Posté le 12/04/2020 16:27
Deux jours après la rencontre avec Samir et Célyse, Ludrick avait rempli la part de son marché et conduit le duo à sa ville natale. C'est pas qu'il en était ravi mais il avait passé un marché avec l'hylienne et ce serait déshonorant pour lui de ne pas le respecter. Grâce à la présence du jeune homme, l'entrée en ville se fit facilement pour eux. Il était connu dans le village et surtout, les gardes étaient ravis de revoir le jeune homme pointer le bout de son nez par ici après une semaine. Il avait même prit le temps d'échanger quelques mots avec eux avant de pénétré dans la ville. Avant qu'il ne puisse retenir les gardes, l'un d'eux partit crier la nouvelle de son retour sur la place du village. Depuis la porte, on pouvait entendre l'homme crier à pleins poumons.
"Ludrick est de retour ! Il est sain et sauf ! Ludrick est revenu !"
Une goutte de sueur perla sur le front du jeune homme alors qu'il savait déjà qu'il ne tarderait pas à voir son père débarquer sur la place du village pour s'assurer de ses propres yeux la nouvelle qui se répandait telle une trainée de poudre. Il se tourna vers ses deux compagnons, un large sourire crispé aux lèvres pour dissimuler la peur commençant à former une boule dans son ventre et lui causant de légères crampes. Tout son corps se crispait en se rappelant les coups de son père. Il devait vite éloigner ceux-ci avant qu'il ne le voie prendre une monumentale raclée suivi d'un sermon. Surtout qu'il revenait sans son épée, un déshonneur pour un guerrier, même si Ludrick ne s'en préoccupait pas plus que ça, son père était tout son contraire. Sa voix tremblait légèrement alors qu'il les amenait dans l'intérieur du village.
"Bienvenue à Elimith, votre destination !" Il laissa un léger rire s'échapper de ses lèvres, il avait l'impression d'être un guide. "Pour vous héberger, vous pourrez vous arranger avec l'aubergiste pour rester là-bas. Tes talents en médecine seront une aubaine pour eux et tu pourra en tirer profit avec les habitants, Célyse."
Il prit une pause dans ses paroles avant de reprendre d'un ton plus sincère et presque solennel.
"Merci pour ces deux jours de voyages, je vous en suis reconnaissant à tous les deux. c'était agréable de voyager ensemble." Il donna un coup amical de son poing dans l'épaule du grand gaillard Gerudo avant de saluer d'un simple geste de la main la demoiselle. "Je viendrais vous rendre visite quand j'aurais le temps. Célyse me doit une épée !"
Sur ces paroles, il les abandonna en les laissant devant l'auberge du coin. Ses pieds foulant le sol avec vitesse pour rejoindre sa propre maison, celle où il avait vécu ses vingts-trois dernières années. Il se figea sur le chemin, faisant face à un homme de grande taille, le regard dur diriger vers le jeune homme. Il glissa une main à sa nuque, la frottant doucement. Il savait ce qui l'attendait et tous les muscles de son corps commençait à se tendre. Il éclaircit sa gorge avant de prendre la parole le premier.
"Bonjour... Père."
Son père le jaugea du regard et observa son fourreau vide. Ses sourcils se froncèrent à cette vue et cela suffit à Ludrick pour comprendre ce qu'il ressentait en cet instant : De la déception. Un silence pesant dura seulement quelques instants mais sembla durer une éternité pour le guerrier. Cette tension mua la boule dans son ventre en une nausée désagréable.
"Ludrick... Tu as fuis la maison et tu oses revenir désarmé après une semaine de vagabondage ?" Un soupir de déception s'échappa des lèvres du père du jeune homme alors qu'il se rapprocha de celui-ci. "Comment expliques-tu ça ? Te sens-tu encore méritant de cette dague à ta hanche ?" Il pointa l'héritage familiale pendant à sa hanche. "Non seulement, tu as perdu ton arme, qui est déshonneur pour un guerrier, mais en plus, tu n'as pas tenu tes convictions et tu es revenu sans avoir vu tout le pays. Représentent-elles si peu pour toi ?"
Ludrick sursauta alors qu'il releva la tête vers son père. Alors l'homme ne lui en voulait pas d'être parti mais plutôt d'être revenu sans avoir été au bout de ses convictions. Il était énormément surpris et son expression le trahissait alors qu'un léger sourir se forma sur le coin droit des lèvres de l'homme surpassant le brun en taille. Il était ravi de revoir son fils en bonne santé. Avant même qu'il ne puisse dire quelque chose, il reprit, d'un ton plus doux et chaleureux.
"Ta mère s'est fait un sang d'encre pour toi." Il tourna les talons, commençant à marcher vers la maison où ils habitaient, son fils le suivant en silence. Après un moment silencieux, il reprit. "Tu comptes repartir, n'est-ce pas ? Tu as trois semaines. Si au bout de celles-ci , tu n'es pas capable de me désarmer, au minimum... Tu devras rester au village et me rendre l'héritage familiale, tu n'en seras plus digne. prouve-moi que tu es suffisamment débrouillard pour voyager en portant fièrement cette lame, Ludrick."
La nausée du guerrier finit par disparaitre alors qu'il se sentait soulagé. Son père l'avait effectivement grondé et remit à sa place mais au moins, il semblait prêt à laisser une chance au jeune homme de prouver qu'il n'était plus un enfant dépendant de ses parents. Il sourit doucement en suivant l'homme. Il avait trois semaines pour ceci et il sentit une détermination nouvelle parcourir son être.
Quasiment deux semaines plus tard, l'homme avait enfin prit le temps de se reposer. Il avait passé toutes ses journées à s'entraîner avec son père, près de sa maison, jusqu'à ce que ses muscles crient pitié et qu'il ne puisse plus se lever. Il était temps de repousser ses limites comme il l'avait rarement fait. Il était faible et il en était conscient, il ne valait que peu en tant que guerrier, il s'en était persuadé. Il se trouvait misérable d'être revenu désarmé après seulement une semaine. Il le cachait mais sa fierté en avait prit un coup. Si il avait accepté aussi facilement les conditions de son père, c'était aussi pour se prouver qu'il valait mieux que ce qu'il en pensait et surtout, si il n'y arrivait pas, c'est qu'il n'était pas fait parcourir les terres d'Hyrule.
À force d'entrainement, il avait quelques accroches et décousures sur ses vêtements, rien de bien compliqué pour le couturier du village qui pourrait facilement s'en occuper contre un service ou deux. Il se disait qu'après ça, il irait sûrement faire un tour en ville pour écouter les rumeurs du moment et surtout, il se demandait si Uzoamaka, la Gerudo qu'il avait rencontré avant son départ était encore là ou si elle était partie, même savoir si elle avait continué à s'en sortir dans la Cité-Commerce était suffisant pour lui.
En entrant dans l'atelier du couturier, sa surprise fut grande d'apercevoir un grand homme bronzé penché sur des vêtements qu'il semblait rafistoler ou confectionner. C'était un véritable travail d'artisan expérimenté. Aucun doute, il le reconnut immédiatement, c'était Samir, le compagnon de voyage de l'hylienne. Ils étaient donc encore dans le village, il en était ravi, il avait pas encore eu le temps de les revoir depuis leur arrivée. Il approcha du Gerudo, lui adressant la parole sans hésiter.
"Samir ! Tu es couturier, maintenant ?"