Ecaraille

Village de pêcheur enfoui entre le mont Frissette et la péninsule de Crésia, Ecaraille est peut-être l'une des plus massives colonies du nouveau-monde. Le patelin s'étale sur pan de la côte et remonte jusqu'aux Gorges en aval de la Vallée du Poisson, où les Anciens érigèrent jadis l'un de ces sanctuaires qui perlent çà et là sur l'antique Hyrule. C'est d'ailleurs là que les principaux efforts de protection ont été faits : ici se dressent d'imposants murs de bois, flanqués de tours de guets et de piquets — dont certains semblent faits de fer rouillé il y a déjà des siècles.

Ce sont bien-là les seuls murs que les locaux se soient échinés à monter, et pour cause ! C'est avant tout l'océan qui protège la communauté des maux qui, partout ailleurs déciment les populations. Car jusqu’à présent, nul n’a vu jaillir des eaux une de ces araignées mécaniques, aux bras capable d’éventrer un homme. Moins encore un essaim. Cela ne signifie pas que la mer ne peut être source de danger et les gens d’Ecaraille le savent mieux que quiconque : ils craignent les tempêtes violentes qui renversent leurs radeaux et leurs pirogues, ils ont aussi peur des Lézards qui, parfois, attaquent les rivages. Sans oublier, bien sûr, les raids menés par d’autres tribus de l’Archipel, ce dont tous les marins semblent coupable aujourd’hui. Mais tout cela, les îliens et les côtiers savent le gérer.

Pourtant, quand Koy’kī-Klerë émerge des profondeurs du monde, une panique de feu embrase le village. Les plus âgés allument les torches et calfeutrent les enfants dans les épaisses masures de cocotiers qui habillent le paysage. Les adultes s’arment et font mur, face aux eaux, chétifs et tremblants. Rien de moins terrorisant que l’avarice et la faim de l’esprit antique aux sept-pattes. Et pour cause ! En plus de voler les richesses et de dévorer les jeunes générations, le crabe est prétendument capable d’imiter n’importe quelle voix, d’emprunter n’importe quelle apparence...

Les bicoques dans lesquelles ils sont cachés sont taillées dans le bois des imposants palmiers qui poussent tant sur la plage que dans la proche forêt de Firone. Aux yeux du non initié, elles pourraient presque ressembler aux galions de cet autre monde. Il est vrai qu’elles ont un air résolument nautique, à l’instar de toute la culture de l’atoll. Les nombreux motifs qu’arborent les murs des bâtiments ressemblent à des vagues et le poisson a droit à une place de choix dans l’iconographie locale, comme la tortue. Ces deux animaux sont réputés être les protecteurs et nourriciers du Clan.

Contrairement à d’autres tribus, Ecaraille n’a pas de chef, ni même de représentant. Aucune autorité ne préside au dessus du groupe qui gère donc collectivement son organisation et mutualise ses ressources. Une organisation qui se ressent dans l’architecture même des lieux : il n’existe ni quartiers ni ghetto et les masures sont aussi larges qu’elles ont besoin de l'être pour répondre aux nécessités d’une famille.


Rencontres possibles

Rappel: les monstres indiqués comme rares dans le bestiaire ne sont disponibles que via un lancer de dés ou l'intervention du narrateur.