Hyrule's Journey

L'Ours évoque parfois les rouges. Il dit toujours la même chose à leur sujet : ce sont des créatures vicieuses, dont il faut se méfier. Elles sont plus fortes que nous, c'est vrai. Plus endurantes aussi. Le vieil homme prétend que le cuir des Boko est plus épais que celui des Hommes. Il a sans doute raison.

Nous en avons croisé beaucoup ces derniers mois. Quand c'est possible, nous évitons l'affrontement. « Ne te fatigue pas à tuer ce que tu peux contourner », répond-t-il parfois quand je le harcèle de questions. Le plus souvent, il reste silencieux.

A mesures que nous arpentons les plaines, j'ai remarqué que tous les Bokoblins n'avaient pas la peau cramoisie. J'imagine que l'environnement dans lequel ils évoluent joue pour beaucoup dans leur couleur. Sur la montagne, ils tiraient davantage vers le bleu ou le gris. Non pas que cela change grand chose mais c'est un détail dont l'Ancien parle peu. Il dit surtout combien ils sont laids.

Je comprends qu'il puisse avoir peur : leurs petits yeux brillent d'une agressivité vilaine et les décorations qu'affichent certains peuvent les rendre très intimidants. Grognon pense qu'elles sont réservées aux individus les plus influents de la tribu. Ils arborent de larges peintures de guerre, des fourrures animales et des armure taillée dans l'os.

J'ai l'impression qu'ils travaillent parfois le bois. A l'entrée de certains camps où à l'orées de vieilles ruines, nous avons parfois vu de petites statues, sculptées à la main. L'ouvrage m'a semblé grossier, mais ils utilisent souvent des épieux, des arcs et des masses. Pour le Grand-Père, c'est la preuve qu'ils sont intelligents, puisqu'ils fabriquent eux-même leurs outils et communiquent entre eux. Il n'empêche ! Je les trouve quand même assez simplets.

Même s'ils n'utilisent que rarement des armes en fer, ils font des ennemis coriaces. Récemment, nous avons dû faire face à une véritable embuscade. Hjä lui-même n'a pas su repérer les signes. Sans ses bombes, je n'aurais probablement jamais pu écrire ces lignes.

D'une façon générale, les Bokoblins privilégient les assauts groupés. Ils chassent à plusieurs et jouent régulièrement sur le nombre. Si primitifs soient-ils, j'ai le sentiment qu'ils sont aussi capables de mimétisme. Je crois que c'est ainsi que certains d'entre eux ont commencé à manier l'épée. Ils sont rarement très techniques, mais qui a besoin de l'être quand il est assez puissant pour tordre une lame dans un accès de colère ?

Fort heureusement, ces monstres ne s'en prennent pas qu'aux voyageurs : il arrive parfois que deux clans se livrent une guerre sans merci pour le contrôle d'une région. Ce sont des bêtes très territoriales, qui peuvent s'avérer incroyablement brutales avec tout intrus. Un détail que nous avons souvent mis à profit lors de nos voyages...

Quand nous avons été obligés de combattre, l'Ours a toujours préféré une approche sournoise. Il lui est arrivé de profiter de la couverture de la nuit pour nettoyer un bivouac ou de les tirer depuis les hauteurs, comme des lapins. Occasionnellement nous avons dû opter pour une approche plus frontale, mais jamais contre une horde. Et quand ils n'étaient que deux, sa hache a su nous protéger.