heure alors qu'il aurait pu le rejoindre bien plus vite en ignorant chaque villageois.


Ludrick poussa la porte en bois de la boutique du forgeron de tout son corps pour l'ouvrir et s'engouffra, les bras chargés, dans l'ouverture crée. L'homme, plus âgé, leva les yeux vers le nouvel arrivant, le jaugeant du regard, et ne remarquant qu'il ne s'agissait que du fils du vieux guerrier, rebaissa le regard sur son enclume, son lourd marteau s'abattant sur le métal en fusion que le vieil homme battait. Ses lèvres séchées par la chaleur de la forge s'ouvrirent alors avant même que le jeune guerrier ne put dire un seul mot. Une voix rauque et sèche, il avait de plus une façon bourrue de s'adresser aux autres mais chaque habitant d'Elimith y était habitué, n'y prêtant plus attention. Malgré tout, l'aventurier respectait l'artisan. Il possédait un talent indéniable pour la forge et son travail était des plus profitables autant pour lui que le village en général.

"T'es là pour que j'm'occupe de tes armes hein ? Pose-les sur la table. Je m'en occuperai quand j'rais l'temps, gamin."
Le guerrier sourit tout de même au forgeron avant de lui répondre. "Bonjour. J'apporte l'argent en même temps."

Ludrick s’exécuta, approchant d'une grande table en bois où y étaient posés plusieurs armes. Il y déposa les deux épées et posa la lance à côté de celle-ci, adossé contre le mur. Ensuite, il ouvrit sa grosse sacoche pour en sortir une bourse et la déposer sur le bois de la table, un bruit très distinctifs ne manqua pas de se faire ouïr dans la bâtisse.Tandis que le jeune homme s'attelait à sa tâche, l’œil du vieil homme ne put s'empêcher d'aller admirer la dague à sa ceinture. Une dague qu'il respectait de par sa qualité digne d'un des plus grands artisans. Une dague dont il n'avait jamais pu égaler la qualité malgré le nombre de fois incalculable où il avait tenté après l'avoir étudié attentivement. Une expérience qui n'avait pas manqué de heurter sa fierté d'artisan.


Eluria


Inventaire

(vide)

La vision de la volute épaisse de fumée qui émanait de la cheminée de la forge indiqua à l’apprentie ingénieure qu’elle était enfin arrivée à destination, et aussi que le forgeron y était présent et sûrement entrain de travailler sur une nouvelle commande. L’hylienne s’approcha de la porte et hésita un instant avant de l’ouvrir. Elle fut soudainement surprise par la chaleur du foyer qui dégageait une lueur similaire à celle d’un lever de soleil dans la pénombre ambiante de l’atelier. L’ambiance était rythmée par le tintement aigu et régulier produit par le choc du marteau contre le fer chauffé à blanc.



Si l’artisan qui officiait en ce lieu n’avait pas remarqué son arrivée, ce ne fut pas le cas du jeune homme qui avait aussi décidé de lui rendre visite ce jour-là, probablement un client venu voir où en était sa commande, ou lui en proposer une. Eluria l’observa un bref instant. Elle ne se souvint pas l’avoir croisé au village auparavant, peut-être du fait qu’elle ne s’y rendait pas aussi souvent que ces derniers temps. Son regard aux reflets turquoise attira le sien, bien qu’elle le détournât rapidement pour se recentrer sur le forgeron.



« Excusez-moi ! »



Elle eut droit un grognement comme seule réponse. Visiblement agacé par tant de dérangement, l’artisan finit par marquer une pause, se retourna et toisa Eluria. Il parvint à reconnaître celle qui, il y a quelques jours encore, l’observait de loin pour prendre des notes.



