Citadelle d'Hylia — Ruines

La grande Cité d’Hylia, parfois appelée Ilyia ou Castel-Réal à l'époque, constituait jadis le centre du pouvoir économique, culturel, politique et militaire de l’Empire. Cette ville prospère – quoique largement gangrenée par la précarité et la pauvreté – était, semble-t-il, divisée en plusieurs quartiers. Elle accueillait alors une population hétéroclite, bien que majoritairement Hylienne. Les artisans les plus talentueux – ou au moins les plus fortunés – avaient établi leur commerce en son sein et certains des bâtiments qui persistent laissent peu de doute quant à la forte activité cléricale qui a pu y exister, avant le Fléau. Quelques chapelles demeurent encore entre deux bicoques calcinées et certains vieux temples, de l’aveux d’aventuriers trop fous pour leur propre sécurité, tiennent encore debout. Nul ne sait quels mystères ils renferment encore dorénavant.

Aujourd’hui encore, des générations après l’assaut qui la fit tomber en une nuit, la Cité d’Hylia porte les marques des dures fractures sociales qui ont fait son architecture. Les ruines, immenses, qui se dressent s’étendent à perte de vue. Çà et là, d’imposants murs intérieurs – quoiqu’incapables de repousser les Araignées Sheikah – serpentent les restes des rues pavés. Hauts et fiers, pour ceux qui n’ont pas été ravagés par le Cataclysme ou érodés par les âges, ils ceinturent ce qu’il reste de la ville. Et en masquent, parfois, les dangers.

Quelques-unes des vieilles demeures de pierre qui accueillaient autrefois les plus riches des marchands Hyliens ont parfois résisté. Dans certaines des maisonnées et des échoppes qui longeaient le fleuve, on pourrait presque croire que le temps s'est stoppé au moment précis de l'attaque. Les possessions des riches maîtres et maîtresses des lieux n'ont pas bougé, comme s'ils devaient bientôt revenir d'un long voyage. Certes, la scène a quelque chose de très macabre : à travers le trou béant d'un mur, l'on pourrait apercevoir les dépouilles rongées d'un couple surpris en plein sommeil. Dans la pièce à vivre, les plats ont pourris — et pourtant la table reste dressée. La mort est tombée trop vite sur eux pour qu'ils puissent seulement fuir.

Moins près du fleuve qui scindait en deux le Bourg, des habitations moins opulentes habillaient autrefois les cendres. Peut-être, là aussi, trouverait-on les dépouilles d'enfants fauchés en plein rêve, morts de n'avoir su disparaître. Comment le savoir ? N'arpentent plus les allées que les Gardiens d'aciers, veillant de leur œil unique la charogne d'une Cité tombeau. Véritable cimetière à ciel ouvert, le royal emblème de l'antique Hyrule n'est même plus l'ombre de ce qu'il put être, en de temps anciens.

De vieilles cartes de la ville fortuitement retrouvées font mention de nombreux faubourgs, districts et autres ghettos. Ces documents, parfois gravés dans la cire, d'autres fois posés sur le parchemin, sont parfois contradictoires. Il apparaît cependant que par delà la rive Nord-Est de l'Hylia résidaient les citoyens les plus aisés. Tout le long du fleuve, un large marché réunissait des milliers d'individus au quotidien. La métropole était traversée par trois larges artères qui, de vue d'oiseau, constituaient le triangle symbolique de la dynastie Nohansen.

A l'Ouest, des deux côtés du cours d'eau, exerçaient apparemment les artisans. Ceux-ci se regroupaient vraisemblablement par professions, comme en témoigne le « quartier des Tanneurs », présent sur chacun des atlas de la Ville-Close, sur le versant sud de la rivière. Au plus près des remparts et parfois même en dehors, dans les taudis près des champs qui bordaient les murailles, vivaient sans doute les reclus, dans de frêles coteries de bois, à même un sol de terre. Non loin de la Porte des Fées, au Sud-Est, s'est par exemple tenu un temps le Gîte des Bienheureux, un arrondissement exclusivement réservé aux femmes de peu de foi et aux miséreux.

Au total, au moins huit arches flanquées de herses, de créneaux, d'archères, d'assommoirs et de mâchicoulis permettaient de gagner la Cité d'Hylia, sans oublier les deux poternes qui donnaient sur l'affluent et étaient ouvertes en journée pour laisser entrer les vaisseaux marchands. Trois, seulement, ont survécu au Fléau Ganon.