Je n’avais pas compté les jours depuis mon départ du désert, mais j’avais en tête le temps s’étant écoulé depuis que Berhane, la dernière Soeur qui était restée avec moi, avait décidé de prendre une autre voie. Je ne lui avais bien sûr pas dit, mais j’étais très fière d’elle ; nous étions peut-être exilées, mais au moins, nous étions libres. Et si mes Compagnes de voyage avaient choisi cette route pour leur futur, je ne pouvais être que ravie pour elle.
J’admettais cependant que d’entreprendre de longs trajets seule pouvait être perturbant. Je me surprenais parfois à me parler toute seule, et même à m’insulter quand je le remarquais. C’était complètement ridicule… Mais c’était une habitude que j’avais pris. Faire remarquer les choses différentes de la nature tout autour de nous, décider d’une direction à prendre ou d’un endroit sûr où nous arrêter pour une pause bien méritée… C’était très étrange de pouvoir faire mes propres choix, et d’être par moi-même en plus de cela. Peut-être que les changements étaient nombreux d’un coup. Bah ! Je m’y ferais, cela était certain. Je n’avais pas peur.
Je marchais depuis des heures, trop perdue dans mes pensées pour songer à m’arrêter, sans pour autant baisser ma garde dans cet environnement hostile, et peut-être trop déterminée et impatiente de découvrir la suite de mon histoire, quand une forme différente attira mon regard au loin, et je ne pus m’empêcher d’étirer un sourire presque victorieux. A l’horizon, à première vue à bonne distance, je pouvais distinguer des bâtiments, encore trop éloignés pour vraiment en saisir la nature. Cela ne fit que me faire presser un peu plus le pas.
Mon air se fit cependant plus perplexe quand je vis à quelques enjambées de là, une silhouette féminine. Si je m’approchais de ce que j’observais, elle en partait, sans aucun doute. A son tour, elle leva la tête et m’aperçut, s’approchant aussitôt de moi. Que voulait-elle ? Par précaution, je serrais ma lance… Pour la rebaisser aussitôt. Sa question me fit hausser un sourcil, et je plaçais ma main libre sur ma hanche.
« - Allons bon ! Pour qui me prends-tu ? Une guide ? » Elle soupira. « - Soit, fais-moi voir cette carte. »
Je me rapprochais avec précaution pour observer ce qu’elle me tendait, plissant les yeux.
« - Bien… Où sommes-nous exactement ? »
Ce n’était pas que nous marchions à l’aveuglette depuis que nous étions parties, loin de là. Nous avions déterminé notre direction bien à l’avance, et la suivions scrupuleusement après avoir quitté le désert. Mais je m’étais peut-être quelque peu laissé aller depuis que Berhane et les autres étaient parties. J’allais de l’avant sans trop de me poser de questions. Je tournais vers la brune un regard empli de questions. Mais je ne voulais pas paraître idiote devant cette inconnue.