«Toi… Tu viens de là-haut, c’est ça ? Tu fais partie de cette bande de fous qui se livrent à des expériences bizarres, hein ? »



Si Eluria devait lui reconnaître une qualité, c’était bel et bien sa franchise. Le forgeron n’avait pas l’air d’être du genre à tourner autour du pot pour dire ce qu’il avait à dire. Aussi brute de décoffrage qu’il pouvait paraitre, elle n’en resta pas déstabilisée pour autant. Elle était déterminée à mener son projet jusqu’au bout. Elle se racla la gorge avant de lui répondre :



« C'est une façon de voir la chose... En tout cas, pour l’une de ces ‘expériences bizarres’, comme vous dites, j’aurais besoin de quelque chose que vous seul seriez en mesure de me fournir. »



À la fois surpris et intéressé d’entendre sa réplique, le forgeron haussa un sourcil en croisant les bras, avant de rétorquer :



« Allons bon ! Et qu’est-ce qui ferait plaisir à la ‘tite dame ? »



« Dans le meilleur des cas, un gantelet. Dans le pire, de quoi me permettre d’en constituer un, même avec des matériaux de piètre qualité. Le contenu de cette bourse dira si je pourrai avoir accès à la première ou à la deuxième option. »



Eluria sortit la fameuse bourse de sa sacoche, bourse qu’elle déposa par la suite sur une grande table en bois où reposaient déjà des armes qui attendaient réparations. Bien qu’elle n’eût aucune idée des prix pratiqués par l’artisan, elle sentit qu’elle pouvait faire une croix sur cette première option. Le forgeron échangea un regard intrigué avec le jeune homme, avant de porter son attention sur la bourse. L’apprentie ingénieure en échangea un également avec lui, empli d’appréhension, pendant que le maître des lieux vérifia le contenu de cette dernière.


Ludrick

Mascotte incontournable

Inventaire

Ludrick venait à peine de poser la lance contre le mur qu'une tierce personne entra dans la bâtisse ouverte du forgeron. Alors que le forgeron sembla agacer, le jeune homme était lui, curieux, de voir qui venait d'arriver. Il espérait secrètement que ce n'était pas un métayer qui avait simplement besoin de réparer l'un de ses outils pour travailler la terre. Au contraire, ce fut une jeune femme qu'il connaissait de loin. Elle avait déjà une certaine réputation dans le village. Étant la fille de la "sorcière", il était évident qu'elle aurait bien du mal à y échapper. Il était certain que le forgeron n'y prêtait que peu d'attention tant que l'argent suivait... Sans ça, il aurait sûrement été plus hostile à sa présence.

Le père de Ludrick, Alistair, l'avait évidemment déconseillé d'adresser la parole aux personnes ayant eu l'audace de toucher aux technologies anciennes. Personne ne savait réellement ce qu'il faisait dans ce laboratoire surplombant le village et à vrai dire, personne ne voulait le savoir. Même le Bourgmestre n'osait aller déranger la famille de sorcier. Tout ce qui s'approchait d'eux dépassait les limites de ce qu'un homme pouvait imaginer. Les rumeurs entourant cette bâtisse ne firent alors que s'empirer parmi les habitants de la Cité-Commerce. Le jeune guerrier était évidemment au courant de celles-ci et bien qu'il avait peur de ce qu'ils étaient capables de faire, il était aussi curieux. Comment étaient-ils réellement ? Est-ce qu'ils étaient réellement si dangereux ? Quel était l’objet de leurs recherches ? Il voulait savoir et voilà qu'une occasion d'en apprendre plus sur eux se fit apparaitre. Son père n'était point là pour l'empêcher de nourrir sa curiosité.

Rassemblant son courage, il ravala l'anxiété pesant dans sa gorge et s'approcha de la jeune femme, un sourire aux lèvres. Peut-être allait-t'il le regretter mais en ce moment, il n'hésita pas plus longtemps, lui adressant la parole.

"Bonjour ! Tu habites dans l'étrange bâtisse en haut de la montagne, c'est ça ? Je suis Ludrick, fils d'Alistair. J'ai tout entendu et ça a attiré ma curiosité. Pourquoi un gantelet ?"

