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Bois Perdus

Ceinturée par une épaisse mer de brume, la Grande Forêt d'Hyrule borde les Terres calcinées à l'est et longe de son flanc sud l'antique Tenure royale. Le brouillard qui l'embourbe s'étend jusqu'aux berges du Lac Dumorian, véritables douves que l'on prétend creusées de la main des dieux autour des bois.

De tout temps objet de fantasmes et de mythes, le Lacis des Méandres suscite la crainte plus que la fascination. L'insondable nébuleuse, qui se dresse comme un voile opaque entre la futaie et le reste du monde, semble sans cesse gagner un peu plus de terrain, rongeant lentement mais sûrement les terres jadis cultivé par l'homme.

Celles et ceux qui ont vécu à l'orée des Bois Perdus les décrivent tous d'une même façon : ils évoquent une forêt maudite, habitée par les Esprits et animée d'une volonté propre. Tous parlent de proches, que la purée de pois et les quelques branches décharnées qui en émergent auraient dévorés. Les plus torturés, qui disent avoir fui la faim de la Forêt, tremblent et éclatent en sanglot quand ils racontent ce qui leur est arrivé.

Parmi celles et ceux qui pensent en connaître la nature, rares sont les vagabonds qui osent s'aventurer aux abords du Lacis — ou même s'abreuver dans le loch qui le ceint. Si nul ne sait avec certitude ce que cache la chape d'écorce et de branches, ils demeurent nombreux à distinguer d'effrayants visages, entre les arbres. Les étrangers et les pragmatiques, sans doute, ricaneraient devant tant de superstition. Ils n'ont pas en mémoire l'histoire de Shae musu Impa.

Le récit de son déclin nourrit aujourd'hui la Forêt. D'aucuns rapportent d'ailleurs qu'au cœur du Bosquet, là où ne passe plus la lumière du soleil, demeurent les ruines de son village. La pauvre femme, une Sheikah qui travaillait le fer pour le Clan et dont on dit qu'elle était plus douée de ses mains que nulle autre, a payé de sa vie l'affront qu'elle a fait aux Bois.

D'autres légendes, plus anciennes, décrivent le sort réservé aux pauvres hères égarés sur les sentiers sinueux du Maquis. Ces âmes perdues, appelées « Enfants de la Forêt », seraient condamnées à vagabonder sans discontinuer, jusqu'à tomber d'épuisement. Les plus tourmentés hanteraient encore les bois, le visage caché derrière un masque de démon. On prétend aussi que les adultes reviennent, le corps rongé jusqu'à l'os, pour garder la sylve qu'ils foulent du talon. Pourtant, de cela les survivants refusent de parler. Frappés de folie, ils préfèrent parfois se couper la langue plutôt que de se remémorer les horreurs qui veillent la Forêt.

Les hommes et les femmes de jadis vouaient sans doute un culte à l'Esprit des Bois : à l'ouest des ruines de l'ancien champ de manœuvre royal, les cendres d'un village ravagé par le temps tapissent encore les hauteurs de Rauru. D'étranges stèles de pierre gravée dépeignent les hommages offerts à de petits génies de sève, camouflés par les cimes.

Aussi étrange que cela puisse paraître, la malédiction qui pèse sur la Forêt ne semble pas affecter les animaux. Sangliers, biches, loups et corbeaux semblent parcourir les bois à leur guise. Les chiens et les chevaux des rares aventuriers approchant la frontière de brume de trop près ne montrent pas non plus le moindre signe d'effroi.

Plus au nord, loin des tourbières de l'ancien camp militaire et de l'imposante tour qui s'y est dressée, les Bois prennent une tournure plus sauvage encore. Le vent malsain qui souffle entre les arbres étouffe le feu des torches, gèle les cœurs et les âmes. En ce domaine malheureux nulle lumière ne peut entrer...