Ascension Goron — Chemin de la montagne

À nue, la roche calcinée dessine les rudes arêtes de ce ce paysage désolé. L'air, chargé de cendres et de poussière, brûle jusqu'aux plus dense des bois. C'est bien pour cela que sur la montagne rien ne pousse. Les feux rougeoyants de la création du monde y brûlent encore. Capable de dévorer les pierres et de fondre les métaux, ils rendent toute la chaîne d'Ordinn impraticable, pour quiconque n'est pas né Goron. Le Mont du Péril, c'est ainsi que le nommaient les Anciens, ne saurait se laisser conquérir par d'autres, moins forts et moins résistants.

Certaines vieilles légendes font du Volcan l'âtre des dieux. C'est ici, dit-on, qu'ils ont façonné le monde avant de forger la vie. D'aucuns prétendent même que le magma qui torréfie les sols ne serait autre que le sang de ces êtres supérieurs. Sans sa chaleur, dès lors, l'univers serait terne et froid — mort. D'autres vouent un culte à la Montagne elle-même, qu'ils appellent Mère-de-Tout. Ils ont érigé, tout le long du sentier, de petites stèles et de petits autels où y laisser les cadeaux qu'ils estiment nécessaire à sa satisfaction.

Pour les Gorons eux-mêmes, le chemin de la Montagne est difficile. Dangereux et sans-merci. S'ils ne craignent les mares de flammes qui ne suffisent pas à embraser leur peau, ils redoutent tout de même la colère du Volcan et ses terribles fumées. En amont d'une éruption, les Gens-de-Pierre se réfugient donc dans leurs galeries, repoussant au lendemain tout ce qui peut légitimement attendre. Pour leurs frères coincés sur la route, ils ont creusé des refuges à même les parois d'Ordinn. Dans l'ombre des Terres-de-Feu, ils se cachent, attendant la fin de la tempête.

Ils ne sont pas les seuls à chercher asile quand s'agace la Mère-de-Tout. Des Tektites aux puissants Dodongos, en passant par les vers de laves, tous fuient devant son courroux. A l'exception peut-être, des rares Golems qui ne cessent de dormir.

Certains alliages, cependant, semblent résister à la fureur du Mont puisque quelques Gardiens Sheikah parcourent sans relâche la voie tracées par les Gorons. Certes, ils restent concentrés au pied de la Montagne, mais les travaux des gens-de-pierre illustrent bien que selon le type de fer, il est possible d'emmener avec soi des objets forgés sur le flanc du Volcan. Sous réserve, bien sûr, de ne pas s'inquiéter des irrémédiables effets que causerait une brûlure sur sa paume...

Nul ne saurait dire pourquoi les Cerbères Antiques refusent d'avancer davantage : les larmes bleu qu'ils pleurent au quotidien semblent au moins aussi chaudes que celles qui tracent des rigoles le long des Dents-de-Pierre. Peut-être la route forée par les Gorons est trop étroite pour qu'ils prennent le risque de l'emprunter. Il est vrai qu'elle est tantôt bordée par le vide, tantôt par le feu de la terre. Pensée par les Frères-du-Mont pour faciliter l'ascension, elle n'est guère adaptée à des créatures d'une telle carrure.

Peut-être jadis – avant que le Royaume ne chute et que les Gorons ne s'enferment dans les Montagnes, aussi austères que bouffis d'orgueils – le chemin était-il emprunté par d'autres. De vieilles cuirasses taillées dans la pierre habillent encore les dépouilles d'aventuriers Hyliens, morts il y a de cela des siècles. Quelques-uns, qui résident aujourd'hui dans les profondeurs d'Ordinn spéculent aussi sur la puissance de certains onguents et autres remèdes, susceptibles d'offrir à l'humain les armes nécessaires pour braver ce climat hostile. Ils prétendent qu'avec suffisamment de préparation, l'Ascension serait alors accessible aux plus frêles des baroudeurs et aux plus fragiles des vagabondes. Encore faut-il, cependant, s'armer de patience et savoir grimper...


Rencontres possibles

Rappel: les monstres indiqués comme rares dans le bestiaire ne sont disponibles que via un lancer de dés ou l'intervention du narrateur.