Il pouvait sentir le regard du forgeron dans son dos lui peser sur les épaules. Il pouvait facilement deviner ce qu'il signifiait "Fais attention à ce que tu fais, gamin." mais malgré tout, il était hors de question qu'il recule. Il laissait sa curiosité s'assouvir.


Eluria


Inventaire

(vide)

Alors que l’artisan semblait se livrer à une lutte intérieure pour savoir s’il devait mettre cette improbable cliente à la porte par crainte d’être mêlé de près ou de loin à l’activité mystérieuse des « sorciers du laboratoire », qui pourrait nuire à sa réputation et à son business, ou accéder à sa requête car les affaires restent les affaires, le jeune homme en profita pour s’adresser à la jeune hylienne dans l’espoir d’assouvir sa curiosité. Il l’aborda avec le sourire.


« Bonjour ! Tu habites dans l’étrange bâtisse en haut de la montagne, c’est ça ? Je suis Ludrick, fils d’Alistair. J’ai tout entendu et ça a attiré ma curiosité. Pourquoi un gantelet ? »


Eluria ne manqua pas de remarquer le regard que porta le forgeron à l’encontre de Ludrick. Elle comprit la méfiance des villageois à son égard. La technologie antique restait, pour eux, source de destruction d’une ampleur telle qu’elle avait bien failli mettre fin à toute forme de civilisation sur cette terre qui n’était plus que l’ombre d’elle-même. Savoir que le village abrite en son sein des gens dont l’unique but est de percer les secrets de cette invention diabolique, peu importe leurs motivations, était très mal perçu. Certains se demandaient même sûrement pourquoi ils n’avaient pas encore été tout bonnement expulsés du village, sans aucune forme de procès. Cette pensée lui noua la gorge, mais il lui fallait répondre aux interrogations du jeune homme. Ce qu’elle tenta de faire, non sans une certaine fébrilité dans la voix.


« Je suis Eluria et en effet je vis dans cette bâtisse. Quant à la raison qui me pousse à l’achat d’un gantelet, je souhaite créer un bras artificiel capable de répondre à la volonté de celui qui en aurait perdu un. Il pourrait me servir de base pour fabriquer un prototype… »


Alors qu’elle attendait un retour de la part de Ludrick, ce fut le forgeron qui fit part du sien en premier :


« Vous êtes vraiment aussi fous que ce qui se dit, dans ce labo, finalement. Tu ferais mieux de commencer par te créer une tête artificielle dans ce cas, car tu m’as l’air d’avoir perdu la tienne. C’est dommage pour quelqu’un d’aussi jeune que toi ! »


Eluria sut bien avant d’entrer dans sa forge qu’il finirait par faire une remarque de ce genre. Mais elle n’était pas là pour connaître son avis sur ses pratiques. Elle commença à perdre patience.


« Je ne comptais pas m’éterniser par crainte que ma présence finisse par déranger, alors que comptez-vous faire de ma proposition ? »


Ce fut au tour de l’artisan de perdre patience :


« Ta proposition, je me la taille en biseau ! J’ai du boulot et je n’ai pas de temps à perdre avec une sorcière dans ton genre. Alors à moi de t’en faire une de proposition : tu vas ramasser ta bourse et dégager l’terrain ! Par contre je ne te laisse pas le choix et c’est à effet immédiat ! »


Bien qu’Eluria avait envisagé la possibilité que le forgeron refuse de lui apporter son aide, elle ne s’était pas attendue à ce qu’il le fasse de manière aussi agressive. Elle s’empressa donc de récupérer son argent avant de sortir. Elle avait quand même du mal à comprendre sa réaction. Avoir une aversion envers la technologie archéonique à cause de tous les problèmes que cela avait engendré, elle pouvait l’accepter. Mais se faire traiter de la sorte juste parce qu’elle l’étudie, là c’était exagéré.


L’hylienne se retrouva donc dehors et prit une profonde inspiration. Il était temps qu’elle se libère de la chaleur de la forge qui devenait aussi étouffante que l’hostilité de son propriétaire envers elle.